Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Cinéma sans frontières

Avec sa société La Fidèle Production basée à Ciboure, Jokin Etcheverria produit des films au Pays basque. Son sixième opus a été récemment tourné des deux côtés de la frontière de ce territoire uni par une culture ancestrale, une société contemporaine et une langue, thèmes récurrents de ces long-métrages made in Euskadi.

© V. Biard - La Vie Economique

Six mois française puis six mois espagnole, l’île des Faisans est le plus petit condominium du monde. Depuis le traité de Bayonne en 1856, la France et l’Espagne exercent une souveraineté conjointe sur cette ile de 210 m de long et de 40 m de large située sur la Bidassoa, fleuve frontière entre les deux pays. L’île des Faisans c’est aussi le titre du prochain long-métrage coproduit par Jokin Etcheverria. Tourné du 15 février au 29 mars, en langue française et en basque, le sujet est la crise migratoire en Europe avec Itziar Ituño, actrice de la série Netflix La Casa de Papel, à l’affiche.

Mythologie et actualité

Rappeler, questionner et comprendre la société basque semblent omniprésents dans les productions de Jokin Etcheverria. La mythologie, les traditions, le patrimoine y sont interpellés par des sujets d’actualités. Sorti en 2021, Les sorcières d’Akelarre raconte le procès en sorcellerie de femmes du Pays basque en 1609, une terreur hélas toujours contemporaine dans certains pays. Vendu sur scénario 700 000 euros à Netflix, ce qui a permis d’aller chercher des financements complémentaires, ce long-métrage a été assez largement diffusé par la société Dulac Distribution et a attiré 70 000 spectateurs. Récompensé de cinq Goyas à Madrid, Les sorcières d’Akelarre a également été sélectionné à Cannes.

Local et international

Natif de Saint-Jean-de-Luz et ayant débuté sa carrière dans l’audiovisuel à Bilbao en 2006, Jokin Etcheverria a fondé La Fidèle Production au quartier Sokoa Urrugne en 2017. C’est l’un des seuls producteurs de cinéma du Pays basque français. Ni militant, ni sectaire, polyglotte et cosmopolite, Jokin Etcheverria s’adresse au million de locuteurs basques dans le monde et à tous les publics. « Être petit dans un monde global a énormément de sens aujourd’hui » revendique-t-il au nom d’une culture qu’il entend préserver. A la fin de l’année il organisera à Paris la deuxième édition de Zikloa, un cycle du cinéma basque avec projections et tables rondes. S’appuyant sur le succès de ses six coproductions, Jokin Etcheverria ambitionne dorénavant d’être producteur majoritaire sur de futurs projets.