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Logement / Dordogne : du social à l’économique

Institutionnels, associations, élus et bâtisseurs se sont mobilisés à Périgueux pour modeler un centre d’accueil et de logement d’urgence qui devrait faire école. Quand la créativité se met au service de l’habitat social…

© D. R.

En arrivant sur le site, le choc des photos vaut plus que le poids des mots : les chalets et mobil-homes qui accueillaient jusqu’alors les sans domiciles fixes n’apparaissent que plus sinistres au regard de la construction design qui vient d’être inaugurée dans le quartier du Toulon à Périgueux. C’est une union de différents organismes d’hébergement et d’aide alimentaire du Grand Périgueux (Halte 24) qui a permis de reprendre, en 2015, la gestion d’un asile de nuit alors en difficulté de pilotage, et d’y apporter quelques aménagements de sécurité. Mais les conditions d’accueil restaient précaires : promiscuité, températures extrêmes en hiver et en été. Un projet de rénovation, imaginé en 2017, vient de se concrétiser de manière exemplaire. Il a été conçu pour proposer des logements d’urgence plus pérennes à un public fragile (SDF, expulsés, personnes en grandes difficultés familiales ou sociales), en apportant un accompagnement social. « Le caractère expérimental de ce lieu préfigure la prise en compte de ces personnes dans la cité, à proximité du futur pôle de l’économie sociale et solidaire et des cultures urbaines », note Richard Bourgeois, vice-président du Grand Périgueux délégué à l’urbanisme. Le préfet de la Dordogne souligne l’ouverture 24/24 h et 365 jours par an, ainsi que la mise en place d’un consortium associatif inédit pour piloter le projet, avec la participation des collectivités territoriales (Périgueux, Grand Périgueux, Département).

Ce nouveau centre d’hébergement d’urgence peut accueillir 62 personnes selon les modalités adaptables aux profils des publics

Ce nouveau centre d’hébergement d’urgence peut accueillir 62 personnes selon des modalités adaptables aux profils des publics, l’objectif étant de modéliser un accueil pour recevoir en courts séjours des hommes isolés avec animaux et des familles avec enfants, dans des conditions de sécurité satisfaisantes. Avec 46 logements collectifs, le centre offre des espaces dans deux bâtiments : l’un destiné aux familles, avec 16 logements communicants et des pièces en partage (lieux de convivialité, cuisine, salle de restauration, bureaux, buanderie, laverie, salle d’eau) ; un autre de 30 chambres isolées avec lui aussi un ensemble de pièces communes. Sur un budget initial de 2,6 millions d’euros HT, l’État a apporté 363 400 euros, le Grand Périgueux 69 000, le Département 46 000 et la Ville de Périgueux 90 000 euros. La CAF a contribué à l’achat des équipements. Le budget annuel de fonctionnement est pris en charge par l’État (515 000 euros, soit environ 8 300 euros/place).

UNE MODÉLISATION À RÉPLIQUER

Ce lieu de vie constitue un pari audacieux sur le plan architectural et partenarial, avec un schéma de promotion immobilière conseillé par Jérôme Flot (Soletdev), développeur solidaire. « Je suis intervenu comme assistant maître d’ouvrage pour le compte de Halte 24 dès la phase de programmation pour définir les besoins, constituer l’équipe avec architecte et bureau d’étude, déposer le permis de construire et trouver le porteur de projet, l’association ne voulant pas être maître d’ouvrage. » La conduite a été confiée en vente en l’état futur d’achèvement (VEFA) à Nexity, engagé dans le logement pour tous via sa filiale Nexity Synonim. Le groupe a réalisé cette opération en modèle « non profit » en partenariat avec le cabinet MoonArchitectures et l’entreprise B3 Écodesign, rachetée par le groupe Eiffage en juillet 2019. Domofrance a été retenu comme acheteur-bailleur, l’acteur social apportant le meilleur loyer à Halte 24 dans le cadre de ce projet solidaire. Au final, les bâtiments ont été transférés à l’association qui se trouvait à l’origine du projet et elle va gérer l’établissement. Pour Domofrance, cette opération s’inscrit dans une continuité aux côtés des plus fragiles « pour l’équilibre de la société » avec une offre de logements adaptée à ce public.

Philippe Rondot, son président, rappelle que la structure est le plus important acteur du groupe Action logement en Dordogne, avec 700 habitats locatifs.

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CONTAINERS, MODE DE RÉEMPLOI

Ce système clé en main avec montage technique, juridique et financier est peu courant, surtout avec une telle contrainte temps : deux ans entre la page blanche et la livraison, dont seulement sept mois pour réaliser le bâtiment. Le concept structurel correspond à la stratégie d’entreprise de Domofrance pour conjuguer écologie et habitat, et innover dans les processus de construction. Il s’inspire de la démarche de réemploi et de récupération de matériaux pour une destination de qualité supérieure. L’approche architecturale repose sur un système d’ossature en containers maritimes « dernier voyage », voués à la casse, qui trouvent ici une seconde vie en offrant le double avantage d’une mise en œuvre rapide et d’une modularité pour adapter les logements aux profils des publics. Une soixantaine de containers ont été retravaillés, redécoupés, isolés, juxtaposés et habillés : pendant la préparation du terrain, les modules réemployés étaient agencés en atelier (cloisons, fenêtres) avant assemblage sur place. Toute une panoplie de solutions en kit permet de combiner les modules. L’architecte, Guillaume Hannoun, connaît bien cette gestion de gabarits pour avoir travaillé sur un programme comparable à Paris (16e), pour ce type d’hébergement en fragilité sociale.

« Le budget de construction est maîtrisé, assure le directeur de Domofrance Francis Stéphan. Si les coûts restent habituels, le grand intérêt du réemploi de containers réside dans la rapidité de mise en œuvre : on a gagné six mois dans la livraison, avec un niveau de qualité très satisfaisant. » Le potentiel adaptable et modulable de ce chantier ouvre des perspectives de réplique, avec la possibilité de diversifier l’habillage des façades.

Domofrance est le plus important acteur du Groupe action logement en dordogne avec 700 habitats collectifs

 


L’ANCRAGE DE DOMOFRANCE EN DORDOGNE

Domofrance a aussi inauguré son bureau de gestion de Périgueux. Ouvert en juin 2020, il assure un service de proximité aux clients, élus et interlocuteurs pour soutenir l’économie locale. Cette implantation s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec la Mairie, et plus largement avec le Département, pour accompagner le développement local et l’accès au logement. « Domofrance produira 190 logements en 2020, notre intensité d’investissement allant de 15 à 30 millions d’euros selon les années, insiste son président. Nous avons reconfiguré nos moyens au plus près des besoins du terrain en organisant des comités départementaux, pour un regroupement paritaire des acteurs du logement et de l’emploi. » Christophe Fauvel, président de la CCI et du Medef, en est le représentant en Dordogne. Implanté à Bordeaux depuis sa création, en 1958, Domofrance gère près de 40 000 logements en Nouvelle-Aquitaine sur tout le parcours résidentiel (étudiants, jeunes actifs, perte d’autonomie). En 2019, la structure a lancé son Projet Stratégique d’Entreprise 2019-2023, fondé sur l’ancrage territorial, la Responsabilité Sociétale des Entreprises et la transition digitale. Labellisé ISO 50001 (gestion responsable de l’énergie) et ISO 9001 (management de la qualité), elle emploie près de 670 collaborateurs pour un chiffre d’affaires 2019 de 263 millions d’euros.

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