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Énergie verte : l’union sacrée

À l’instar d’autres départements en France, le Lot-et-Garonne s’appuie depuis 2019 sur une SEM (société d’économie mixte) pour développer les énergies renouvelables. Sur une terre rurale, la méthanisation agricole pourrait couvrir, d’ici 2050, 50 % de la consommation locale de gaz.

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© SeeYouSun

Créée en avril 2019 par l’établissement public de coopération intercommunale Territoire d’Énergie Lot-et-Garonne (le syndicat d’énergie qui regroupe l’ensemble des 319 communes du département), la SEM Avergies est un outil accompagnant les collectivités souhaitant développer les énergies renouvelables. Également en lien avec des porteurs de projets, la SEM Avergies apporte donc un soutien technique et financier aux villes ou communautés de communes dans tous leurs projets de création de moyen de production, de distribution, de stockage d’énergies renouvelables.

« Aujourd’hui, nous produisons 3 % de la consommation d’électricité et de gaz du département mais demain, ce sera 10 % », souligne Nicolas Gente, directeur, et ingénieur en énergies renouvelables, de la SEM Avergies.

PREMIERS PANNEAUX FLOTTANTS

Axé  essentiellement  sur 3 domaines (le solaire, la méthanisation et le biogaz), l’organisme travaille actuellement sur une centaine de projets en Lot-et-Garonne dont la plupart concernent le monde agricole, notamment pour la création de hangars photovoltaïques : « Nous pouvons construire toute la structure ! Les fondations, la couverture, le bardage… Nous recevons aussi beaucoup de demandes des industriels pour de l’autoconsommation, leur permettant d’avoir des coûts d’énergies maîtrisés. Actuellement, nous avons près de 200 000 m2 de panneaux solaires déjà opérationnels ou en cours de réalisation et nous inaugurerons nos premiers panneaux flottants sur le lac de Montpezat », ajoute Pascal de Sermet, PDG de la SEM Avergies qui équipe des entreprises comme C2R (Miramont-de-Guyenne), Tellus Ceram (Monsempron-Libos), Transport Béade (Colayrac) ou le stade Armandie avec ses 5 000 m2 de panneaux photovoltaïques.

Face aux épisodes de canicules, nous sommes de plus en plus sollicités par les agriculteurs

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© Julien Mivielle

LE BEL AVENIR DU BIOGAZ

Si chaque département s’appuie aujourd’hui sur une société d’économie mixte, le Lot-et-Garonne se distingue grâce à ses actions en faveur de la méthanisation puis de la distribution du biogaz. En association avec des agriculteurs, Avergies valorise les matières organiques issues de l’élevage agricole, des cultures intermédiaires, des résidus alimentaires, des collectivités pour produire du biogaz, via le processus de méthanisation, et surtout ensuite le distribuer par l’intermédiaire de stations dédiées : « Avergies a vocation à accompagner les porteurs de projets en investissant à leurs côtés tout en restant minoritaire. Il s’agit d’aider le portage du projet, les agriculteurs conservant la maîtrise de leur outil de valorisation. Nous gérons par ailleurs 2 stations de biogaz (à Villeneuve-sur-Lot et Damazan) et allons en ouvrir deux autres à Agen, près du marché aux bestiaux et dans la zone de l’échangeur autoroutier à Samazan, en partenariat avec le groupe Nature Gaz », précise Nicolas Gente. Dans un monde cherchant de nouveaux moyens pour décarboner massivement le transport routier, et principalement les poids lourds (bus, bennes à ordures, camions…), le biogaz semble promis à un bel avenir. Il est en effet plus compétitif économiquement, pour une même émission de CO2, que l’hydrogène ou l’électricité. Forte de ce constat, la SEM Avergies développe des stations multi-énergie dans tout le Lot-et-Garonne, mais également à l’échelle régionale via le réseau Temob.

Nous avons près de 2oo ooo m2 de panneaux solaires déjà opérationnels ou en cours de réalisation

PRODUCTION ET PROTECTION

Autour du développement du biogaz, Avergies et son équipe de 6 ingénieurs travaillent, avec l’ INRAE (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et, plus localement, l’Association Climatologique de la Moyenne-Garonne sur des projets d’agrivoltaïsme : « Face aux épisodes de canicules, nous sommes de plus en plus sollicités par des exploitations agricoles », confirme Pascal de Sermet. Encore en phase de test, le projet consiste à installer, en l’occurrence sur des noisetiers, différents types de panneaux (fixes ou mobiles) et de cellules, avec plusieurs densités, permettant de laisser passer la lumière du soleil. Ainsi, en plus de produire de l’énergie, les panneaux réduiraient le stress hydrique en cas de fortes chaleurs tout en protégeant les arbres lors des épisodes de grêles.

OUVERTURE DE CAPITAL

Parmi ses autres projets, la SEM Avergies va lancer 4 nouveaux projets de solarisation des décharges publiques du département : « C’est comme cela que notre aventure a démarré, en plaçant nos premiers panneaux sur des casiers de décharges. Notre volonté est d’optimiser chaque espace disponible, comme les friches industrielles, pour y développer des productions d’énergies renouvelables », ajoutent les deux dirigeants. Entreprise publique, financée par les collectivités, la SEM Avergies dispose d’un capital de 10 millions d’euros, détenu à 85 % par Territoire Énergies 47 puis réparti entre la SEM du département des Deux-Sèvres (Séolis Prod) et 2 banques régionales, le Crédit Agricole et la Caisse d’Épargne. Après une première ouverture de capital il y un an, la SEM Avergies envisage une nouvelle opération d’ouverture d’ici deux ans.