Couverture du journal du 17/01/2025 Le nouveau magazine

Constellations de satellites : Comat en pointe

L’équipementier spatial Comat, basé à Flourens à l’est de Toulouse, s’attaque au marché d'avenir des constellations de satellites. Les travaux de son nouveau bâtiment dédié vont débuter dans quelques semaines. L’investissement total pour Comat représente 8 millions d’euros.

© Adrien Nowak - La Vie Economique

La première pierre n’est pas encore officiellement posée. « On avait empilé trois briques factices avec nos partenaires il y a presque un an ! », se souvient Benoît Moulas, président de Comat. « C’était un genre d’inauguration administrative. » Depuis, la construction du bâtiment Saturne, situé derrière les locaux actuels de l’entreprise, n’a pas encore débuté à cause de retards de certains fournisseurs. Un léger retard à l’allumage pour ce nouveau bâtiment dédié au NewSpace, d’une superficie de 1 500 m² dont la moitié de salles blanches. Les premiers coups de pelle sont espérés pour le mois de juin et la fin de travaux attendue au second semestre 2025.

Le NewSpace comme outil de croissance

Ce nouveau bâtiment de 3,5 millions d’euros s’inscrit dans un projet plus large de 8 millions d’euros entièrement tourné vers les activités NewSpace. Plus particulièrement vers la création d’équipements pour les constellations de satellites. « Notre souhait est de nous orienter vers des productions en série », souligne Benoît Moulas. Un premier exemple local a été réalisé avec la constellation Kinéis. « Nous avons produit plus d’une centaine de roues ainsi que les antennes déployables », rappelle le président de Comat qui envisage désormais d’autres contrats et notamment les constellations OneWeb et IRIS².

Ce dernier programme européen, déployé notamment par Airbus Defence and Space et Thales Alenia Space, « c’est le Graal », s’enthousiasme Benoît Moulas. « Il y a un vrai enjeu de souveraineté. On ne peut pas dépendre des équipements américains sur le spatial. Il faut que ce marché profite aux équipementiers européens et français. » Un enjeu politique et stratégique d’autant plus qu’IRIS² a pour but de concurrencer l’Américain Starlink, lancé par le milliardaire Elon Musk. Sur ce programme européen, Comat s’occupe des roues à inertie. « C’est un élément critique qui demande une grande fiabilité car ces constellations vont durer au moins 10 ans. Il faut des équipements capables de tenir la longueur. »

« Aujourd’hui on investit entre 6 et 7 millions d’euros par an dans la R & D »

Coopération avec des start-ups

C’est pour ce genre de contrat que Comat a investi ces 8 millions d’euros, aidé en partie par des subventions France 2030. L’objectif : devenir l’un des leaders des équipementiers spatiaux français. Pour y parvenir, la PME va aussi se servir de son usine pour accueillir et soutenir certaines start-ups. « Elles viendront produire ici des équipements en série », explique-t-on chez Comat. À Toulouse, l’équipementier est déjà en cheville avec les pépites Prométhée Earth Intelligence et U-Space. Une collaboration qui s’étire au-delà des murs toulousains. Comat vient en effet de rejoindre le hub parisien « The NewSpace To Be » avec Prométhée justement mais aussi la start-up rémoise Latitude. Ce travail foncièrement tourné vers l’avenir et l’innovation s’inscrit dans l’ADN de Comat, transfigurée par l’arrivée de Benoît Moulas. « Quand j’ai repris la boîte il y a 15 ans, on ne faisait pas de recherche et développement. Aujourd’hui on investit entre 6 et 7 millions d’euros par an dans la R & D. »

« L’activité constellations représente 35 % de notre CA »

5 à 7 ans de visibilité

Ce coup d’accélérateur a été nécessaire dans un environnement spatial qui vit actuellement une décennie cruciale. Le cabinet de conseil McKinsey évalue à 15 000 les satellites en orbite au-dessus de nos têtes en 2030, trois fois plus qu’aujourd’hui. Plus de 3 000 nano satellites seraient ainsi lancés chaque année, 10 fois qu’en 2018. Cette projection se retrouve dans les chiffres de Comat. L’activité constellations représente aujourd’hui 35 % du chiffre d’affaires. « En 2026, les petits satellites feront 50 % de notre chiffre d’affaires qu’on espère faire monter à 25 millions d’euros. » L’ambition est même d’atteindre 40 à 50 millions d’ici 2030 avec une part toujours plus forte pour le NewSpace. « On a beaucoup de projets partout dans le monde.

© Adrien Nowak - La Vie Economique

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À la recherche d’une quinzaine d’ingénieurs en 2024

Le carnet de commandes tourne entre 15 et 20 millions d’euros, et les devis atteignent 300 millions », assure Benoît Moulas qui estime que Comat dispose de 5 à 7 ans de visibilité devant elle. En attendant, la PME toulousaine compte également sur ses deux autres piliers que sont l’exploration spatiale (15 % de l’activité) et les activités télécommunications et observation de la Terre (50 %) pour pérenniser son modèle économique. Côtés effectifs, Comat est à la recherche d’une quinzaine d’ingénieurs en 2024. L’équipementier toulousain, qui affiche aujourd’hui 110 salariés, table sur 160 collaborateurs d’ici 2 ans. « Nous avons des ambitions importantes car les besoins vont exploser avec les constellations. Que ce soit pour les télécoms, l’internet des objets, l’observation, la géolocalisation ou même des applications militaires… Ça ne fait que démarrer ».