Alors que les défaillances d’entreprises atteignent des niveaux records chez les promoteurs immobiliers*, à Toulouse, une entreprise fait mieux que résister : LP Promotion a levé en septembre dernier 34 millions d’euros auprès des banques Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées et Arkea pour financer le déploiement de son plan stratégique. « C’est la preuve que nos partenaires croient en nos projets », se félicite Pierre Aoun, directeur général du groupe qui développe des résidences d’habitation et de services, dont il assure également la gestion et le syndic. Loin de s’apitoyer sur le contexte tendu, le dirigeant veut voir dans cette période difficile, « une opportunité de réfléchir, d’avancer » et de se réinventer.
Un changement de paradigme
L’immobilier doit faire face selon Pierre Aoun à « un changement de paradigme » durable. « Le ralentissement de l’acte constructif n’est pas conjoncturel, il va durer. On ne va plus construire 450 000 logements par an en France, on atteindra au maximum 300 000 logements », affirme Pierre Aoun. « Il faut construire mieux et limiter la consommation des terres, c’est une évidence, mais cela a un coût », martèle-t-il. Quand en parallèle l’État supprime les incitations fiscales en faveur des investisseurs privés (loi Pinel), et que les taux d’intérêt augmentent, la machine s’enraye et la production de logements privés s’arrête faute d’acquéreurs. « Il faut savoir que pour qu’un promoteur démarre un programme, il doit avoir vendu en amont un certain volume de logements », rappelle Pierre Aoun. « Pour le moment, on voit toujours des grues sur des chantiers, car on construit les projets signés il y a trois ans, mais dans trois ans, on ne construira plus », alerte le dirigeant.
« Nous allons bientôt lancer notre propre marque dédiée à la réhabilitation »
Diversifier l’activité
Dans cet avenir fragile pour l’immobilier neuf, LP Promotion porte un nouveau plan stratégique. Le groupe, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 256 millions d’euros en 2023 et vise les 300 millions pour 2024, veut certes renforcer sa position d’acteur majeur dans la production de logements résidentiels classiques et intermédiaires, mais également développer d’autres axes de croissance.
Dans cette optique, LP Promotion vient de nommer Sébastien Alves, ancien directeur régional Île-de-France, au poste de directeur délégué en charge de la réhabilitation, la diversification et les ventes institutionnelles. « Nous allons bientôt lancer notre propre marque dédiée à la réhabilitation », confie Pierre Aoun. Le groupe vient par ailleurs de lancer un nouveau concept de mini-résidences seniors, appelé Serenly. À terme, le dirigeant souhaite que les activités réhabilitation et résidences gérées constituent 50 % du chiffre d’affaires du groupe, contre 30 % avant la crise.
Le groupe vise les 300 millions de chiffre d’affaires pour 2024
Au cœur des territoires
Le groupe de 250 salariés veut également poursuivre son déploiement territorial. Implanté dans cinq régions de France – Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Pays de la Loire – à travers 9 agences, il prévoit de se déployer sous peu en Bretagne. « Pour répondre aux besoins spécifiques de chacun des territoires, il faut y être physiquement présent », estime le DG qui veut aller au-delà de l’acte de construction. « Je ne m’en vais pas une fois que la résidence est livrée ». Actrice des territoires où elle s’implante, l’entreprise sponsorise par exemple le TFC et l’Aviron Bayonnais, mais aussi près de 80 associations.

© Adrien Nowak – La Vie Economique
Un dirigeant optimiste
Malgré le contexte, Pierre Aoun est ainsi optimiste pour l’avenir du groupe qu’il a rejoint en 2004 sans y être vraiment destiné. « J’ai étudié à Toulouse Business School et obtenu un MBA à New York en 2002. Je souhaitais rester là-bas pour travailler dans la finance », se souvient-il. Un ami d’enfance lui propose pourtant de revenir à Toulouse pour travailler avec lui. Il s’agit de Laurent Ponsot, fils de Lucien Ponsot, architecte et hôtelier fondateur en 1996 de LP Promotion. « Avec Laurent, on se connaissait très bien. C’était mon voisin de classe en seconde, puis mon colocataire lorsque nous avons étudié à Barcelone ». Ne trouvant pas d’opportunités professionnelles à New York – « il était difficile pour un étranger de se faire recruter juste après les attentats du 11 septembre » -, Pierre Aoun accepte finalement de rejoindre son ami dans l’aventure LP Promotion, qui employait alors 10 personnes. Ce qui devait être une simple expérience devient pour le Toulousain une véritable révélation. Vingt ans plus tard, Pierre Aoun s’épanouit toujours dans un secteur aussi passionnant qu’en mutation : celui qui lui permet de contribuer à « faire la ville pour ceux qui y habitent ».
*Source : Étude EY – AU : Défaillances d’entreprises, faut-il s’inquiéter pour 2024, février 2024