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Economie : Une rentrée en mode apaisé

Le préfet Frédéric Perissat a fait un point sur les dossiers qui concernent l’État en Dordogne : la crise sanitaire, bien sûr et les indicateurs positifs pour l’économie.

Frédéric Perissat, Préfet de la Dordogne ©DR

La toile de fond pour tous les domaines d’activité demeure la situation sanitaire, et elle s’améliore en Périgord avec cependant une centaine de personnes encore hospitalisées pour un total de 260 décès depuis l’arrivée du Covid dans le département. 72 % de la population a reçu le vaccin complet (2 % au-dessus de la moyenne nationale) et le pass sanitaire s’applique « de façon fluide dans les lieux culturels et l’hôtellerie-restauration », avec seulement six mises en demeure : la citoyenneté prévaut. Les centres vaccinaux sont maintenus, probablement jusqu’à fin octobre, avant de laisser médecins et pharmaciens assurer la mission. « Une cellule opérationnelle se réunit tous les quinze jours ».

DES PROGRESSIONS REMARQUABLES

C’est dans ce contexte que se dessine un paysage économique apaisé avec des chiffres d’affaires pour les huit mois de 2021 en hausse de 11 % sur 2020 (+ 4,7 % sur 2019, année pré-Covid) et des investissements de + 20,9 % par rapport à 2020, pour un volume de 83 millions d’euros. Les administrations publiques, sous l’effet de France Relance, ont augmenté de 130 % leur capacité à investir et le commerce à hauteur de 50 %. « La dynamique est porteuse sur plusieurs années, on l’observe notamment dans le secteur de l’eau et l’assainissement, l’hôtellerie-restauration, l’industrie et les collectivités territoriales. »

Les exportations sont elles aussi en progression de 38 % par rapport à 2020 avec un total de 86 millions d’euros, l’industrie manufacturière (+ 46 %) et l’agriculture (+ 89 %) particulièrement. 2021 est meilleure pour l’économie locale que toutes les autres années, avec un bond d’activité de 45 % dans l’hébergement-restauration et de 39 % dans la construction. L’immobilier se distingue avec + 25 % de CA par rapport à 2020 (+ 96 % pour la comparaison du seul mois d’août) et surtout + 175 % d’investissement dans les activités immobilières, cette tendance durable de la crise sanitaire ayant des effets sur les chantiers du bâtiment comme sur les taxes collectées au profit de l’État (+ 55 % de recettes par rapport à 2020 et + 49 % comparé à 2019).

Les exportations sont en progression de 38 % par rapport à 2020

RÉSULTATS AGRICOLES MITIGÉS

Le bémol porte sur les résultats agricoles, en raison des aléas météorologiques (gel, intempéries) qui ont malmené vignes et vergers, et de la conjoncture défavorable à la production laitière (baisse des prix et hausse des charges) : une réunion est prévue le 4 octobre en préfecture avec la profession pour fixer des mesures d’accompagnement, avec un allègement de la taxe foncière sur le non bâti. Les procédures collectives sont en forte baisse, avec 57 dossiers contre 87 en 2020 et 212 en 2017.

L’amélioration générale de la situation se répercute sur l’emploi avec 32 286 demandeurs en juin 2021, soit un taux de chômage de 7,8 % en Dordogne (- 4,6 % des catégories ABC sur un an), avec une baisse significative chez les jeunes et -10 % de bénéficiaires du RSA inscrits à Pôle emploi. Le besoin de main-d’œuvre reste fort dans l’aide à la personne, le transport ou l’agriculture. « Nous devons nous mobiliser pour les chômeurs de longue durée, dont la crise a accru l’isolement,» souligne Frédéric Perissat. Des investissements sont faits dans la formation, avec un travail sur les préalables à l’emploi, comme la confiance en soi. »

L’amélioration générale de la situation se répercute sur l’emploi avec une baisse du chômage forte chez les jeunes

DES AIDES PUBLIQUES PAR MILLIONS D’EUROS

Le préfet est bien sûr revenu sur les mesures de soutien avec un total de 879 millions d’euros versés tous secteurs confondus en Dordogne (dont 491 M€ de prêts garantis par l’État et le reste en aides directes, notamment 209 M€ de fonds de solidarité), et des mesures spécifiques pour l’hébergement, la restauration, la culture et le commerce de l’ordre de 378 millions d’euros. La fin du « quoi qu’il en coûte » laisse place à des aides sur-mesure pour les activités soumises au passe sanitaire. « Le PGE reste accessible jusqu’à la fin de l’année ainsi que des exonérations de charges. »

