« Vous saviez que les SMS ont initialement été créés pour aider les personnes malentendantes à communiquer ? Et finalement, tout le monde s’est emparé de cette innovation ! » Une information tout sauf anecdotique pour Thérèse Donnet, cofondatrice de la start-up E-hé qui porte la marque Les Flâneuses. Car les Flâneuses, ces fauteuils mobiles antifatigue multifonctions, ont parcouru le même chemin. « Nous avons initialement développé cet outil pour venir en aide aux personnes en perte de mobilité. Aujourd’hui, il est utilisé par tout le monde : seniors, parents, enfants… », complète fièrement Yves Subarroque, cofondateur d’E-hé et frère de Thérèse.
Une histoire de famille
Au début des années 2010, Thérèse et Yves – travaillant l’une dans le milieu médical, l’autre dans le design d’usage – sont confrontés dans leur entourage proche à la problématique de la perte d’autonomie. « Je me suis beaucoup intéressée aux solutions existantes, notamment à celle des déambulateurs et j’ai constaté que les personnes qui en auraient eu besoin pour sortir préféraient rester chez elles plutôt que d’utiliser cet équipement qu’elles jugeaient stigmatisant », explique Thérèse. « Pendant plusieurs années, on en a parlé à chaque repas de famille, et en 2017 j’ai proposé à Thérèse que l’on crée nous-mêmes une solution », poursuit Yves. Aidés par le pôle autonomie santé de Lattes (Hérault), les deux entrepreneurs développent leur première Flâneuse en 2019.
Un outil pour tous
« Nous nous sommes rapidement aperçus que Les Flâneuses pouvaient intéresser bien plus de monde que les seules personnes ayant besoin d’une aide à la marche. » Car selon les entrepreneurs, « au cours d’une visite, 92 % du public est atteint par la fatigue ». Avec cette découverte, Thérèse et Yves trouvent leur cible commerciale – les espaces accueillant du public – et résolvent la problématique de l’équipement discriminant car les Flâneuses s’adressent désormais à tout le monde. Soutenus par Toulouse Métropole, les deux entrepreneurs testent ainsi la première version de leur Flâneuse en 2019 à la médiathèque José-Cabanis, au couvent des Jacobins, à la Halle de la Machine ou encore à la Cité de l’Espace.
Une gamme de Flâneuses
Aujourd’hui, ce sont près de 500 Flâneuses qui ont été vendues à plus de 100 établissements en France. Parmi eux, la BNF François-Mitterrand, le musée du Louvre et le musée d’Orsay à Paris, la médiathèque Pierre-Fanlac à Périgueux, le musée de la Résistance et de la déportation à Toulouse, mais aussi l’aéroport Paris Orly. « Nous avons développé différents modèles fabriqués dans les Hautes-Pyrénées par notre partenaire Milc. Pour les aéroports par exemple, la Flâneuse est équipée d’un espace pour porter les bagages et dispose de deux assises, notamment pour les enfants », explique Thérèse.
La start-up toulousaine, qui sort en 2025 un nouveau modèle pour l’extérieur – « à destination des parcs d’attractions notamment » – travaille par ailleurs sur une nouvelle Flâneuse pour les centres commerciaux, en partenariat avec la société Galimmo (reprise cet été par la foncière Carmila qui développe les centres commerciaux Carrefour).

Les Flâneuses sont présentes à l’aéroport Paris Orly © D. R.
Attaquer l’international
La start-up va également lancer en 2025 un nouveau mode de commercialisation, proposant les Flâneuses à la location. « Notre ambition est d’avoir 1 000 Flâneuses en circulation – achetées ou louées – d’ici la fin de l’année 2026 », indique Yves Subarroque. Des Flâneuses qui pourraient rouler hors de France. « Nous avons été contactés au Canada et nous pensons également à proposer nos équipements dans plusieurs pays européens », confient les codirigeants qui visent le million d’euros de chiffre d’affaires en 2026, contre 500 000 euros attendus pour l’exercice qui se clôturera au 31 mars 2025.
Lever 800 000 €
Pour doubler son chiffre, la start-up – qui ne compte pour l’heure que les deux cofondateurs – veut recruter : « des commerciaux, mais également des profils marketing et R&D ». Dans cette optique, E-hé cherche à lever 800 000 euros en 2025. Lauréate de l’édition 2024 du programme France Tourisme Tech piloté par le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, la start-up espère pouvoir convaincre des investisseurs à la suivre. Parmi les arguments, celui du marché potentiel. « Le marché mondial du confort à la mobilité dans les établissements est évalué à 27 milliards d’euros », conclut le dirigeant.
« Notre ambition est d’avoir 1 000 Flâneuses en circulation – achetées ou louées – d’ici la fin de l’année 2026 »