Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

Dreamtronic se réveille d’un mauvais rêve

Durement éprouvée par la crise sanitaire, Dreamtronic, le fabricant perigourdin de tables de jeu et d'écrans tactiles, retrouve depuis six mois un nouveau souffle avec un spectre d’activités élargi et visionnaire.

Dreamtronic

© Loïc Mazalrey

Dreamtronic revient de très loin. Victime collatérale de la crise sanitaire qui a contraint une majorité de ses clients à fermer leurs restaurants à deux reprises en 2020 et 2021, le fabricant périgourdin de tables de jeu et d’écrans tactiles a mis plusieurs mois avant de recouvrer un niveau d’activité suffisant pour envisager l’avenir avec optimisme.

2023 MEILLEURE QUE 2022

« L’entreprise va beaucoup mieux qu’elle n’a été », reconnaît Olivier Defaux, le dirigeant de la société dont le siège est implanté à Marsac, près de Périgueux, depuis dix ans. « Nous sommes enfin sortis du régime de l’activité partielle de longue durée dans laquelle nous avions basculé et l’année 2023 s’annonce encore meilleure que 2022. »

Le premier défi après la pandémie a été de remuscler notre effectif

Certes, l’entreprise doit encore composer avec le fantôme de la pandémie de Covid-19 qui a durablement ralenti le rythme des approvisionnements venus d’Asie. Mais ce n’est rien au regard des difficultés qu’elle a dû surmonter pour rester à flots. « Le premier défi après la pandémie a été de remuscler notre effectif. Après le départ de notre directeur commercial, qui aspirait à une autre vie, nous avons dû retrouver une locomotive pour relancer notre force de vente », indique Olivier Defaux. Même chose pour la quinzaine de jeunes développeurs dont le bureau est basé à Angoulême, en Charente, au plus près des écoles du pôle image qui forment à la création de jeux de vidéo. « Il a fallu faire rentrer du sang neuf, en dépit de la forte concurrence à laquelle se livrent les entreprises pour leur recrutement », concède cet ancien pharmacien reconverti sur le tard dans la tech.

Pour reconquérir la clientèle à l’heure de l’hygiénisme triomphant, le dirigeant de Dreamtronic mise sur l’attraction que les tables tactiles Swifty Touch exercent naturellement sur le jeune public. « Les tables sont pareilles à des tablettes géantes sur lesquelles on peut jouer à plusieurs de façon très intuitive », constate Olivier Defaux.

« Ces supports remplissent le même rôle qu’un baby-foot à ceci près que les enfants ne risquent pas de s’envoyer le ballon à la figure »

Certes, l’achat d’une ou plusieurs tables tactiles n’est pas neutre pour un restaurateur, mais le jeu en vaut la chandelle : « Ces supports remplissent le même rôle qu’un baby-foot à ceci près que les enfants ne risquent pas de s’envoyer le ballon à la figure. Les parents sont contents de savoir leurs enfants en sécurité et peuvent s’accorder le temps de déjeuner tranquillement ».

Olivier Defaux, président de Dreamtronic © Loïc Mazalrey

L’EUROPE ET L’AMÉRIQUE À L’HORIZON

En France, près de 500 de ces Ipad géants sont en libre accès dans des restaurants (Buffalo Grill, Cafétéria Crescendo, restaurant Meuh !) ou dans des grands magasins et supermarchés. Une performance encourageante sur un marché où les possibilités de développement sont encore loin d’être toutes éprouvées malgré la concurrence qui s’y fait rage… « Il y a des marges de manœuvre ici, mais aussi à l’étranger », suggère Olivier Defaux, qui n’a pas renoncé à exporter sa Swifty Touch au-delà de l’Hexagone. Que ce soit vers l’Allemagne et l’Espagne, où Dreamtronic avait posé des jalons avant la crise en recrutant des responsables export, si ce n’est beaucoup plus loin, de l’autre côté de l’océan Atlantique. « Les États-Unis sont un marché très porteur dans la mesure où le pays est paradoxalement très peu équipé de tables de jeux, voire de bornes à commande tactiles. La clientèle qui n’a pas recours au drive fait directement son choix au comptoir des fast-foods. »

DREAMTRONIC FAIT SON ENTRÉE AU MUSÉE

Si la conception de tables de jeu tactiles reste son cœur de métier, Dreamtronic a profité de la crise sanitaire pour élargir son spectre d’activités.

« Nous sommes aujourd’hui en mesure de digitaliser n’importe quel espace », fait valoir le chef d’entreprise. Preuve en est la collaboration menée depuis un an avec le musée d’Angoulême. Écrans, kiosques tactiles, film d’animation en 3D… Dreamtronic a mis moins de six mois pour produire l’ensemble des outils de médiation avec le public commandés par la direction de la conservation du musée.

« Nous détenions les technologies, nous les avons adaptées aux supports qui nous avaient été demandés de créer », explique Olivier Defaux, à qui cette première expérience, particulièrement motivante pour ses jeunes troupes, a donné envie de renouveler l’aventure. « Nous continuerons à nous positionner sur des appels d’offres émanant d’organismes culturels : c’est un univers dans lequel nous avons beau- coup à apporter », insiste l’intéressé.

INVENTION BREVETÉE

© Loïc Mazalrey

Dreamtronic ou le Phénix qui toujours renaît de ses cendres. Au plus fort de la la crise sanitaire, Olivier Defaux a mis à profit la baisse de son activité pour concrétiser un projet révolutionnaire : la conception d’un écran doté d’un système de stérilisation par rayonnement UVC. Exit les produits liquides qui peuvent se révéler toxiques pour la santé. « La technologie intégrée à l’écran permet d’éliminer dans un délai de 20 à 30 secondes l’ADN des germes présents à la surface », développe le PDG de Dreamtronic. L’ancien ingénieur dans l’industrie pharmaceutique avait pressenti l’intérêt d’un tel dispositif déjà bien avant la crise, mais la pandémie l’a poussé à accélérer ses recherches. « Même si l’épidémie de Covid-19 venait à être totalement enrayée, les attentes du consommateur en matière d’hygiène ont clairement évolué ces derniers mois », note-t-il.

Olivier Defaux a mis à profit la baisse de son activité pour concrétiser un projet révolutionnaire : un écran doté d’un système de stérilisation par rayonnement UVC

FINANCER UNE PRODUCTION DE DIMENSION INDUSTRIELLE

L’entreprise Dreamtronic a fait breveter son invention par l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi) pour éviter que d’autres ne soient tentés de s’en emparer. Une autre procédure est en cours pour obtenir son extension européenne. Il n’a pas échappé à Olivier Defaux que les enjeux de développement de cette technologie, généralisable à tous les écrans, étaient phénoménaux. Écrans d’ordinateur ou de téléphones, distributeurs de billets… Les opportunités ne devraient pas manquer pour la PME qui ne veut pas vendre sa technologie à un tiers. « Nous allons proposer des produits finis, à savoir toutes sortes d’écrans dotés d’un système de stérilisation. Tout l’enjeu pour nous sera de trouver les fonds pour arriver à financer une production de dimension industrielle. »