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FRANCE RELANCE : 142 MILLIONS D’EUROS SUR UN AN

En un an d’existence, le plan France Relance a déjà distribué 142 millions d’euros pour faire avancer des projets sur le volet de la transition écologique (47 M€, 6 400 bénéficiaires), de la compétitivité des entreprises (45 M€ pour 7 700 bénéficiaires) et de cohésion sociale (35 M€, notamment 18 M€ pour le dispositif 1 jeune 1 solution avec 2 738 contrats d’apprentissage signés). Pour le détail de ces trois chapitres du plan, la relance verte et durable en Dordogne passe notamment par 11 M€ d’aides pour rénover des bâtiments de l’État, 10 M€ « Maprimrenov » pour 3 050 logements privés ou encore neuf projets de reconquête de friches sélectionnés (soit une enveloppe de près d’1,5 M€), comme le site France Tabac de Sarlat ou le quartier de la gare à Périgueux.

BAISSE DES IMPÔTS DE PRODUCTION

Le soutien aux entreprises et aux salariés s’est traduit par une baisse des impôts de production : 4 000 structures en ont bénéficié, pour un équivalent de 31 millions d’euros. Le soutien à l’industrie représente 17,4 millions d’euros, qu’il s’agisse d’industrie du futur, de projets industriels des territoires, de sécurisation d’approvisionnements stratégiques, d’automobile et aéronautique, de numérisation des TPE. 39 entreprises du secteur culturel et patrimonial ont été aidées. Côté international, 13 entreprises ont bénéficié du chèque relance export pour un montant de 35 000 euros.

Enfin, la relance sociale et territoriale s’est particulièrement attachée à l’intégration professionnelle des jeunes avec 18 millions d’euros pour 2 738 contrats d’apprentissages aidés, 9 millions d’euros d’aide à l’embauche de 2 182 jeunes, 2 millions d’euros pour 180 Parcours Emploi Compétences, 1 million d’euros pour 183 contrats de professionnalisation, 340 000 euros pour 685 garanties jeunes et 435 000 euros pour 920 services civiques. S’ajoute notamment le déploiement de 24 conseillers numériques, soit une aide d’1,2 M€ aux structures qui les accueillent.

LES COLLECTIVITÉS INVESTISSENT

Les espaces France services qui rapprochent les habitants des services publics, avec un accompagnement particulier en milieu rural et dans les quartiers sensibles sur les téléprocédures, sont passés de 9 à 18 sites, avec un objectif de 31.

20 DISPOSITIFS PETITES VILLES DE DEMAIN

5 contrats de relance écologique ont été signés par des collectivités de Dordogne et 20 dispositifs Petites villes de demain, destinés à accompagner des projets de territoire par une ingénierie, la prise en charge de chargés de mission ou de prestations, avec l’apport de la Banque des territoires et de l’Agence technique départementale. Frédéric Perissat note l’aide apportée aux collectivités territoriales pour leurs investissements, avec près de 15 M€ de dotation d’équipement aux territoires ruraux en 2021 (+ 3 % par rapport à 2020).

La Dordogne a aussi reçu près de 11 M€ de dotation de soutien à l’investissement local cette année. L’ensemble produit un effet levier d’environ 124 M€ de chantiers et travaux programmés par les opérateurs publics en Dordogne. S’il ne se place pas dans l’habituelle réserve qu’appellent les campagnes électorales, le préfet suit de près l’appel aux urnes de cet automne pour les chambres consulaires car l’État y exerce une mission de contrôle.

Il cultive un dialogue régulier avec ces représentations des secteurs économiques en Dordogne et participe régulièrement à leurs sessions. Concernant les restructurations et mutualisations en cours dans ces instances, les prélèvements qui ont pu être effectués dans leurs réserves financières, il observe que les chambres restent dans une dynamique de projets, « elles cèdent des biens mais investissent par ailleurs, et elles se sont toutes impliquées pendant la crise sanitaire ».