La Vie Economique : Pouvez-vous résumer l’activité de votre entreprise ?
Julien Leclercq : « Com’Presse est une agence de presse qui produit des magazines ou contenus digitaux clés en main pour des groupes de médias ou des entreprises pour leur communication, éventuellement des institutionnels aussi. On fait beaucoup de magazines prints, du contenu pour les sites Internet : photos, vidéos, podcasts. On a la particularité de travailler pour des marques médias avec un contenu grand public, notamment loisirs, alimentaire, cuisine, santé, nutrition, jardin, économie, jeunesse et bricolage. »
LVE : Comment vous est-venue l’idée d’écrire Chronique d’un salaud de patron en 2013 ?
J.L. : « J’ai commencé à écrire ce livre dans le train durant la période 2008-2009. Quand vous êtes à Astaffort, Lot-et-Garonne, vous ne connaissez pas les subprimes et Lehman Brothers. Subitement, cela devient une réalité : les budgets com sont coupés. On a perdu 1 million de chiffre d’affaires en 3 mois. On devait déposer le bilan au 31 décembre 2008. On n’avait plus de banque, l’expert-comptable nous disait d’arrêter, on avait énormément de dettes. Et le 1er janvier je vais souhaiter les vœux à ma mère qui m’a dit « On n’arrête pas, c’est notre boîte, c’est notre bébé ». Il y a un vrai relationnel maternaliste pour les entrepreneurs avec leur entreprise, surtout dans les boîtes familiales comme la nôtre. On décide de ne pas arrêter et de se battre. Je raconte dans ce livre comment on a sauvé cette boîte de manière très originale. Une des premières choses qu’on a dû faire c’est de baisser les salaires de 15 %. C’est moi qui m’en suis occupé avec les 40 salariés de l’époque. Je ne savais pas si ça allait marcher, ni quand on allait les récupérer. Je savais juste que si on ne le faisait pas, cela ne marcherait pas. Ils disent tous oui, très vite. C’était un beau retour des choses sur les valeurs qui étaient là depuis le début. »
J’ai sauvé la boîte en empruntant six fois 40 000 euros à des organismes de crédit en leur disant que je voulais partir en voyage de noces !
L.V.E. : Au-delà de la baisse de salaire, comment avez-vous réglé le manque de liquidités de votre entreprise ?
J.L. : « Avec 500 000 € de dettes et 200 000 € de découvert, il fallait qu’on trouve 250 000 € quel que soit le scénario. On a essayé d’apaiser les choses avec la banque mais il fallait de l’argent. Et quand une entreprise va mal, elle ne peut pas emprunter, toutes les banques nous ont dit non. J’ai appelé des organismes de crédit à la consommation en leur disant que je voulais partir en voyage de noces pour 40 000 €, un sacré voyage ! J’avais déjà un crédit mais il n’y a eu aucune vérification. C’est comme ça que j’ai emprunté six fois 40 000 € à 11 %… J’ai raconté ça en conférence : si j’avais demandé 240 000 € pour sauver des emplois, est-ce que je les aurais eus ? Factuellement, c’est plus facile en France d’emprunter pour faire le tour du monde ou acheter une voiture…