Couverture du journal du 06/04/2024 Le nouveau magazine

La franchise en renouveau

A l’occasion de la publication de son livre « La franchise du futur », André Combe évoque les tendances et enjeux de ce secteur. Créateur du réseau Go Micro, dirigeant du cabinet France Consulting, André Combe est également l’un des cofondateurs du FranchiSpark, tout nouveau réseau social de la franchise.

André Combe

André Combe ©V.Biard

La Vie Economique : Quel est le sujet du livre ?

André Combe : « Je l’ai écrit avec Paulo Mauro, l’un de mes associés. Il a importé le concept de franchise au Brésil il y a une trentaine d’années. Le livre devrait sortir début février et fera 350 pages. Nous y expliquons le changement de paradigme s’opérant dans l’univers de la franchise. Nous y décrivons notamment 5 typologies ou générations de réseaux de franchise. »

LVE : Comment caractérisez-vous ces 5 typologies ?

A.E. : « Il y a d’abord le réseau qui va vivre des droits d’entrées des franchisés. Ensuite il y a ceux qui vont prendre les droits d’entrées et donner quand même un peu de service. La troisième typologie concerne les franchiseurs investissant dans le service aux franchisés. La quatrième est beaucoup plus structurée pour d’abord aider ses franchisés avant d’en profiter elle-même. La cinquième génération utilise pleinement les nouvelles technologies comme le metavers. »

LVE : Mais le metavers n’est-il pas pour l’instant qu’une belle promesse ?

A.E. : « C’est ce que l’on disait de l’Internet dans les années 90. »

La franchise est un booster de business

LVE : Que peut apporter aujourd’hui la franchise à un entrepreneur ?

A.E. : « La franchise est un booster de business. On gagne beaucoup de temps en bénéficiant d’un savoir-faire, d’une formation, d’affichages, de soutien, de nouveaux services. C’est la puissance d’un groupe. Il y a plus de 2 000 réseaux de franchises en France qui en est le premier pays européen. »

LVE : C’est ce qui motive les apprentis franchisés ?

A.E. : « Il se passe un phénomène depuis deux ans. Alors que les candidats à la création d’une franchise étaient en général âgés de 35 à 45 ans, ils ont maintenant de 25 à 50 ans. C’est un phénomène lié aux changements induits par la crise sanitaire de la Covid. Certains ne veulent plus travailler pour un patron et envisagent de s’établir à leur compte dans le cadre rassurant de la franchise. »

LVE : Quelles sont les tendances dans le secteur de la franchise ? Quels métiers y sont maintenant exploités en plus des secteurs traditionnels de la franchise comme la restauration ou le commerce ?

A.C. : « Beaucoup de métiers du service. Déjà parce que l’investissement est beaucoup moins important que dans le commerce. Ensuite, dans le service, le franchisé peut travailler seul, ce qui est impossible dans un restaurant. Un de mes clients vient de créer le premier réseau national d’escape game mobile. L’investissement pour rentrer dans cette franchise est de 30 000 euros véhicule inclut. Pour ouvrir un restaurant, c’est déjà 10 fois ce montant pour un pas de porte. »

LVE : Quels sont les secteurs économiques où la franchise n’est pas développée ?

A.C. : « J’en prépare une par exemple sur les services d’électricien, cela n’existe pas. Ce sont des clients de Marseille et nous allons la lancer au printemps. Je pense que l’on va aller de plus en plus sur l’intervention à domicile. »

« Aujourd’hui le défi est de passer des grandes villes françaises aux métropoles étrangères »

LVE : Et les services à la personne ?

A.C. : « C’est un secteur extrêmement concurrentiel sur lequel il est très difficile de se diversifier. De plus il faut parfois des certifications comme par exemple celle de l’hospitalisation à domicile. Et ce secteur du service à la personne a d’énormes problèmes de recrutement. Il n’est pas certain non plus que les avantages liés à la loi Borloo perdurent. »

LVE : Quelles sont les réussites que vous avez particulièrement remarquées ?

A.C. : « Par exemple les boutiques de prêt-à-porter Les Bohémiennes. Un concept de commerce de village lancé à Ascain par Anne-Laure Arruabarrena et qui va ouvrir ses douzième et treizième unité en janvier en Gironde. Je peux également citer Pitaya, le réseau de restaurants thaïlandais qui a explosé en quelques années et qui franchit les frontières. »

LVE : C’est nouveau ce développement international de franchise ?

A.C. : « C’est depuis quelques années. Auparavant les Français et aussi les Américains, malgré ce que l’on pourrait croire, étaient assez frileux pour internationaliser leur marché. Les franchiseurs commençaient par des grandes villes puis passaient aux villes moyennes et même aux petites villes. Aujourd’hui le défi est de passer des grandes villes aux métropoles étrangères. »

 

La franchise en France : chiffres-clés

Selon les chiffres de la Fédération française de la franchise, en 2021, la France comptait 1 965 réseaux de franchise rassemblant 79 134 franchisés. Ces réseaux de franchise ont réalisé un chiffre d’affaires de 68,79 milliards d’euros en s’appuyant sur leurs 447 711 salariés. Avec 360 enseignes l’équipement de la personne est le secteur le plus représenté suivi par l’alimentaire (219 enseignes), la restauration rapide (210 enseignes), les commerces divers (206 enseignes) et les services aux personnes (202 enseignes). Avec 15 162 points de vente, le secteur alimentaire est également le plus implanté suivi de l’équipement de la personne (9 197 points de vente), des services auto (8 607 points de vente), des commerces divers (7 939 points de vente) et de la restauration rapide (6 916 points de vente).