Entre les montagnes de granulats gris et les flaques de boue, dans la poussière soulevée par le va-et-vient des camions de l’entreprise, Joséphine Daniel se laisse prendre au jeu de notre séance photo avec assurance. « Habituellement, je porte des chaussures de sécurité ici, pas des talons », sourit-elle. « Ici », c’est la gravière de Lescar où est situé le siège du Groupe Daniel, une société béarnaise spécialiste du béton et des matériaux de construction dont elle est présidente directrice générale (PDG). Joséphine Daniel connaît chaque recoin et chaque rouage de cet endroit, elle qui au départ n’envisageait pas entrer dans la lignée des dirigeants du groupe dont la première société fut fondée en 1904 par Edmond, son arrière- grand-père, à qui succèdera Guy, son grand-père, puis Jacques, son père. Rattrapée par la passion familiale, son diplôme d’ingénieur en poche, la jeune femme y fait ses premières armes à 24 ans et officie à de nombreux postes jusqu’à occuper celui de directrice générale, depuis 2014.
Une nouvelle gouvernance
« J’ai conduit des engins, manié des explosifs en carrière, été commerciale, développé la gamme de béton décoratif… », énumère-t-elle, entre autres. « J’ai appris le métier, j’ai été formée par mes collaborateurs… : je sais de quoi je parle. Ce temps-là était nécessaire pour que je puisse être crédible et légitime, notamment en tant que femme. » Depuis cet été, Joséphine Daniel tient pleinement les rênes de l’entreprise, son père lui ayant laissé sa place à la présidence du groupe. Une réelle étape dans la carrière de la jeune femme, par ailleurs également présidente du SNBPE Aquitaine (filiale UNICEM) et membre du conseil consultatif de la Banque de France : du haut de ses 38 ans, elle assume désormais « asseoir pleinement » sa « prise de décision ». L’année 2023 ouvre ainsi un nouveau chapitre pour le Groupe Daniel, écrit par une dirigeante aux idées fortes mais également consciente des difficultés actuelles, notamment dans un contexte économique dégradé.

© Groupe Daniel
Un contexte compliqué
« Nous sommes impactés à absolument tous les niveaux », remarque Joséphine Daniel à ce sujet, qui reconnaît…