Depuis son bureau avec vue imprenable sur la piste de l’hippodrome du Pont-Long, Jean Brouqueyre, son directeur, n’a de cesse de le rappeler : les courses hippiques font partie de la conséquente offre sportive paloise, au même titre que le rugby, le foot, le basket, le hand, le canoë-kayak ou encore le golf… « À l’hippodrome, on vend une émotion, on ne vend pas du pari hippique », introduit-il ainsi, rappelant ce qu’il nomme l’ADN de l’hippodrome palois : l’encouragement de la race chevaline. Près de 200 ans après le lancement des premières courses, en 1842, l’hippodrome de Pau est aujourd’hui non seulement une proposition de divertissement incontournable pour les habitants mais, aussi, pour tous les amateurs de courses hippiques en France.
70 000 visiteurs en 2023
Avec 70 000 personnes accueillies l’an dernier, l’hippodrome de Pau, dixième hippodrome de France en termes de fréquentation (sur 235) et deuxième pour les courses à obstacles, se place comme « une locomotive du monde des courses hippiques » selon son directeur. À quelques jours du lancement de la saison des courses appelée Meeting d’Hiver, qui durera jusqu’en février, Jean Brouqueyre affiche ses ambitions pour que le site palois conserve son statut et attire toujours autant et même davantage de spectateurs, par ailleurs parieurs. « Le pari hippique à l’hippodrome avait beaucoup régressé ces dernières années, notamment depuis le Covid. Aujourd’hui, il est à 1,3 million d’euros », resitue le directeur, en fonction depuis 12 ans. « J’espère, d’ici trois ans, atteindre un volume identique à celui de 2010. En l’occurrence, 1,5 million d’euros. »
Une ouverture au grand public
La dernière décennie a, en effet, particulièrement fragilisé l’industrie des courses hippiques entre Covid et baisse des paris PMU comme dans les hippodromes, obligeant l’hippodrome du Pont-Long à s’ouvrir. D’une part, lors des courses, que Jean Brouqueyre qualifie de « journées conviviales et familiales » : « Nous souhaitons que les Palois s’approprient cet espace patrimonial. Bien entendu, le pari hippique reste la finalité. Pour autant, notre ambition, c’est de faire de l’hippodrome un lieu de vie incontournable, en décloisonnant l’image parfois élitiste du milieu du cheval », résume-t-il. Depuis 2003 et la rénovation des tribunes, à laquelle a participé la ville de Pau, l’entrée gratuite a été instaurée en ce sens. Par la suite, avec l’arrivée de Jean Brouqueyre, des points d’amélioration ont été identifiés pour augmenter son attractivité, en témoigne l’offre de restauration qui génère 400 000 euros de chiffre d’affaires.

© Hippodrome de Pau
Diversification réussie
Par ailleurs, hors journées de courses, la diversification s’est également imposée pour pallier la baisse des revenus liés aux paris. Prestations d’entretien de gazon, vente de compost, mise en place de partenariats, accueil d’événements… : autant d’activités annexes qui permettent aujourd’hui à l’hippodrome d’afficher des finances saines et un budget de fonctionnement de 3,5 millions d’euros. Pour autant, Jean Brouqueyre, en sa qualité de directeur de la Société d’encouragement des Pyrénées-Atlantiques qui gère le site, se qualifie de « gestionnaire » mais en aucun cas de « philanthrope » : « Nous sommes une association loi 1901 : dans ce cadre, on ne me demande pas de gagner plus d’argent mais de m’occuper de la stratégie de l’ensemble de la société des courses ».
J’espère, d’ici trois ans, atteindre 1,5 million d’euros de paris hippiques
Un centre d’entraînement réputé
Si la structure s’est renouvelée, son directeur tient malgré tout à rappeler, encore une fois, que le sport hippique demeure le cœur de métier de l’hippodrome, « avec de très belles courses et des infrastructures de qualité ». En témoigne le centre d’entraînement situé sur le site qui participe à la viabilité du modèle économique de l’hippodrome grâce au droit de piste dont s’acquittent les éleveurs propriétaires pour la mise à disposition des infrastructures à l’instar des pistes en sable, pistes en gazon, obstacles… Ici, 500 chevaux sont hébergés à l’année, ce qui représente 300 emplois directs et 20 entraîneurs, parmi lesquels Jean-Claude Rouget et François Rohaut.
« Garder notre superbe »
Ces deux pointures, qui contribuent grandement au succès du centre d’entraînement palois, partiront bientôt à la retraite : une situation que Jean Brouqueyre considère avec la plus grande vigilance. « Nous sommes le troisième centre d’entraînement français après Chantilly et Maisons-Laffitte. Nous devons absolument garder notre superbe : il y a un vrai challenge sur le renouvellement de la génération », relève le directeur, qui sait combien relever ce défi est majeur pour que l’hippodrome conserve sa place. « Nous devons et nous allons nous maintenir, pour que ce lieu de vie soit ancré dans ce siècle-là. »