La maison familiale du pays des bastides où Emmanuel Delvaux a passé son enfance, écolier dans la classe unique tous niveaux du village, est restée son point d’ancrage au fil de ses étapes professionnelles à l’étranger. Elle est devenue le siège de JM mon terroir, fondée en 2023 pour distribuer des productions locales. « J’ai toujours aimé ce lieu, le conserver m’a motivé dans mon cursus », d’Angleterre où il obtient un master inconnu en France, certification concernant la production en grandes séries, à sa valorisation au sein du groupe Schlumberger durant 24 ans. Un profil de créateur d’entreprise rassurant pour les institutionnels locaux : Périgord Développement et La Truffe ont mis en avant ce nouvel investisseur lors de la rentrée économique.
Défendre des productions de qualité et de bon goût
Le dirigeant s’est attaché à l’intérêt social de son entreprise. « La population de Dordogne est vieillissante, avec des personnes souvent isolées et peu mobiles en milieu rural. » S’ajoute sa farouche volonté de défendre des productions de qualité et de bon goût : « On trouve ici une offre très variée et souvent méconnue, comme le piment Habanero. » Après un an de visites et de tests pour construire un catalogue, 60 producteurs de Dordogne et du proche Lot-et-Garonne travaillent avec JM mon Terroir, soit 800 références. « Plus j’avance et plus j’en trouve, dans les volumes attendus et une heure alentour. »
Le canal e-commerce le place hors concurrence, ce mode de distribution reste dynamique, surtout en milieu rural. 1 000 visiteurs mensuels fréquentent la boutique en ligne, dont seulement 40 % sur mobile. « 70 % des clients passent commande en ligne et 20 % par téléphone, voilà pourquoi nous avons aussi édité un catalogue papier, j’ai même reçu un coupon-réponse par La Poste ! Nous livrons dans 80 communes mais certains sont curieux de venir nous rencontrer ici. » Une base de 200 clients est déjà enregistrée sur le site, dont le chiffre d’affaires croît de 25 % chaque trimestre. Il s’agit de particuliers à 90 %, dont 30 % réguliers, pour un panier moyen de 75 euros. JM mon terroir est devenu la marketplace de Ravir 24, groupement d’artisans des métiers de bouche, qui renvoie vers ce site pour des expéditions. La start-up propose des livraisons pour des réunions d’entreprises ou événements familiaux. Après avoir fleuri dans un camping cet été, une boutique éphémère s’installera pour les fêtes de fin d’année sur le site de JM mon terroir.
© Loïc Mazalrey – La Vie Économique
Faciliter l’accès aux services
Son expérience de DRH guide le dirigeant vers le monde de l’entreprise, « pour fidéliser des salariés qui attendent une aide dans leur quotidien, nous pouvons les mettre en relation avec des prestataires locaux, ajouter ce service à notre socle ». Dans son esprit, l’alimentaire est « une porte d’entrée importante en Périgord pour faciliter l’accès à d’autres propositions ». Le dirigeant transmet ses connaissances à des alternants issus du territoire, un profil commercial succède à celui d’acheteur. Investi au conseil d’administration d’Aide 24, association de retour à l’emploi basée à Bergerac, il prévoit d’y recourir dans une double approche économique et sociale.
Emmanuel Delvaux a investi un peu plus de 200 000 euros pour transformer une ancienne grange en bâtiment aux normes livré fin 2023, acheter le véhicule électrique réfrigéré auquel il tenait pour les livraisons. Son engagement envers les producteurs passe par l’achat du stock, « ma conception de nos relations, et je propose un prix public identique au leur ».
Je visite chaque artisan ou agriculteur dans son environnement de travail et valide mes choix lors de soirées dégustations
Brillante carrière à l’international
Sa vie familiale d’expat’ n’a pas craint le choc des climats et de la géopolitique : Libye, Norvège, Abou Dabi, Qatar, Dubaï, France, Angleterre, Sénégal… À un rythme moyen de trois ans à chaque étape. Emmanuel Delvaux a enchaîné les expériences au sein du même groupe : ingénieur puis responsable projet (construction d’une centrale pétrolière pour 3 milliards de dollars en Libye), technico-commercial en centre de recherche, marketing produit, développement Moyen Orient (150 personnes, 50 millions de dollars de CA), activité commerciale en Asie et mondiale d’un département du groupe (1,5 milliard), direction marketing d’un groupe (7 milliards) et d’une région, puis DRH, responsable force de vente, responsable d’opération au Sénégal. Le coup d’arrêt de la crise covid a secoué l’exécutif : l’occasion de mûrir ce projet et de revenir à une qualité de vie.
