Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Métronome : un brasseur au diapason

La brasserie Métronome, qui a ouvert ses portes en juin 2022, à Lespouey dans les Hautes-Pyrénées, entend s’implanter solidement sur le territoire avec ses bières de style dont les produits nécessaires à la fabrication sont sourcés localement.

Brasserie Métronome

Brasserie Métronome à Lespouey (65) © Lilian Cazabet

Depuis juin 2022, la brasserie Métronome s’est implantée à Lespouey, une commune de 200 habitants située à l’est de Tarbes. À sa tête, Laurent Burnier, qui a travaillé 11 ans en Belgique en tant qu’ingénieur en systèmes embarqués. Passionné par la bière et son processus de fabrication, il a choisi, avec sa femme Myrtille Chouard, de tout plaquer pour ouvrir sa propre brasserie. Après 2 ans de formation, en cours du soir, le week-end et des brassages réalisés à la maison, le couple décide finalement de s’installer dans le Sud-Ouest. La mairie de Lespouey, qui rénovait d’anciens bâtiments, facilite l’arrivée de la brasserie dans son village. Elle leur propose un espace de 320 m2 avec l’aménagement d’évacuation qui conviennent bien à une brasserie.

Une différence cultivée

Passionné de musique, Laurent Burnier propose dans sa brasserie une gamme fixe de six bières, qui sortent du triptyque typiquement français blonde, blanche et brune, pour faire place à une black IPA à 5,3 %, une witbier belge à 5,5 %, ou encore une pale ale à 5 %. Les étiquettes de la gamme s’articulent autour d’une onde sinusoïdale et chaque bière porte une note de musique dans son nom. La DOcile côtoie l’aMItieuse et la RÉvoltée. L’aMItieuse justement a été présentée au concours général agricole à Paris et a reçu la médaille de bronze. Le zythologue, qui s’apparente à un œnologue pour le vin, produit aussi des bières en édition limitée. Parmi elles, Holiday en hommage à une chanson du groupe de rock américain Green Day, ou encore, 10 000 nights réalisée en partenariat avec In’Oc une brasserie artisanale de Trie-sur-Baïse (65). Quand il évoque ses boissons, Laurent Brunier parle de bières de style. « Nous ne voulions pas faire comme tout le monde, nous proposons des bières locales et décalées, qui créent la différence », souligne-t-il.

Chaque bière porte une note de musique dans son nom : la DOcile côtoie l’aMItieuse et la REvoltée

Si l’an dernier la bière de Noël était fabriquée avec des fèves de tonka, pour cette année, le gérant a choisi une bière ambrée à 8 % qui repose dans un fût de vin ayant accueilli du bourgogne.

Place à la seconde main

Côté produits, Laurent Burnier a choisi de se fournir localement : « Nous ne recourons qu’à des malteries qui sont dans un rayon de 200 kilomètres autour de la brasserie. Nos céréales sont plus chères et n’ont pas le même rendement qu’un malt belge ou allemand mais c’était important pour nous. Nos houblons sont tous issus de microcentrales françaises. Seules nos levures viennent de Belgique ». Dans une démarche durable et pour réduire le coût de son installation, la brasserie Métronome a chiné la plupart du matériel qu’elle utilise. La première étape de fabrication, l’empatage, est réa[1]lisé dans un ancien tank à lait qui a été modifié par un chaudronnier local. Mis à part l’étiqueteuse récemment acquise, tout est de seconde main. Le gérant de la brasserie essaye aussi de limiter la facture énergétique : dans son processus de fabrication, Laurent Burnier récupère l’eau de l’étape d’ébullition, qui sort à 55 °C, pour l’utiliser à l’étape suivante.

Un lieu de vie

Distribué chez des cavistes, dans des bars et des restaurants, la brasserie entend faire de l’espace qu’elle occupe un véritable lieu de vie pour accueillir ses visiteurs. Elle ouvre tous les vendredis au public et propose également de privatiser l’endroit avec des dégustations pour des événements comme des enterrements de vie de garçon. À terme, Laurent Burnier souhaite multiplier les micro-concerts et expositions photo dans le bâtiment. Avec la mairie du village et son comité des fêtes, la brasserie Métronome s’est associée à la pizzeria voisine pour ouvrir une fan zone le temps de la Coupe du Monde de Rugby. Pour le match d’ouverture le 8 septembre dernier, l’espace a réuni une centaine de personnes.

Un contexte économique difficile

La production est encore artisanale et les volumes difficiles à estimer avec seulement un an de recul. Laurent Burnier et sa compagne ont même hésité à se lancer. « Nous avions fait notre business plan avant la crise économique, mais, nous avions trop avancé pour nous arrêter en cours de route », témoigne le gérant de la brasserie. Les coûts des matières premières ont entre-temps explosé, « nos bouteilles en verre ont vu leur prix augmenter de 100 % par exemple », continue-t-il. Pour le brasseur, les autres fabricants de bière de la région ne sont pas vus comme des concurrents. « Nous nous entraidons entre brasseurs, nous discutons des comportements de nos bières. À titre de comparaison nous sommes 12 dans les Hautes-Pyrénées contre 22 en Ariège pour deux fois moins d’habitants », explique-t-il. Pour l’avenir, « nous ne souhaitons pas devenir la plus grande brasserie du Sud-Ouest, mais déjà vivre de notre activité et nous intégrer dans notre territoire. Être la brasserie des Coteaux de l’Arrêt », conclut le brasseur.