Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Hyport : l’hydrogène vert débarque à l’aéroport de Toulouse

La première station de production et distribution d’hydrogène vert a été inaugurée à l’aéroport Toulouse-Blagnac. L’Hyport permet aujourd’hui à 5 bus à hydrogène de circuler sur la zone aéroportuaire. Une première en Europe.

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La station Hyport de l'aéroport Toulouse Blagnac © Léo Arcangeli / Région Occitanie

Le bus à hydrogène s’élance dans un bruit aigu vers sa station de recharge de l’aéroport Toulouse-Blagnac. Pour la première fois en Europe, des véhicules vont pouvoir se recharger en hydrogène produit directement sur place. « C’est une fierté » reconnaît Guillaume de La Grand’rive, chef de projets hydrogène chez Engie. « D’autant plus que l’hydrogène est produit grâce à de l’électricité d’origine renouvelable et locale. » En effet, le courant nécessaire provient des barrages hydroélectriques dans les Pyrénées et de la ferme agrivoltaïque de Fanjeaux (Aude).

9 tonnes d’eau par jour

Toutefois, si l’hydrogène est produit grâce à de l’électricité d’origine renouvelable, le processus nécessite également beaucoup d’eau. Du courant doit passer dans de l’eau (H20) afin d’isoler l’hydrogène (H2). « On estime nos besoins à 22 litres d’eau par kilo d’hydrogène produit. Mais seulement 9 litres sont utilisés, le reste est rejeté après filtration » précise Guillaume de La Grand’rive. Cela monte toutefois la facture à 9 tonnes d’eau par jour.

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Le tracteur d’avion devant la station Hyport © Maxime Fayolle

Servir jusqu’à 200 véhicules légers

Aujourd’hui, la station de l’aéroport sert principalement à 5 bus hydrogène : 2 sont utilisés pour convoyer les employés d’Airbus et 3 assurent le transport des voyageurs du parking à l’aéroport. Mais cette station Hyport permet aussi de recharger des tracteurs d’avions et des groupes électrogènes qui vont alimenter les avions au sol. « Concrètement aujourd’hui, lorsqu’un avion ne vole pas, il utilise du kérosène pour alimenter la cabine en électricité au sol. Désormais, on utilisera ces groupes électrogènes alimentés en hydrogène vert et on va réduire les émissions de CO2 » s’enthousiasme Guillaume de La Grand’rive.

A l’étranger, l’hydrogène n’est plus une question

La station Hyport peut alimenter jusqu’à 20 bus ou 200 véhicules légers par jour. Deux stations ont d’ailleurs été implantées : la première pour les véhicules de l’aéroport, la seconde est publique et pourra alimenter le véhicule hydrogène de Monsieur tout le monde lorsque celui-ci sera un peu plus démocratisé. En cas de surplus de production, une solution de stockage est prévue. « On peut conserver environ 1 jour de production » calcule Guillaume de La Grand’rive. « Le surplus pourra servir à des industries qui veulent décarboner leurs usages ou à la fabrication de e-kerosen. »

Un investissement de plus de 7 millions d’euros

Cette station de l’aéroport Toulouse-Blagnac a nécessité un investissement de 7,2 millions d’euros. Les actionnaires principaux que sont Engie (51%) et l’Agence régionale Energie Climat Occitanie (AREC – 49%) ont investi un total de 5 millions d’euros. L’ADEME et la Région ont complété l’enveloppe. « La question de l’hydrogène n’est pas celle de demain mais d’aujourd’hui » a rappelé la présidente de la région Occitanie Carole Delga. « A l’étranger, ce n’est même plus une question » rappelait-elle à des collègues dans le bus (à hydrogène) du retour, vantant les progrès rapides de l’Allemagne dans ce secteur.

La Région investit plus de 6 millions d’euros pour l’achat de camions à hydrogène

Parallèlement à l’inauguration de la station Hyport à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, la région Occitanie a voté en commission permanente une aide de 6,6 millions d’euros pour aider plusieurs transporteurs nationaux à acquérir 25 véhicules à hydrogène.

La Région continue de mettre en place son projet « Corridor H2 » pour décarboner le transport des poids lourds de marchandises en transit en Occitanie. L’investissement global sur ce Corridor H2 atteint 110 millions d’euros et doit permettre à terme l’installation de 55 stations de distribution d’hydrogène sur les routes occitanes et le déploiement de 3 000 véhicules.

A terme, la région doit se doter de 6 stations capables de produire de l’hydrogène. La première est donc en service, il s’agit celle de l’aéroport Toulouse-Blagnac. En 2024, les sites de production de Bessières (Haute-Garonne), Port-la-Nouvelle (Aude) et Onet-le-Château (Aveyron) entreront en service. Celui de Martres-Tolosane (Haute-Garonne) est attendu pour 2025, quand celui de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) est espéré pour 2027. Des investissements colossaux mais nécessaires quand on sait que la demande en hydrogène pourrait être multipliée par 8 d’ici 2050 comme le prévoit Engie.