Le Centre de gestion de la Dordogne (CDG24), qui souient les collectivités territoriales dans la gestion de leurs ressources humaines, souligne la nécessité pour les élus locaux de pouvoir compter encore à l’avenir sur cet indispensable allié dans la gestion des affaires municipales.
Son importance est proportionnellement inverse à la taille de la commune : le secrétaire de mairie joue un rôle-clé, avec des compétences tous azimuts, de la gestion administrative aux ressources humaines sans oublier le conseil aux élus sur les questions juridique, financière et réglementaire. S’ajoute une relation de proximité citoyenne : pour les habitants, il représente le premier service public local et pour le maire, il est parfois le principal et unique collaborateur.
Exigeant toujours plus de responsabilités pour un même salaire, ce métier peine à recruter et le bon fonctionnement des services publics est menacé par la pénurie croissante de professionnels qualifiés. La carrière de ces couteaux suisses territoriaux n’est plus assez attractive, d’autant qu’il est souvent question de temps partiels en ruralité. Pour Laurent Péréa, président du CDG24, « la pénurie de secrétaires de mairie est un défi majeur » et il importe de chercher « des solutions innovantes pour maintenir la qualité des services publics au niveau auquel nos concitoyens ont droit ».
UN DIPLÔME SUR MESURE
Le Diplôme Universitaire « Carrières Territoriales en Milieu Rural » mis en œuvre au sein du CDG de la Dordogne en partenariat avec l’université de droit de Bordeaux fait partie des outils adaptés. Son 10e anniversaire a permis de pro- mouvoir cette formation conçue pour préparer les futurs acteurs de l’administration territoriale dans les zones rurales, répondre aux besoins de recrutement sur des postes de secrétaires de mairie et de gestionnaires administratifs des collectivités territoriales. Dispensée par des enseignants-chercheurs et des professionnels reconnus, elle alterne apports théoriques et mise en situation pratique avec deux jours par semaine d’immersion dans une collectivité partenaire.
Le secrétaire de mairie joue un rôle-clé, avec des compétences tous azimuts, de la gestion administrative aux RH en passant par le conseil aux élus
20 étudiants sont sélectionnés chaque année pour la suivre, en priorité des demandeurs d’emploi, titulaires au minimum d’un baccalauréat, qui continuent à percevoir leurs allocations durant les quatre mois, de janvier à avril, pour un examen en mai. 100 % des étudiants ont obtenu le diplôme cette année. Les titulaires peuvent être recrutés en tant qu’agent contractuel ou statutaire des collectivités territoriales, intégrer le service de remplacement et de renfort du CDG de la Dordogne et/ou passer des concours de la fonction publique territoriale. 90 % des diplômés sont en poste moins de trois mois après l’obtention du DU.
UN PROBLÈME NATIONAL
Ce qui se passe dans le département est malheureusement loin d’être un cas isolé. Déposée en 2022 par Marie-Claude Varaillas, sénatrice de la Dordogne, et plusieurs de ses collègues et reprise cette année par François Patriat, une proposition de loi vise à rendre ce métier plus attractif et à mieux reconnaître les agents qui l’exercent aujourd’hui : plus de 1 900 postes de secrétaires de mairie sont actuellement vacants. Et près d’un tiers des agents en poste partiront à la retraite d’ici 2030. Dans ce contexte, afin de revaloriser ce métier, la proposition de loi prévoit notamment de bénéficier d’un avantage spécifique d’ancienneté, de créer une voie de promotion interne dérogatoire et une formation initiale qualifiante. La Dordogne a pris un peu d’avance sur cette piste.
Une proposition de loi vise à rendre ce métier plus attractif et à mieux reconnaître les agents qui l’exercent aujourd’hui
ENQUÊTE DE TALENTS
Une enquête menée par les CDG de Nouvelle-Aquitaine en 2023 sur les secrétaires de mairie en Dordogne révèle que plus de la moitié ont entre 50 et 59 ans, représentant 50,7 % de l’ensemble. 79,7 % occupent ce poste à temps complet. Près de 40 % des secrétaires actuels envisageant de partir à la retraite d’ici 2030. D’où la nécessité de former de nouvelles générations pour combler ces prochains départs. Si la polyvalence des fonctions est un élément de motivation, la gestion budgétaire et comptable est identifiée comme une priorité élevée, avec un besoin d’expertise accrue dans ces domaines. Une diversité de parcours professionnels conduit à ce poste : 50,4 % n’ont pas suivi de formation spécialisée. La relation avec les usagers a évolué, et la sensation de « stress », de « pression » ou « d’être dépassé » étreint ces professionnels.
