Dans la salle, l’ambiance est à la détente, les conversations nombreuses et les sourires de mise. Pourtant les yeux ne se croisent pas ou peu, tous sont rivés sur l’écran. Seules les mains trahissent l’importance du moment, elles s’agitent sur les boîtiers et donnent le rythme à la voix de Daniel Tamalet qui résonne : 980, 990, 1 000… À quelques mètres de là, dans un autre hall, ce chef des ventes aguerri passe de box en box et annonce dans son micro les enchères qui grimpent. Peu concernées par les chiffres et loin de se douter qu’il parle d’elles, les vaches le suivent du regard nonchalamment. Il est le lien entre les éleveurs qui les entourent et les acheteurs qui ne les voient pas, la scène est fascinante pour les novices et savoureuse pour les professionnels : le marché aux bestiaux de Rabastens-de-Bigorre a vraisemblablement retrouvé une nouvelle jeunesse.

Pierre Bazet, du collectif Elvea-Pyrénées © Hermance HITTE
DES VENTES MULTIPLIÉES PAR 10
Véritable institution, le marché a vu le jour il y a plus de 100 ans mais force est de constater que le temps l’a fait tomber en désuétude. Fin 2021, il n’en restait que des vestiges et Pierre Bazet, du collectif Elvea-Pyrénées qui représente les éleveurs bovins, a bien cru le voir disparaître : « Il était mort. Il n’y avait que 5 ou 10 têt…