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Inovchataigne : chauds les marrons !

À Saint-Médard-de-Mussidan, entre Périgueux et Bergerac, Inovchataigne pèle, transforme et conditionne des châtaignes. Plus de 600 tonnes sortent de ses locaux chaque année.

Inovchataigne

Yann Rosales, directeur industriel de la branche fruits et légumes à Terres du Sud © Loïc Mazalrey - La Vie Économique

Le Sud-Ouest est une terre de gastronomie, ce n’est un secret pour personne. Plus confidentielle, la châtaigne fait partie des richesses du terroir dont la région est la deuxième plus grande productrice en France. Forts de ce constat, cinq Périgourdins ont, en 2002, créé Inovchataigne, à Saint-Médard-de-Mussidan.

Ensemble, ils ont travaillé au développement d’une solution innovante pour peler ce fruit difficile à éplucher. En l’occurrence, ils ont créé une inciseuse qui coupe la peau de la châtaigne préalablement chauffée, mais pas brûlée, comme le voulait la tradition. « Ainsi, on garde les valeurs nutritionnelles du fruit », souligne Yann Rosales, directeur industriel de la branche fruits et légumes chez Terres du Sud.

600 tonnes par an

En 2020, Terres du Sud est entré au capital, en rachetant 45 % des parts, le reste demeurant dans les mains des associés historiques. Depuis, l’entreprise, éclatée sur trois sites, cherche à augmenter sa capacité de production, mais également gagner en efficacité en trouvant un seul et même site où installer ses locaux. 600 tonnes de châtaignes sortent chaque année des locaux d’Inovchataigne, dont la moitié est issue d’une production locale, du Périgord-Limousin et Lot-et-Garonne. Cette récolte provient des 20 hectares de vergers, situés à Busserolles, acquis en 2014 et réhabilités, mais également de 20 autres hectares plantés en 2018 à Lamonzie-Saint-Martin. Ce dernier, fait office de « laboratoire » pour tester une plantation intensive sur le modèle de gestions des pommiers.

D’autres parcelles sont également louées et entretenues par Inovchataigne. « On travaille avec la Cuma des Peloux, et nous avons trois récolteuses », relève Yann Rosales. La SAS travaille également avec des opérateurs locaux comme La Périgourdine, Limdor ou encore la Socave. « Ils collectent les fruits qu’ils revendent frais pour la plupart, et on récupère les petits calibres », détaille le directeur. Ensuite, l’entreprise bénéficie des récoltes d’environ 150 apporteurs privés, « de la petite mamie avec sa voiture sans permis au particulier qui a un verger », sourit-il.

Inovchataigne

© Loïc Mazalrey – La Vie Économique

Récolte 2023 « catastrophique »

La récolte 2023 a été « catastrophique », rapporte le directeur industriel. À cause de la chaleur, les fruits ont été bloqués sur les arbres, et d’autres pas bons à vendre en raison de champignons. 2024, dont la récolte a commencé très en retard (presque mi-octobre), s’annonce être une année « très qualitative mais avec peu de volumes ». Certains agriculteurs voient leur récolte divisée par trois à cinq. Pour augmenter les volumes de fruits traités par le site de Dordogne, deux nouveaux dépôts ont été ouverts cette année, « pour davantage de gisements », et avoir de nouveau apporteurs, situés notamment dans l’Aveyron. Mais chaque châtaigne collectée est apportée et traitée dans le site périgourdin.

Avec l’entrée de Terres du Sud au capital, Inovchataigne espère avoir de nouveaux fournisseurs. Des plans sont proposés aux adhérents, des Belfer « adaptés à la transformation », et un support technique est apporté le temps de la croissance des plants. La coopérative propose aussi des prestations de récolte. 

Inovchataigne

© Loïc Mazalrey – La Vie Économique

12 salariés

Inovchataigne compte 12 salariés dont les effectifs montent à 30 pendant la saison. En plus des châtaignes françaises, le double est importé d’Espagne, d’Italie et du Portugal pour la transformation. 50 % de la production est certifiée bio, et 70 % de la production part à l’étranger, vers l’Allemagne, l’Autriche ou encore la Belgique. « On travaille avec de grands supermarchés à l’export, tout part par camion. » 95 % des châtaignes sont cuites et conditionnées sous vide, mais l’entreprise propose également des produits comme de la crème ou de la farine.

70 % de la production part à l’étranger, vers l’Allemagne, l’Autriche ou encore la Belgique

Nouveaux produits

La part de la production destinée à la France est envoyée chez des grossistes en vente, en boucherie-charcuterie, ou pour des traiteurs pour la réalisation des boudins, ou en magasins bio. Deux nouveaux produits sont attendus pour la fin d’année en grande et moyenne surface : une nouvelle crème de châtaigne et des étuis avec des châtaignes sous-vide. Le directeur industriel de la branche fruits et légumes ajoute : « nous avons un vrai savoir-faire sur le travail du fruit, et nous aimerions développer de nouveaux produits et aller par exemple sur le grignotage ».

La SAS espère pouvoir agrandir ses locaux et acheter plus de matériel pour augmenter sa capacité de pelage. Et la châtaigne, produit vedette des fêtes, provoque une grosse saisonnalité sur l’activité de l’entreprise. « Entre septembre et décembre, les expéditions tournent à fond, et comme on pèle en hiver, on vend l’année d’après. » Les marrons qui embelliront les tables de vos fêtes sont donc en pleine production.