Si l’AIS a une forte notoriété locale, du fait de son ancienneté, peut-être fait-elle à ce point partie du paysage que certains ne pensent pas qu’elle soit faite pour eux. « Nous accueillons toutes les formes de structures, de la micro-entreprise au groupe de plus de 200 salariés. Les adhérents ont des choses à se dire entre eux, au-delà de nos soirées thématiques. » Jean-René Lapié copréside l’association avec James Chatenoud et Hervé Perez, entourés d’un bureau d’entrepreneurs représentatifs des activités du secteur. Tous très impliqués dans le tissu local, ils en connaissent les rouages et les interlocuteurs pour personnaliser les réponses aux questions. « L’information circule facilement. »
UN BASSIN INDUSTRIEL
Le bassin économique a pour spécificité d’être excentré des autres pôles du département, plus proche de l’attraction de Brive ou Souillac que de la ville préfecture. Sur un territoire qui s’étire entre Salignac-Eyvigues, Le Bugue et Villefranche-du-Périgord, la diversité des 57 adhérents fait toute la richesse de l’AIS.
Ils représentent 1 364 emplois directs, auxquels s’ajoutent les alternants et intérimaires. Si on pense aussitôt « tourisme » quand on évoque le Périgord noir (ces métiers ont leurs propres représentations, même si certains professionnels ont rejoint l’AIS pour sa diversité), on imagine moins que c’est aussi un bassin industriel (médical, systèmes de communication), avec un artisanat du bâtiment et des activités agroalimentaires de terroir. « De discrètes PME familiales ont des savoir-faire de pointe, qui nécessitent de grandes compétences. On peut venir en Périgord pour y travailler et y vivre, pas seulement en vacances ! » L’association travaille sur l’attractivité locale lors de ses manifestations et sur les réseaux sociaux, pour montrer qu’on peut équilibrer économies productive et touristique.
Le bassin économique a pour spécificité d’être excentré, plus proche de l’attraction de Brive ou Souillac que de la ville préfecture.
NOUVEAUX PROFILS POUR L’EMPLOI
« Historiquement, nous sommes très impliqués auprès des services de l’État et de l’emploi, élus, établissements scolaires et organismes de formation. » Elle siège ainsi à l’Aifs, plateforme de formation avec un espace pour les dirigeants qui reçoit des experts une fois par mois. « Les patrons aussi ont besoin de se former. »
Les assemblées générales (prochaine le 23 février) sont autant de temps forts pour réfléchir avec les collectivités : quel bassin économique, quelle transition énergétique, quels métiers ? « Au Rex, nous avions parlé de ceux du cinéma sur cette terre de tournage et de festival. » La question de la formation concerne les jeunes, pour les retenir sur le territoire, comme les nouveaux arrivants. « Les métiers de production accueillent des personnes en reconversion, qui quittent des postes dit intellectuels pour des savoir-faire plus concrets, c’est un vivier de motivations et de compétences important. Ils sont d’ici ou viennent d’autres régions, depuis l’épisode covid, prêts à se former et à se réorienter. » Nouvelle tendance, qui s’amplifie : des couples s’installent pour créer ou reprendre une activité, et l’association est là pour les accompagner.
« Les adhérents de l’AIS représentent 1 364 emplois directs auxquels s’ajoutent les alternants et les intérimaires »
Les rencontres de l’emploi que propose l ’AIS se déroulent au printemps et en automne. 18 rendez-vous ont été pris en entre- prises lors du dernier job dating, très fréquenté. De quoi dynamiser aussi la CVthèque, accessible sur le site, et les offres transmises sur diverses plateformes.
ACHAT GROUPÉ D’ÉNERGIE
« Nous essayons de fédérer, de trouver des solutions », insiste Jean-René Lapié. « C’est le cas dans le contexte actuel de crise des énergies avec un achat groupé, le premier, qui aide bien sûr les plus petites unités. » Recrutement, covoiturage, télétravail pendant la crise sanitaire, logements pour le personnel en période touristique… « autant de problématiques communes malgré nos profils d’entreprises très différents », souligne April Higginson, membre du conseil d’administration. Elle- même, avant de rencontrer l’AIS, a passé sept ans à chercher des informations qu’elle aurait trouvé ici aussitôt grâce au « partage d’expérience qui fait gagner du temps et rompt la solitude des jeunes entreprises ».
MUTUALISATION BIENVEILLANTE
Un cap a été franchi en 2021 avec le recrutement d’une chargée de développement économique pour prendre le relai du bénévolat des participants. Arrivée après les séquences de confinement, Nadine Merchadou trouve sur sa terre natale matière à enthousiasme. Elle partage les ressources issues des fonctions support des principales entreprises adhérentes, aide des artisans à effectuer de démarches, fait le lien avec des partenaires et active les outils numériques dans une mutualisation bienveillante. Les cotisations sont équitables en fonction du poids de chacun : les quatre employeurs principaux contribuent ainsi au développement de leur milieu économique constitué, pour la moitié des membres, d’unités de moins de 10 salariés. Et l’effet réseau fonctionne pour se faire travailler mutuellement, dans un esprit d’entraide plus que de business.