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Micropep à la conquête de l’ouest

Micropep, la start-up haut-garonnaise spécialiste des biosolutions pour l’agriculture, vient d’obtenir un agrément de l’agence américaine de protection de l’environnement. Une étape clé pour s’implanter sur le marché américain, avant de s’attaquer à l’Europe.

© Micropep

Concilier production agricole et lutte contre le réchauffement climatique en réduisant le recours aux intrants chimiques. Un défi de taille auquel a décidé de se frotter Micropep. Cette start-up haut-garonnaise développe des fongicides et herbicides issus de peptides naturellement présents dans les plantes. Son premier biofongicide (appelé MPD-01) – une variante d’un micropeptide découvert par la start-up dans des plants de tomates – vient de franchir une nouvelle étape sur la route de sa commercialisation sur le marché américain. L’EPA (Agence américaine de protection de l’environnement) a classé la solution parmi les principes actifs de type « biochimique ». Autrement dit, lorsque Micropep obtiendra l’autorisation de vendre son fongicide aux États-Unis, celui-ci sera considéré comme une solution biologique et non pas comme un intrant conventionnel chimique. « Cette décision confirme la non-toxicité et l’absence de rémanence dans l’environnement de notre solution », explique Thomas Laurent, dirigeant et cofondateur de Micropep. Une bonne nouvelle pour l’entreprise basée à Auzeville-Tolosane.

Des solutions issues des plantes

Fondée en 2016, Micropep a développé une technologie innovante qui vise à identifier dans le génome des plantes des suites d’acides-aminés, que l’on appelle également petits peptides ou micropeptides, permettant de lutter contre les maladies fongiques des plantes ou présentant des propriétés herbicides. L’entreprise a également développé une plateforme permettant de fabriquer les molécules d’intérêt découvertes.

Sa première solution, MPD-01, a démontré son efficacité lors de tests aux champs. Elle permet de lutter contre des champignons pathogènes, notamment sur les cultures de soja et de pommes de terre, ainsi que sur la vigne. « Le biofongicide permet d’arriver à un niveau de contrôle des pathogènes de 75 %, là où la plupart des produits de biocontrôle atteignent difficilement les 50 % de contrôle », affirme la société.

Commercialisation à partir de 2027

Micropep entre désormais dans une nouvelle phase de son développement. Au cours des années 2024 et 2025, la start-up va constituer ses dossiers de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe, aux États-Unis et en Amérique du Sud. Micropep espère pouvoir démarrer la commercialisation de sa solution en 2027 en Amérique du Sud, en 2028 aux États-Unis et en 2030 en Europe, la durée d’instruction des dossiers étant plus longue sur le Vieux Continent.

Pour franchir cette phase réglementaire longue et couteuse, la société, qui a déjà levé 21 millions d’euros depuis 2018, prévoit un nouveau tour de table. « Nous espérons lever 25 millions d’euros dans les 6 à 9 prochains mois », confie Thomas Laurent. De quoi permettre à la start-up de 45 salariés de recruter une dizaine de collaborateurs supplémentaires, répartis entre le siège d’Auzeville-Tolosane et l’antenne américaine implantée en Caroline du Nord.

« Nous espérons lever 25 millions d’euros dans les 6 à 9 prochains mois »

Industrialiser la production

En parallèle de la phase règlementaire, Micropep va poursuivre son travail pour industrialiser sa production. « Nous avons développé une méthode de production brevetée. Il nous faut conclure des partenariats avec des fournisseurs qui pourront mettre leur matériel – notamment des fermenteurs – à notre disposition », explique Thomas Laurent.

A terme, Micropep envisage de vendre ses molécules actives aux grands acteurs des biosolutions (De Sangosse, Syngenta, Bayer…) qui pourraient l’utiliser comme ingrédient dans leurs propres formulations.

Micropep espère pouvoir démarrer la commercialisation de sa solution en 2028 aux États-Unis et en 2030 en Europe

D’autres innovations en perspective

Si MPD-01 devrait être la première solution commercialisée par Micropep, d’autres projets sont en cours de développement. « Nous sommes partie prenante du projet Bonne Pomme porté par le groupement de producteurs de pommes tarn-et-garonnais Blue Whale », indique le dirigeant. Le projet, estimé à 12 millions d’euros dont plus de 8 millions financés par le plan France 2030, vise notamment à réduire de moitié la quantité de fongicides chimiques utilisés dans les vergers de pommes.

« Au-delà des biofongicides, nous nous concentrons également sur des solutions herbicides issues de micropeptides. Nous travaillons notamment sur un herbicide sélectif contre l’Amaranthe, une mauvaise herbe très présente en Amérique du Sud », conclut Thomas Laurent.