Couverture du journal du 30/05/2025 Le nouveau magazine

La Ferme de Gagnet : la flamme de l’armagnac

Au cœur de l’AOP Armagnac à Mézin, La Ferme de Gagnet collectionne les prix et médailles nationales avec ses productions maisons de flocs et armagnacs. À la tête de l’entreprise familiale, Marielle Tadieu se bat au quotidien pour maintenir ce niveau d’excellence et faire face aux difficultés rencontrées par l’ensemble du monde agricole. Rencontre avec une passionnée qui défend l’armagnac 100 % lot-et-garonnais. Mobilisée cet été sur les marchés de producteurs pour faire découvrir son précieux spiritueux au plus grand nombre, elle nous explique comment elle s'adapte aux aléas climatiques plus fréquents depuis 3 ans.

armagnac

Marielle TARDIEU, propriétaire de la Ferme de Gagnet © Louis Piquemil - La Vie Economique

La Vie Economique : L’été est-il synonyme de haute saison pour vous ?

Marielle Tardieu : « L’activité touristique estivale est très importante pour nous grâce aux marchés des producteurs qui servent de vitrine pour les consommateurs locaux, mais aussi pour les nombreux touristes qui viennent en Lot-et-Garonne. Beaucoup de Lot-et-Garonnais ne nous connaissent pas encore et nous découvrent à travers ces marchés et nos cocktails, notamment le fameux mojito gascon. Nous faisons 5 marchés par semaine du lundi au vendredi en juillet-août. C’est très fatigant, mais c’est indispensable pour notre activité économique car on y fait 10 % de notre chiffre d’affaires annuel. Nous sommes une petite structure sans une grande force commerciale, il est vital pour nous d’aller rencontrer les gens sur les marchés et se faire connaître par le bouche à oreille. »

LVE : Ce qui explique aussi, en plus de l’excellence des produits bruts, les efforts sur l’esthétique des bouteilles par exemple ?

M. T. : « Oui, l’an dernier nous avons repensé tout le marketing pour mieux valoriser nos produits. Nous avons retravaillé les étiquettes pour chaque produit, refait nos bouteilles pour distinguer les 3 gammes (VSOP, XO et hors d’âge). »

LVE : Tout est fait sur place à la Ferme de Gagnet ?

M. T. : « Oui même la distillation, faite par un distillateur ambulant qui vient avec ses alambics. Nous avons 10 hectares de vigne et nous stockons ensuite les flocs et armagnacs dans nos chais. »

« Nous avons créé les cocktails à base d’armagnac pour attirer une nouvelle clientèle »

LVE : Vous êtes aussi confrontée aux mauvaises conditions météorologiques de ces dernières années ?

M. T. : « Les aléas climatiques arrivent désormais chaque année, ce qui n’était pas le cas avant. Il y a 3 ans, c’était le gel puis la grêle et la sécheresse et maintenant un excès d’eau, c’est du jamais-vu ! Cette année, on retrouve les mêmes difficultés avec de la chaleur en journée et des orages la nuit, c’est un climat quasi tropical qui ne convient pas du tout aux vignes qui aiment la chaleur continue et sèche. Pour le floc, il faut que les raisins soient en surmaturité pour plus de sucre mais les conditions de macération ont changé. Avant, on les laissait 2-3 jours en cuve avec des sulfites mais depuis 3 ans au bout de quelques heures seulement ça part en fermentation, quoi qu’on fasse. Cela signifie que les raisins ont une structuration différente, sans que l’on sache encore pourquoi. Il faut surveiller de près la macération en évitant la fermentati…