Depuis 9 000 ans, il est cultivé, croisé, exporté, trempé, égrené et même génétiquement modifié. S’il est une céréale qui ne va pas rouler l’homme dans la farine, c’est bien le maïs, il la connaît sur le bout des doigts. Son histoire est tellement liée à celle de l’agriculture qu’il paraîtrait surprenant qu’il conserve quelques secrets. Cette certitude amuserait Jérémy Espinasse car pour lui, une chose est sûre, nous sommes loin d’avoir atteint les limites de son utilisation. Dans son usine de Maubourguet, le directeur d’Eurocob a un pied dans l’activité historique du site et un autre dans l’avenir. Leader européen de la transformation industrielle de la rafle, la société fait partie du trio de tête mondial de ce milieu étonnant où un déchet agricole trouve une seconde vie… Ou plutôt des dizaines d’autres vies. Une domination du marché qui ne va pas de pair avec l’inertie et favorise des innovations qui touchent les secteurs les plus inattendus.
Un ancien déchet
Au cœur de cette activité intense, un coproduit qui a durant des siècles été un simple détritus sans aucune valeur ou fonction particulières. Si l’épi et ses grains dorés symbolisent le maïs, une fois dépouillé celui-ci laisse place à un rachis qui a de nombreux patronymes suivant les régions : la rafle. Et avant d’être celui qui remporte la mise, ce morceau était celui dont on ne savait que faire. Devenu un brin encombrant avec l’intensification des cultures, il était simplement brûlé. Une mine d’or qui partait en fumée et dont les semenciers furent les premiers à en chercher une utilisation. Sans surprise, Euralis et Lur Berri n’ont pas échappé à cette quête et si Eurocob fait actuellement partie du groupe allemand JRS, elle est bien issue du fruit du rapprochement des deux coopératives du Sud-Ouest. Dans les années 80, avec leurs filiales respectives Eurama et Cobex France, elles débutaient chacune de leur côté une activité de broyage et de trituration des rafles de maïs tandis qu’à Maubourguet, un particulier s’attaquait au même défi.
« Une fois broyée, la rafle peut absorber entre trois et cinq fois son poids en eau »
- © Eurocob
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Fusion des coopératives
« Chacun essayait de faire quelque chose avec ce déchet, les semenciers avaient un intérêt puisqu’ils avaient déjà la matière première, explique le directeur d’Eurocob. Ils s’en sont servis pour faire de l’aliment pour les animaux, en les broyant avec les huiles ». Entre le Béarn et le Pays basque, la concurrence fait rage et le démarchage des clients de l’autre ne fait alors qu’empêcher l’activité de se développer. Euralis rachète le site de Maubourguet et en 1999, les deux group…