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Pays basque – Experts-comptables : La philosophie Finacoop

Créateur de la première société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) d’experts-comptables, Mathieu Castaings entend réinventer ce métier. Implantée à Paris, Rennes, Bordeaux et Bayonne, Finacoop prévoit d’ouvrir bientôt d’autres antennes en France.

Finacoop

Mathieu Castaings ©V.Biard

Natif de la Côte basque, Mathieu Castaings a réalisé quelques longs voyages parallèlement à son cursus de formation d’expert-comptable. Après un tour du monde en auto-stop et une année de volontariat international au Québec, il a travaillé quelques années à Paris. Puis en 2015, il initie la création de la première société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) d’expertise comptable en France.

C’est une société qui associe non seulement des salariés mais aussi des clients, partenaires et collectivités

« C’est une société qui n’associe pas seulement des salariés mais aussi un minimum de trois parties prenantes comme les clients, les partenaires, les habitants ou les collectivités. Le but étant de rechercher un intérêt collectif d’utilité sociale » résume-t-il. La création de Finacoop n’a pas été simple. Après un refus de l’Ordre des experts-comptables de Paris Île-de-France d’enregistrer la SCIC en septembre 2015, un recours auprès du Conseil supérieur de l’Ordre aura été nécessaire pour lancer officiellement Finacoop en juillet 2016.

Des valeurs et un modèle coopératif

« J’avais envie de créer un modèle un peu à l’image de mes valeurs de gouvernance démocratique, d’équité salariale, de tarifs accessibles qui sont peut-être à contre-courant des valeurs historiques de la profession plutôt libérale et discrète. Le statut coopératif est méconnu y compris des experts-comptables mais une forme de respect s’est instaurée et aussi de l’intérêt chez beaucoup d’entre eux qui peuvent ainsi redonner du sens à leur métier avec ce statut » affirme Mathieu Castaings.

« Le statut coopératif est méconnu des experts-comptables mais une forme de respect s’est instaurée »

Après la première SCIC Finacoop créée à Paris, Finacoop Nouvelle-Aquitaine a été lancée à Bordeaux il y a deux ans et s’est doublée d’une antenne à Bayonne. Aujourd’hui Finacoop emploie 13 salariés à Paris auquel s’ajoute un juriste installé à Rennes. Finacoop Nouvelle-Aquitaine compte 8 salariés à Bordeaux et 8 à Bayonne. « Les coopératives sont détenues par 50 à 100 associés et soumises à un collège de vote de salariés, clients et soutiens pour simplifier la gouvernance », explique Mathieu Castaings.

L’économie sociale et solidaire comme clientèle

Les deux coopératives s’adressent en priorité aux associations, coopératives, mutuelles, fondations et fonds de dotation. Tous ces acteurs de l’économie sociale et solidaire représentent 10 % du PIB et près de 14 % des emplois privés en France. A noter que les entreprises commerciales de l’économie sociale et solidaire (Loi Hamon 2014) sont également clientes des coopératives Finacoop et constituent même la moitié de leur portefeuille client.

« Nous avons vocation à faire moins de bénéfices pour mieux rémunérer les salariés »

« Nous avons le luxe de pouvoir choisir nos clients car nous avons plus de demandes que d’offres », atteste Mathieu Castaings. Et pour mieux répondre aux sollicitations, Finacoop s’appuie sur un réseau d’une douzaine de cabinets comptables qu’elle forme à sa philosophie. Chacune de ces deux coopératives réalise environ 1 million d’euros de chiffre d’affaires. « Nous avons vocation à faire moins de bénéfices pour mieux rémunérer les salariés et dépenser davantage en formation, séminaires ou accompagnement » précise-t-il.

Relation socio-digitale avec les clients

En plus de l’originalité de son statut de SCIC, Finacoop s’inscrit dans une démarche moderne en intégrant les outils numériques mais aussi les méthodes de travail des générations éduquées avec l’internet. « Nous avons eu à cœur de repenser totalement le métier d’expert-comptable. A l’heure du numérique il y a une révolution qui s’opère. J’ai connu l’époque des cabinets où l’on se déplaçait toute la journée avec des classeurs et des valises et où l’on passait 15 jours par an à archiver. C’était inconcevable pour moi de créer un cabinet avec des archives plus grandes que les bureaux », raconte Mathieu Castaings. Il parle même de relation socio-digitale avec ses clients.

Automatiser les taches et profiter des outils collaboratifs lui permet de renforcer les relations humaines et de développer des missions de conseil : « c’est 35 % de notre chiffre d’affaires et dans les cabinets comptables l’activité conseil en représente de 5 à 10 % depuis 30 ans » assure-t-il. Forte de son succès, Finacoop envisage une extension avec une ouverture d’antenne régionale chaque année si possible. En 2023, c’est dans le Rhône-Alpes que la philosphie Finacoop devrait s’implanter.

 

Les chiffres clés de Finacoop

1 000 clients
150 sociétaires
30 salariés
2 millions d’euros de chiffre d’affaires
35 % du CA en missions de conseil
50 % de sociétés commerciales de l’ESS comme clientes
25 % de coopératives comme clientes
25 % d’associations et de fonds de dotations comme clients