Couverture du journal du 03/09/2024 Le nouveau magazine

MAB 65 : construction et défi hors normes

Éric Raas, dirigeant de sociétés spécialisées dans la menuiserie, la métallurgie et la charpente à Séméac se lance dans un nouveau projet : la construction hors site.

MAB 65

Éric RAAS, PDG de Menuisiers Agenceurs de Bigorre © Lilian Cazabet - La Vie Economique

Dans les 5 000 m² du fief de Menuisiers Agenceurs de Bigorre, chaque espace a sa propre cadence. Quand certains assemblent ce qui sera la toiture du prochain bâtiment des archives départementales des Hautes-Pyrénées, d’autres s’affairent à découper les planches de bois qui serviront à l’agencement : au sein de cet immense entrepôt, trois sociétés distinctes composent la force vive d’une enseigne de référence dans son domaine d’activité. Menuiserie, métallurgie et charpente, depuis la reprise de MAB en 2011, Éric Raas n’a eu de cesse de se développer, s’étendant jusque dans le Pays basque avec « Pierre Bidart ». Ce chef d’entreprise qui fonctionne au défi s’apprête à en relever un qui va transformer le quotidien de ses 60 employés mais aussi celui de l’habitat. MAB 65 s’attaque à l’industrialisation des constructions hors site et le projet est de ceux qui mêlent innovation, savoir-faire, professionnalisme et dynamisme économique.

Une maison en moins de 4 mois

Pour « La Fabrique à Maison », tous les voyants sont au vert, après une année d’étude, courant 2024 elle va devenir une réalité. Le concept va bousculer l’immobilier ; s’il est novateur, pour les équipes de Séméac il n’est pas inédit : la deuxième construction est en cours d’élaboration. Sur les hauteurs de Barbazan-Debat, la maison à l’allure contemporaine ne manque pas d’interpeller ; si son architecture est atypique, sa réalisation l’est encore plus. Ses lignes ont été découpées et conçues bien loin du lieu où elle trône, en trois semaines les pièces se façonnent dans l’atelier de Séméac et c’est toute la magie du principe qui dépose les modules déjà finis sur les terrains. En trois semaines, ils y sont assemblés pour devenir une habitation en tous points classiques… Si ce n’est son empreinte environnementale imbattable et ses délais de réalisation imbattables : en moins de 4 mois, la maison est prête à accueillir ses occupants.

Première construction, premier succès

Pour MAB 65, l’aventure a commencé en 2022 avec une première réalisation faite à la demande du groupe Sepalumic : « Notre fournisseur et client voulait participer au salon Batimat dont le thème était la construction hors site. Il avait un double besoin, pouvoir s’en servir de stand mais aussi la redémonter pour l’exposer dans leur showroom ». Charpente, menuiserie bois et agencement, MAB 65 était on ne peut mieux placée pour relever le défi qui comportait des géométries particulières avec menuiseries d’angle et coulissantes. Pour les équipes de Séméac, la première réalisation signe un coup de cœur et il n’en a pas fallu plus pour qu’Éric Raas se lance dans leur industrialisation. L’étude de marché a confirmé que le créneau était porteur, à ce jour deux promoteurs ont déjà assuré 70 maisons.

La réhabilitation totale de la friche Alstom est budgétée à 3 millions d’euros auxquels s’ajoute un investissement industriel de 1,5 million

Renaissance de la friche industrielle Alstom

Cette année d’étude sur la faisabilité du projet a également mis en lumière un premier besoin, à savoir la taille de l’atelier nécessaire à cette nouvelle activité : « Quand on construit une maison de 100 m², il faut 400 m² au sol pour pouvoir travailler dans des conditions normales, tourner autour ou amener les matériaux. La grue qui les transporte sur site représente un budget conséquent, il faut des fabrications simultanées pour être capables de livrer une série de dix dans la même semaine », explique le dirigeant. Le calcul est limpide, la pièce de montage doit s’étendre sur 5 000 m²… Soit la surface des locaux actuels de Séméac. Peu de sites offrent une telle immensité mais parmi eux, l’ancienne usine Alstom laissée à l’abandon et ses 10 000 m² se sont avérés la solution idéale.

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La société Charpente et Toiture Bigourdane intervient dans des projets majeurs comme la construction du nouveau bâtiment des Archives départementales. © LilianCazabet-LaVieEconomique

Déménagement de toutes les sociétés

Premier bâtiment construit par Alstom en 1921, le lieu est emblématique pour le département. Un problème de raccordement routier réglé et la friche industrielle entièrement vandalisée à ce jour va changer de main pour accueillir non pas uniquement la future FAB mais bien toutes les entités dirigées par Éric Raas : « On va d’abord usiner ici et à terme tout sera déménagé là-bas. Il va nous falloir trois ans pour rénover les lieux qui auront le label BBCA, celui des bâtiments bas carbone », précise Éric Raas. Une réhabilitation totale budgétée à 3 millions d’euros auxquels s’ajoute un investissement industriel de 1,5 million d’euros. L’aventure est de taille pour ce chef d’entreprise qui affiche un grand sourire à l’idée de la mener. Début septembre, les travaux devraient commencer et les halls vont à nouveau résonner au rythme de l’industrie, qui se renouvelle dans les Hautes-Pyrénées avec un indéniable brio.

Éric Raas : un développement, des chiffres

En 2011, reprise de MAB 65, en 2013 création de Métallerie Serrurerie de Bigorre, investissement de 20 % dans la SCI échangeur 13 en 2016, reprise de Charpente Toiture Bigourdane. En 2021 reprise de Pierre Bidart à Anglet. 60 salariés actuellement, 50 embauches prévues. Chiffre d’affaires du groupe : 7,5 millions d’euros, visé avec la Fabrique à Maison : 9 millions d’euros.