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Interfel : une filière mobilisée pour ses métiers

Le comité régional d’Interfel a tenu son assemblée générale le 23 mai dernier. L’occasion de faire le point sur la consommation des fruits et légumes en Nouvelle-Aquitaine et l’attractivité des métiers d’une filière où les besoins en compétences sont réels.

© D. R.

Première région agricole de France, deuxième région pour l’agriculture biologique, la Nouvelle-Aquitaine est un véritable jardin où les productions sont nombreuses et diversifiées. Ainsi, chaque année, ce sont 80 fruits et légumes différents qui se succèdent dans la région en fonction de la saisonnalité. Forte de ce constat, l’interprofession des fruits et légumes, Interfel, a décidé en 2020 de se doter d’un comité régional. Celui-ci a tenu son assemblée générale le 23 mai dernier à Bordeaux Science Agro.

1re région agricole de France

Malgré la crise agricole hivernale qui a été particulièrement intense dans le Sud-Ouest, notre région conserve son statut de leader national. En effet, avec 830 000 tonnes de fruits et légumes frais produits l’an passé, la Nouvelle-Aquitaine conserve sa première place avec des productions phares : les carottes, l’asperge, le kiwi, la noisette, la fraise et le maïs doux. De plus, elle se classe deuxième au rang français pour la tomate, l’aubergine, la framboise, la noix et la châtaigne. Et elle complète le podium tricolore pour la production de melon, courge, citrouille, potiron et prune. Du point de vue de la production, l’interprofession n’est donc pas inquiète.

Jean-Hugues BELLAND, président du comité régional Interfel Nouvelle-Aquitaine © D. R.

De l’attractivité des métiers

En revanche, c’est du côté de l’attractivité des métiers et des besoins en compétences que le bât blesse. Et la Nouvelle-Aquitaine n’est pas isolée en France : les fermes se transmettent de plus en plus difficilement, les vocations chutent et le nombre d’agriculteurs est passé en dessous de 400 000 dans l’Hexagone, un record historique. Un sujet qui préoccupe grandement le président du comité régional, Jean-Hugues Belland : « Interfel Nouvelle-Aquitaine se mobilisera pour accompagner les acteurs de l’emploi, de l’orientation et de la formation présents dans la valorisation des opportunités proposées par les entreprises du territoire et s’engagera pour mettre en lumière les parcours d’évolution professionnelle au sein de la filière des fruits et légumes frais ». Le mot d’ordre est donc lancé pour les métiers de la filière fruits et légumes : la mobilisation est de mise.

« Les volumes sont corrects mais les cultures ont un bon mois de retard »

Une consommation moyenne

Au-delà de ce constat alarmiste, la consommation demeure stable dans notre région. Ainsi, 158 kg de fruits et légumes frais sont achetés en moyenne par ménage néo-aquitain chaque année pour un budget moyen de 403 euros. Une moyenne inférieure à nos voisins d’Occitanie avec 178 kg et de Paca avec 190 kg : « Il y a un effet jardin avec des particuliers qui font leur potager et un climat qui s’y prête. Presque chaque maison a son figuier dans le Sud-Ouest ! » explique Jean-Hugues Belland. Des achats qui s’effectuent très majoritairement (73 %) en grande distribution (source Kantar). Parmi ces tendances, il est à noter que l’essor de la vente directe lors de la crise sanitaire n’a pas perduré puisque ce mode d’achat ne représente plus que 2 % de la consommation. Un paradoxe selon le président du comité régional : « Il y a des antinomies surprenantes. Les citoyens veulent des produits territoriaux mais les consommateurs ne comprennent pas de ne pas avoir d’offre en ananas et mangue. Il y a un décalage entre la demande citoyenne et la réalité de la consommation ».

« Il y a un décalage entre la demande citoyenne et la réalité de la consommation »

Une saison 2024 en retard mais correcte

Quand on interroge Jean-Hugues Belland sur la crise agricole hivernale, celui-ci ne s’avoue pas surpris tant « les agriculteurs ne sont pas rémunérés à leur juste valeur, surtout par rapport aux efforts qu’ils font ». Et les pluies abondantes du début d’année sont un aléa supplémentaire à surmonter : « Heureusement, nous n’avons pas eu de gelée ou d’orages violents. Les volumes sont corrects mais les cultures ont un bon mois de retard. L’avantage, c’est que les productions françaises ne vont pas se télescoper avec les produits espagnols sur les étals », précise Jean-Hugues Belland. Malgré ce contexte incertain, le président tient à rappeler les atouts de la Nouvelle-Aquitaine : « Nous sommes la 1re région en volumes et en labels de qualité. Nous sommes une région qui bouge ! À nous de communiquer sur les opportunités de carrière et de développement dans notre filière, notamment auprès des jeunes ».

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Les fruits et légumes en Nouvelle-Aquitaine

830 000 tonnes produites par an (14 % des fruits français et 12 % des légumes)

5 150 entreprises, 24 000 emplois

1re région agricole de France

5 indications géographiques protégées : asperge, kiwi, fraise, melon et kiwi

3 appellations d’origine protégée : noix, pomme et piment

7 Label Rouge : fraise, kiwi, marron, piment, reine-claude, tomate, asperge

3,6 milliards d’euros de chiffres d’affaires

Lot-et-Garonne : 1er département producteur de fraise, de noisette et de pruneau en France

Interfel : histoire et missions

En 1976, Interfel est créé pour rassembler l’interprofession agricole des filières fruits et légumes de France. L’association a pour objectif de soutenir et développer la consommation de fruits et légumes frais. C’est à elle que l’on doit la fameuse campagne des années 2000 pour manger « 5 fruits et légumes par jour ». En 2020, un comité Interfel Nouvelle-Aquitaine est créé pour agir au plus près des productions régionales. Il rassemble l’ensemble des métiers de la filière fruits et légumes : les producteurs, les coopératives, les expéditeurs, les grossistes, les distributeurs et la restauration collective. Jean-Hugues Belland, opérateur de gros sur le marché de Bordeaux et d’Agen, en est le président.

L’agriculteur, chef d’entreprise de demain

Dans le cadre de France 2030, un appel à manifestation d’intérêt appelé « Compétences et métiers d’avenir » a été lancé. Il a permis à la filière d’enclencher un précieux processus de diagnostic des besoins en évolution de compétences et de la problématique de la formation. Ce diagnostic met en évidence la méconnaissance des métiers de la filière et de leur attractivité, situation qui commence dès le recrutement des étudiants dans les écoles. D’où la nécessité de mettre en œuvre un vrai plan de communication pour les faire connaître et les valoriser. Il préconise également la création de nouvelles formations, permettant l’acquisition de compétences transversales, avec pour objectif de couvrir le champ complet des aptitudes nécessaires à la future évolution des métiers. Car aujourd’hui, un agriculteur est devenu un véritable chef d’entreprise.