Jusqu’à 12 000 dollars la tonne en avril dernier soit une hausse de 180 % depuis janvier et le record historique de 1977 à 5 379 dollars la tonne est désormais pulvérisé, le marché du cacao est en crise. Habituellement commercialisé de 2 000 à 3 000 dollars la tonne (avec des montants beaucoup plus élevés pour les grands crus), la flambée du tarif du cacao a fait l’actualité cet été. Environ cinq millions de tonnes sont produites chaque année, la Côte d’Ivoire et le Ghana fournissant près de 60 % du marché mondial. Des pluies abondantes en juin et en octobre 2023 puis une période de sécheresse dans ces deux pays ont fait chuter les rendements de leurs récoltes et provoqué logiquement cette augmentation record des prix.
La France septième importateur mondial
Comme la France importe 439 000 tonnes de cacao par an (chiffres de la période 2012-2021), la hausse annoncée du tarif de la matière première pourrait bien se répercuter sur les prix des tablettes, gâteaux et viennoiseries achetés quotidiennement. Sylvain Gautier, boulanger de la Maison Gautier d’Anglet, a constaté une augmentation d’environ 80 % des tarifs de son fournisseur de chocolat. « Cela ne nous empêchera pas d’en acheter » assure-t-il d’autant qu’il en consomme assez peu. En plus des traditionnelles chocolatines, la Maison Gautier produit un gâteau, une mousse et un brownie au chocolat. Les boulangeries et pâtisseries artisanales seront beaucoup moins impactées que les grandes surfaces qui commercialisent 70 % du chocolat en France.
Jusqu’à 12 000 dollars la tonne contre 2 000 à 3 000 habituellement
Une crise également structurelle
Du côté des chocolatiers, c’est autre chose. Basé à Cambo-les-Bains, Christophe Puyodebat achète 60 tonnes de fèves et de chocolat chaque année pour fournir ses cinq points de vente. Comme ses prix d’achat sont fixés à l’avance, la crise actuelle ne le concerne pas vraiment. De plus, la majorité de son chocolat vient du Venezuela et du Brésil avec des grands crus à parfois 10 000/12 000 dollars la tonne. Connaissant parfaitement le marché du cacao, Christophe Puyodebat n’est pas surpris par l’inflation actuelle. « Les producteurs africains sont trop peu payés pour rester compétitifs », déplore-t-il. À la mauvaise récolte 2023 s’ajoutent en effet des causes structurelles comme le vieillissement des cultures et l’organisation de la production des deux principaux pays producteurs d’Afrique.