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LGV Bordeaux-Toulouse : horizon 2030 ?

Les travaux de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse ont débuté le 9 mai, avec les premiers coups de pioche au nord de la ville rose. Si toutes les instances politiques tablent sur une fin des travaux pour 2032, Carole Delga, la présidente de Région Occitanie, mise sur deux ans de moins.

© Lilian Cazabet - La Vie Economique

C’est une bataille de calendrier. Les travaux de la Ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse ont débuté le 9 mai par les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse (AFNT). Un démarrage attendu de longue date. « La promesse de construction de cette ligne date de 1991, par Michel Rocard. Je crois qu’on a su être patients ! » a souri le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. Il aura donc fallu plus de 30 ans pour que le Grand Projet Sud-Ouest (GPSO) passe de la feuille au terrain. « Et surtout, grâce à l’appui de Jean Castex qui a relancé ce projet en 2021 » a rappelé Carole Delga, présidente de région Occitanie.

2032 ou 2030 ?

Si le début des travaux a pris 30 ans de retard, la question de leur fin est également très débattue entre les différents acteurs politiques locaux. Si Mairie, Département et Préfecture s’accordent sur 2032, la Région mise toujours sur 2030. « Il faut marteler cette date de 2030 car c’est un argument pour obtenir davantage de financements européens. Il y a beaucoup de projets ferroviaires en Europe et l’UE veut que ses crédits soient utilisés rapidement. » 2030 ne serait donc qu’un effet d’annonce pour lever des fonds supplémentaires ? « Quand l’État a dit oui au projet de LGV, il s’est engagé sur 40 % du montant alors qu’il prenait en charge 50 % des autres projets du même genre », rappelle Carole Delga. Comprenez : il faut trouver la différence ailleurs.

« Il faut marteler cette date de 2030 pour obtenir des financements européens »

Un projet à 14 milliards d’euros

Sur les 14 milliards d’euros du projet, en plus de l’État (40 %), 24 collectivités territoriales de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie participent à hauteur de 40 % et l’UE est espérée à hauteur de 20 %. Mais l’Europe ne sort pas la somme en une seule fois. Cela se fait par tranches. L’an passé, ce sont près de 60 millions d’euros qui ont été débloqués et une nouvelle ligne de crédit est attendue dans les semaines à venir. La question du calendrier est donc cruciale pour débloquer ces fonds européens. Mais quel gage donner à l’Europe pour la convaincre d’une fin des travaux 2 ans plus tôt ? « Je ne suis pas technicien » botte en touche le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. Le président du Département de Haute-Garonne, Sébastien Vincini, estime qu’on peut gagner du temps du côté de la SNCF. Quant à Carole Delga, elle mise sur le progrès technologique. « Avec une bonne organisation et l’amélioration des techniques de pose des rails et de fonçage, on peut gagner de 1 an à 18 mois. »

« L’aire urbaine toulousaine est saturée. Il faut plus de trains »

Rampe de lancement du RER métropolitain

Derrière la question de la LGV entre Bordeaux et Toulouse, le début des travaux à Toulouse présente également un intérêt pour les futurs trains du quotidien autour de la Ville rose. Ces aménagements du nord toulousain (AFNT) sont en effet la rampe de lancement du service express régional métropolitain (SERM), le futur « RER métropolitain » là encore défendu bec et ongles par Carole Delga. « Nous avons besoin d’une mobilité décarbonée. L’aire urbaine toulousaine est saturée. Il faut plus de trains ! » Les AFNT vont permettre de construire 19 km de lignes nouvelles. C’est insuffisant pour la présidente de région. « Il est indispensable d’organiser le report de la voiture vers le train. Et cela est possible si le SERM va jusqu’à 70 km des aires urbaines. » Une distance qui permet de dépasser Montauban (Tarn-et-Garonne) et de frôler le Lot.

© Lilian Cazabet - La Vie Economique

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Voies doublées avec 2 voies rapides et 2 voies lentes

En attendant un futur arbitrage, les travaux actuels vont tout d’abord se concentrer sur ces 19 km au nord de Toulouse, jusqu’à Castenlau d’Estrétefonds. Les voies vont être doublées avec 2 voies rapides et 2 voies lentes. Les installations existantes vont également être modifiées notamment la signalisation et les télécommunications. « Nous allons faire en sorte de limiter les impacts sur les utilisateurs. Mais avec un réseau pleinement exploité, c’est un grand défi ! » explique Matthieu Chabanel, PDG de SNCF Réseau. Par ailleurs, six gares vont être réaménagées (Castelnau, Saint-Jory, Fenouillet-Saint-Alban, Lacourtensourt, Lalande-Eglise et Route de Launaguet). « La halte de Lespinasse sera également ajoutée au projet », note Carole Delga. Ces aménagements vont permettre une desserte par le futur RER métropolitain et des connexions avec la future ligne C du métro toulousain, qui sera terminée en 2028. Si tout va bien dans le calendrier.