Parfait exemple de réussite dans l’ESS (économie sociale et solidaire), La Belle Absorbante (voir LVE du 25/01/2024) pourrait bientôt servir de modèle pour la réinsertion carcérale. À la tête de l’entreprise WD Protection, qui commercialise La Belle Absorbante, Ingrid Walbrou organise depuis le début de l’année 2024 des ateliers de couture au sein du quartier des femmes de la maison d’arrêt d’Agen. Suscitant un bel engouement, l’initiative a particulièrement intéressé un binôme de détenues travaillant de 7 h 30 à 11 h 30 quatre jours par semaine, contre une rémunération, dans un atelier de production de serviettes hygiéniques et de culottes lavables, réutilisables et recyclables. Formé par Ingrid, le binôme apprend la confection étape par étape à partir de différentes machines dans le but de maîtriser ensuite l’ensemble de la chaîne de production.
Un jeu conçu en cellule
Évoluant dans une ambiance solidaire et positive, l’une des détenues (surnommée Angie) a alors eu l’idée de décliner l’idée générale de La Belle Absorbante (changer la vision sur les règles menstruelles) sous la forme d’un jeu de société conçu par les détenues le temps d’un week-end : « Angie a eu l’idée principale du jeu pour promouvoir des protections saines et engagées socialement et environnementalement. Le concept a évolué de cellule en cellule et m’a été présenté dès le lundi matin sous le nom : jouons selon les règles », explique la créatrice de La Belle Absorbante, médaille de bronze au concours Lépine 2023.
« Ce jeu est un outil pour aborder certains sujets d’une manière différente »
Apprendre par le jeu
Doté de 28 cases et inspiré du jeu de l’oie, le jeu est composé de pions et de dés confectionnés à partir de serviettes hygiéniques recyclées. Il faut d’abord tomber sur la face « puberté » pour lancer son pion puis répondre à des questions par tranche d’âge (les premières règles pour les adolescentes, l’ovulation pour les jeunes adultes en attendant une version plus experte pour les professionnels de santé ou bien encore les règles à travers le monde). « On parle de sexualité, de MST… Ce jeu est un outil pour aborder certains sujets d’une manière différente et éduquer sous forme ludique dans les écoles ou en famille », ajoute Ingrid Walbrou. Aujourd’hui en phase de prototype, le projet a besoin de financement et de soutien pour voir le jour et mobiliser le grand public.