Elle n’a que deux bras, mais mérite amplement sur surnom de Shiva. Ancienne boulangère reconvertie dans le ménage, Sandra Ferraris est à la tête de C’tout propre, une PME bergeracoise qui a employé jusqu’à 18 salariés au plus fort de la saison estivale 2024. « Je suis au bureau, sur le terrain, je suis partout où l’on a besoin de moi », déclare la jeune cheffe d’entreprise. Vivre à mille à l’heure ne l’a jamais effrayée. « J’ai toujours eu beaucoup de travail, même lorsque j’étais installée en micro-entreprise », explique Sandra Ferraris, qui doit sa réussite à une intuition. « Je venais de démarrer mon activité quand j’ai remarqué qu’aucun professionnel du Bergeracois ne proposait dans sa gamme de prestations le nettoyage de canapés, poursuit la patronne de C’tout propre. Cela se faisait à Paris, mais localement, personne n’avait pris le temps d’explorer cette piste de travail ».
Persuadée d’avoir une carte à jouer, Sandra Ferraris s’est débrouillée pour acheter un injecteur-extracteur en tout point semblable à ceux qu’elle avait pu voir en Île-de-France et s’est empressée de louer une voiture Clio sur laquelle elle a collé deux plaques aimantées à l’effigie de son entreprise. « En parallèle, j’ai créé une page Facebook pour communiquer sur les multiples facettes de mon métier et tenter d’améliorer son image. Ce choix m’a probablement aidé à me développer plus vite que la moyenne », admet celle dont les publications en ligne sont dorénavant suivies par des centaines de followers.
Elle a sauvé des centaines de sofas
En trois ans d’activité, la créatrice de C’tout propre a sauvé des centaines de sofas et fauteuils en souffrance pour des tarifs raisonnablement bas. Elle en tire une fierté d’autant plus grande qu’elle a probablement évité à des foyers de se ruiner pour acheter du neuf. « Un jour, une dame m’a fait venir en cachette pour nettoyer son canapé que son mari voulait changer avec le budget de leurs vacances », se rappelle la fée des sofas qui travaille aussi pour les entreprises. Quel restaurant n’a pas eu besoin de remettre en état ses banquettes tachées ? Quelle banque n’a pas eu envie de rendre à ses fauteuils leur éclat initial ?
Un jour, une dame m’a fait venir en cachette pour nettoyer son canapé que son mari voulait changer avec le budget de leurs vacances
Rémunération supérieure à la moyenne
Craignant de ne plus être en mesure de répondre efficacement à la clientèle en raison d’un trop grand nombre de sollicitations, Sandra Ferraris a pris la décision de basculer en novembre 2023 en société par actions simplifiées (SAS). Un changement d’échelle qui l’a poussée à recruter 18 personnes dans des délais restreints. Trop restreints ? Malgré une rémunération supérieure à la moyenne pour le secteur, Sandra Ferraris n’a pas vraiment réussi à attirer des collaborateurs motivés. Un point noir qui l’a dissuadée de chercher à faire croître sa PME. « J’ai, au contraire, réduit le nombre de salariés aux deux tiers afin de travailler en confiance autour d’une équipe resserrée », confesse la professionnelle, éreintée par l’expérience. Particuliers, entreprises, gîtes, hôtels… « Le marché est énorme dans le Sud Dordogne », confirme la dirigeante qui a dû renoncer à vouloir en prendre le leadership. « C’est dommage, mais maintenant, on va répondre aux demandes en fonction de notre effectif de cinq personnes », annonce, à regret, la dirigeante de PME.
Une application en préparation
Échaudée mais pas vaincue, la cheffe d’entreprise préfère concentrer son énergie sur « un projet d’avenir » : la création d’une application sur mesure permettant une prise de rendez-vous fluide et rapide. « Cette application est censée faciliter le recours à nos services : si le client a besoin de deux heures de ménage, il les réserve sans avoir à se soucier de signer une quelconque forme de contrat d’engagement dans la durée. C’est déjà notre politique au quotidien, mais l’application rendra son exécution encore plus facile », souligne cette jeune femme tonique qui s’est mise en quête d’un développeur web pour créer l’interface.
Plus blanc que blanc
C’tout propre a racheté au printemps le pressing de Josie Bayle, une commerçante emblématique de Bergerac qui a fait valoir ses droits à la retraite. À terme, Sandra Ferraris veut en faire une blanchisserie qui puisse traiter dans un délai inférieur à 24 heures les paniers de linge sale pour les remettre dans le circuit une fois nettoyés. « L’objectif est de faciliter la vie des gérants de location qui nous confient déjà le ménage de leurs biens », complète l’intéressée.