L’ été finissant marque la traditionnelle réunion des Périgourdins de Paris, amicale qui compte 330 membres, avec la remise du prix du jury de la Truffe qui soutient financièrement une jeune société dans son développement : les Pastels Girault, à Montignac Lascaux, sont les lauréats de cette 17e édition. Et Les Tanneries de Chamont, à Saint-Pardoux-la-Rivière, ont reçu un très honorifique Prix spécial du jury qui distingue une entreprise déjà bien établie, repérée pour son dynamisme et son rayonnement international. Tel est le cas de cette unité fondée en 1903 et reprise en 1991, alors en liquidation judiciaire, par un cadre qui œuvrait alors pour Hermès, à Nontron. Le pari de Marek Sus de redonner vie à cette tannerie est largement gagné puisqu’elle reste la seule encore en activité en Dordogne, emploie sept personnes et réalise un chiffre d’affaires d’environ 1 M€. Cette réussite repose sur une spécificité : ne réaliser que du tannage végétal.
Sur les 22 tanneries que compte la France, seulement trois ont opté pour ce procédé écologique. Il a permis de placer l’entreprise sur un marché haut de gamme. Ce cuir de qualité est issu de peaux provenant majoritairement d’élevages périgourdins, grâce à un partenariat noué avec 26 éleveurs qui ont exclus les barbelés du paysage pour ménager leurs bêtes. « L’objectif est de continuer à améliorer la qualité des matières premières, avec seulement 7 % du premier choix en France. » En 2013, Marek Sus a cédé 50 % des Tanneries au groupe Lim basé, à Nontron (LVE n° 2464), entrée qui conforte un lien de travail étroit avec la sellerie CWD, son principal client dans le harnachement haut de gamme. À noter que les chevaux de la Garde Républicaine sont habillés avec les cuirs de Chamont.
Attirer et concrétiser des projets
Cette réunion de l’amicale des Périgourdins de Paris marque aussi la session du Club des ambassadeurs du Périgord, lancé au Sénat en avril 2016, qui se retrouve l’hiver à Paris et l’été en Périgord. Mis en œuvre avec l’agence Périgord Développement, ce Club est composé de Périgourdins ayant réussi dans des domaines très divers, culture ou économie : leurs réseaux croisés constituent un formidable levier de détection de porteurs de projets, invités à les concrétiser localement avec le soutien et l’accompagnement de partenaires élus et institutionnels. Périgord Développement et le Club sont notamment à l’origine du récent salon Osez le Périgord, à Paris, qui a permis de prendre contact avec une quinzaine de créateurs ou repreneurs, soit un potentiel de 120 emplois. Bien plus que l’an passé.
« Nous devons être présents pour orienter la vague verte post-Covid », assure Jean-Baptiste van Elslande, « et montrer nos fleurons sur les réseaux pour illustrer cette nouvelle dynamique. » Des clips circulent ainsi pour porter le témoignage des repreneurs du groupe Delmon (Terrasson), des meubles Rouchon (Sarlat) ou des pépinières Desmarties (Bergerac). De quoi décider des entrepreneurs comme Richard Lequet, chef étoilé de Limoges, disciple d’Alain Ducasse, en passe de reprendre le domaine du Val d’Atur, près de Périgueux : il devrait montrer dès mai 2022 son art de la gastronomie depuis les cuisines ouvertes sur l’orangerie. Ou un autre dirigeant « quittant Montreuil pour Montcarret, et un cadre de vie plus sûr ».
Périgourdins de Bordeaux et du monde entier
Comme les projets d’hier sont devenus les entreprises d’aujourd’hui – ABC Résidences (LVE n° 2467) ou TIL –, le président de l’agence de développement est fier de souligner que la tactique est efficace.
« Nous déployons une stratégie à quatre lames : une visibilité avec notre nouveau site internet, le contact permanent avec Périgord Développement, la recherche de lieu et d’investisseurs, le maillage de décideurs. » Sans oublier Périgord Initiative et ses prêts à taux zéro, ou encore le dispositif Resonne, repris dans d’autres départements, qui aide les conjoints des candidats à l’implantation à trouver un poste en Dordogne. L’éco-système mis en place fonctionne bien et de nouvelles intercommunalités ont rejoint les partenaires : avec Brantôme, Thiviers et Terrasson, 19 collectivités sont désormais adhérentes. De quoi faire du Périgord tout entier une terre d’accueil et d’opportunités, au-delà des images très touristiques des vallées de la Dordogne et de la Vézère.
Enfin, Jean-Luc Soulé, président de La Truffe, a annoncé que son amicale des Périgourdins de Paris allait avancer dans deux directions complémentaires : les Périgourdins de Bordeaux tiendront leur assemblée constitutive le 23 septembre sur la péniche Royal, face à la place de la Bourse, pour renforcer les liens avec la métropole régionale ; et Périgord sans frontière, sous la houlette du diplomate Bernard de Montferrand, mobilisera les présences à l’étranger. Deux façons de renforcer les réseaux pour réunir des conseils et des soutiens bénéfiques aux projets d’installation en Périgord.