Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Lot-et-Garonne – Le boom du biogaz

David Pujol, concessionnaire automobile du groupe Stellantis, est à l’origine de la station de biogaz de Damazan. Dans une période où la tendance est au tout électrique, rencontre avec un entrepreneur qui propose une solution aussi méconnue qu’innovante.

David Pujol, biogaz

David Pujol © Julien Mivielle

UN MOTEUR AU MÉTHANE

Son nom est connu pour ses concessions : Fiat, Alfa, Jeep et Volvo à Marmande, Agen et Villeneuve-sur-Lot. Mais David Pujol n’est pas qu’un concessionnaire automobile, il est aussi cofondateur de la station de biogaz de Damazan. Née en 2018, cette station approvisionne en méthane les véhicules équipés pour cela. « C’est la même chose que le gaz de ville sauf qu’il est produit avec des produits agricoles, des déchets alimentaires ou déchets verts et des boues de station d’épuration dans des méthaniseurs », explique l’entrepreneur de 43 ans. Les poids lourds des constructeurs suivants utilisent ce carburant : Scania, Iveco et Renault. Pour les véhicules particuliers, les constructeurs ont abandonné le concept, un choix regretté par David Pujol : « Avec la perspective de la fin du thermique en 2035 en Europe, les constructeurs délaissent cette technologie sur notre continent. C’est dommage car l’électrique ne répond pas à tous les usages : pour les poids lourds, pour une bonne part des fourgons, pour des trajets répétés sur autoroutes et pour les transports en commun, l’électrique ne permet pas de répondre aux attentes ». D’ailleurs, de nombreuses collectivités ont passé jusqu’à 80 % de leurs flottes de bus ou de bennes à ordures au biogaz afin de réduire les émissions de particules fines et atteindre les objectifs d’amélioration de la qualité de l’air. C’est notamment le cas à Toulouse avec Tisséo.

1RE STATION EN 2018

Malgré ce contexte, David Pujol est convaincu du bien-fondé du biogaz et il crée la marque Nature Gaz en 2018. Intéressé par le concept, la plateforme Biocoop de Damazan le sollicite. La 1re station de biogaz du Confluent voit le jour à proximité de l’autoroute grâce à un partenariat avec une société d’économie mixte dédiée : Avergies. Aujourd’hui, Biocoop représente 1/3 de la clientèle, le reste étant composé de cars régionaux et de poids lourds.

biogaz

© D. R.

QUELLE ORIGINE POUR LE MÉTHANE ?

La question de la production du biogaz dans les méthaniseurs est un enjeu majeur. La station de Damazan est approvisionnée par le site d’Astaffort. 7 nouveaux méthaniseurs sont en projet dans le Lot-et-Garonne. S’ils peuvent susciter une certaine opposition, David Pujol défend le concept avec pédagogie : « Je comprends les craintes. Nous produisons chaque année un certificat avec la garantie d’origine des matières organiques méthanisées. Malheureusement, on s’en prend souvent aux plus vertueux ». Un constat qui ne l’empêche pas de se projeter vers l’avenir : une deuxième station verra le jour en 2024 à Boé, à proximité du marché aux bestiaux. Elle devrait alimenter les bus et les bennes à ordures de l’agglomération.