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Fraise Label rouge : pari réussi

Pour le lancement de sa saison, l’association interprofessionnelle des fruits et légumes du Lot-et-Garonne (AIFLG) a fait le point sur la situation agricole en général et celle de la fraise en particulier, dont le Label rouge fête les 15 ans cette année.

Sylvie Delaurier, présidente de l’AIFLG et productrice de fraises à Damazan fraise

Sylvie Delaurier, présidente de l’AIFLG et productrice de fraises à Damazan © D.R.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas forcément. On avait quitté l’AIFLG l’an passé avec une belle campagne de fraises et l’obtention du Label rouge pour la tomate de Marmande. Si la saison de la fraise s’annonce favorablement, le contexte actuel autour de l’agriculture est particulièrement tendu après plusieurs semaines de mobilisation. Pour démarrer, Sylvie Delaurier, présidente de l’AIFLG et productrice de fraises à Damazan, veut retenir le positif : « même si nous avons 8 jours de retard à cause des pluies abondantes, la saison ne s’augure pas mal. Les fruits sont jolis, bien formés et avec un bon taux de sucre. Nous avons une bonne quantité et une belle qualité, les planètes sont alignées ! ». De quoi augurer d’un bon cru 2024 si la météo printanière ne fait pas de caprices et que le soleil est au rendez-vous. Et ce, d’autant plus que le Label rouge de la fraise fête ses 15 ans.

Label rouge : 15 ans de qualité

Le Label rouge est une certification qui impose un cahier des charges strict : le ramassage à la main, des barquettes plus petites, une seule couche de fraises en plateau, pas de défaut sur le fruit, un calibrage et une couleur uniformes. Le résultat se retrouve sur les étals avec des fraises 25 % plus chères qui trouvent leur clientèle sur un segment supérieur. Et même si ce label ne représente que 3 à 5 % de la production annuelle, cette reconnaissance tire toute la production vers le haut et identifie clairement la fraise française qualitativement par rapport à ses voisines espagnoles notamment. Avec 15 ans d’expérience du Label rouge, les producteurs de fraises se félicitent aujourd’hui d’avoir pris le chemin d’un fruit haut de gamme, ne pouvant lutter sur le prix face à la concurrence étrangère. Une démarche similaire a été lancée l’an passé avec la labellisation de la tomate de Marmande. Sylvie Delaurier valide cette stratégie : « Nous avons fait de notre filière une filière solide, qui a su aller chercher et maintenir la valeur ajoutée pour notre produit. Nous avons réussi notre pari de nous démarquer par le goût pour offrir aux consommateurs une fraise d’excellence. Malgré la complexité du métier de paysan aujourd’hui, nous devons maintenir ce cap, tous ensemble pour continuer à évoluer et consolider nos exploitations ».

Saison 2024 des fraises : « les planètes sont alignées ! »

FRAISE

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Une crise agricole toujours là

Même si Sylvie Delaurier n’a pas de responsabilité syndicale à la Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne, elle a participé à la mobilisation récente sur différents points de blocage dans le département. Et elle ne mâche pas ses mots sur la situation actuelle : « Nous subissons un excès de normes et de contraintes administratives. Avec notre réglementation et notre niveau de prélèvements fiscaux, nous ne sommes pas du tout compétitifs, même au niveau européen. Nous sommes bons sur la qualité de nos produits mais cela a un coût pour les consommateurs, malheureusement ». Et quant aux promesses du Gouvernement, la fraisicultrice reste dubitative et regrette le haro porté sur les néonicotinoïdes : « Nous avons le sentiment de ne pas avoir été entendus. Le plan Ecophyto (baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires NDLR) devait être allégé mais ce n’est pas le cas. Les produits de biocontrôle contre les ravageurs coûtent cher et ne sont pas efficaces alors que nous avions la solution des néonicotinoïdes. Chaque année depuis 2018, nous devons abandonner des parcelles ». Malgré ce constat teinté d’amertume, Sylvie Delaurier a envie de croire en l’avenir d’une agriculture française, avec quelques préalables : « Que le Gouvernement nous écoute : on sait ce dont on a besoin. Nous sommes les premiers consommateurs de nos produits, nous ne sommes pas des acharnés. J’espère que les consommateurs français vont continuer de favoriser l’achat français car nous mettons tout notre savoir et toute notre résilience dans notre production ».

« Nous avons le sentiment de ne pas avoir été entendus »

La fraise Label rouge en chiffres

450 tonnes produites par an (3 à 5 % sur les 20 000 tonnes produites)

75 millions d’euros de chiffres d’affaires

3 000 emplois directs et indirects

500 hectares

103 producteurs

95 % de culture suspendue et 5 % en pleine terre

0 fraise Label rouge exportée

6 metteurs en marché : Rougeline, Sacfel, Paysans de Gascogne, France Food, Marmandise et Périgord fruits

L’AIFLG en dates

1998 : création de l’AIFLG dans un contexte de tension

2005 : lancement de la procédure Label rouge

2009 : Label rouge pour la gariguette et la ciflorette

2010 : Label rouge pour la charlotte

2021 : Label rouge pour la mariguette

2023 : Label rouge pour la tomate de Marmande

Les 4 espèces de fraise Label rouge

La gariguette (mars à juillet) : cette variété de saison annonce le printemps et le début de la campagne Fraise Label rouge. Fine et allongée, sa chair est juteuse, fondante et extrêmement aromatique.

La ciflorette (mars à juillet) : elle arrive peu après la gariguette sur les étals. Élégante et élancée, elle est très aromatique avec sa chair juteuse et très sucrée.

La charlotte (avril à octobre) : avec son goût de fraise des bois, cette variété dite « remontante » est la préférée des enfants. Sa chair tendre est parée d’une robe rouge sang. La charlotte est très sucrée, extrêmement savoureuse et intensément parfumée.

La mariguette (avril à septembre) : cette variété dite « remontante » est la petite dernière du cahier des charges. La mariguette est une variété à mi-chemin entre la mara des bois et la gariguette. Les becs sucrés apprécient puisqu’elle tient ses arômes sucrés de la mara avec un parfum plus doux.