Dordogne : la Fedd, l’électronique à la campagne

« La RSE comme source d’innovation » : tourné vers ces questions avant qu’elles ne deviennent d’actualité, le chef d’entreprise a pu témoigner de cette volonté, qui invite tout d’abord à ne pas se figer devant le « R » de Responsabilité sociétale des entreprises, qui évoque des précédents de réglementation, régulation, RGPD… « Dans notre secteur électronique, la première manifestation réglementaire est la Réduction de l’utilisation des substances hasardeuses (Rush) destinée à prendre soin des équipes », déclare Cédric Delage, PDG de la Fedd. Pour les entreprises cotées, c’est-à-dire la plupart des clients de la Fedd, la publication des indicateurs RSE est une obligation légale, en plus des indices et scoring divers…

« Nous avons formalisé une politique RSE quand les groupes avec lesquels nous travaillons les ont intégrés pour pondérer les appels d’offres. Nous nous sommes fixé une trajectoire, en attendant une réglementation qui ne manquera pas de sanctionner ceux qui ne seront pas conformes. » La marge de progression concerne l’environnement, mais aussi l’éthique, le social… Fedd s’engage ainsi à mener une politique industrielle respectueuse avec gestion optimisée de l’eau et de l’énergie, filières de recyclage carton, plastique et ingrédient, digitalisation sécurisée. Des sujets pour les générations futures qui sont aussi sources d’économies immédiates.

SILVER CHEZ ECOVADIS

La démarche engagée avec EcoVadis, solution universelle d’évaluation RSE, a permis à la Fedd d’obtenir l’an passé une médaille d’argent. « Avant, on avait enchaîné les normes Iso, les Ipc… Chaque référentiel a un coût, avec des mises en conformité après un audit. Nous avons refusé d’aller vers des normes qui ne nous étaient pas obligatoires, comme Iso14001, et choisi EcoVadis qui soumet l’entreprise à une somme de questions, que nous avons confiées à la jeune génération de l’entreprise, plus sensible à cela et bien formée pour y répondre. » Objectif : formaliser un horizon et savoir où elle se situe. Cela a pris quelques mois intenses… et sensibles car il s’agit de livrer des informations sur l’entreprise, qui travaille sur des sujets très confidentiels et mobilise des savoir-faire précieux. « Nous avons pris des garanties quant au traitement de ces données. L’évaluation reçue, toute récente, nous donne envie d’aller plus loin. » Le score est en effet au-dessus de la moyenne dans tous les domaines analysés. « Dès cette première session, nous sommes dans les 25 % des meilleures entreprises engagées. »

Nous avons choisi de pousser nos clients à se conformer aux normes les plus fortes au niveau international

L’entreprise s’attache maintenant à préciser des liens avec ses clients, fournisseurs et partenaires : « Il existe encore des zones grises entre les protocoles très coercitifs que nous mettons en œuvre : nous avons choisi d’anticiper et de pousser nos clients à se conformer aux normes les plus fortes au niveau international, à ne pas attendre que des ingrédients à risque soient interdits. On arrive à faire bouger les lignes grâce à ce mécanisme vertueux qui fédère, en jouant la collaboration. C’est un effet inattendu, lié à l’enthousiasme et l’investissement des deux jeunes femmes qui suivent ce dossier. Ça ne sert à rien de bien faire dans son coin, tout le monde doit suivre… »

ÉCOCONCEPTION ET SÉCURITÉ

Sur le front des conditions de travail, le dirigeant considère qu’il ne faut jamais sous-estimer la capacité des équipes à progresser et s’emparer à leur profit, et celui de l’entreprise, des nouvelles technologies. « Déjà, le lean management avait pour but d’augmenter la productivité, limiter les stocks en même temps que les mouvements inutiles et dommageables à la santé du personnel… La France a de l’avance sur l’environnement robotique et l’ergonomie, avec des ingénieurs et des industriels : il faut y aller. Des sociétés performent grâce à l’intégration d’un automate. Si c’est bien fait, l’emploi s’améliore. Quand une entreprise innove, l’emploi suit, les postes évoluent. »

Cédric Delage, PDG de la Fedd et la tablette Joué (Darwin, Bordeaux) fabriquée et assemblée par la
Fedd à Sainte-Alvère © SBT

Les plans de formation améliorent l’adéquation entre les capitaux humains et technologiques. La Fedd travaille sur des électroniques pour train, avion ou satellite, avec des cahiers des charges qui fixent à dix ans le fonctionnement minimum, et trente idéalement. Loin de l’obsolescence programmée !

« L’écoconception sur ce type d’équipement repose sur la moindre consommation électrique, une variante clé, et sur le poids, directement corrélé à la performance du train ou de l’aéronef qui l’embarque. On met en œuvre des tas d’innovations pour ces équipements, en veillant surtout à ce qu’ils ne puissent pas être hackés. Nos ingénieurs de conception sont ultra sensibilisés à la cybersécurité. On ne peut pas acheter n’importe quel capteur en Chine, ceux qui sont fabriqués en France font dix fois le prix chinois, mais ça nous protège. » L’entreprise est confrontée à une pénurie de composants électroniques, passés de 4 dollars à 400… « Le même, de fabrication américaine ! Ceci parce qu’une voiture électrique en demande dix à cent fois plus qu’une hybride ou thermique. C’est une denrée rare, car il existe peu de ressources dans le monde. » Et de conclure, dans cette mise en perspective, que la RSE est un luxe que peuvent se payer les entreprises d’Europe occidentale.