La communauté de communes Sarlat Périgord noir est devenue propriétaire des anciens locaux de France Tabac, immense espace aux portes de Sarlat : construite dans les années 30 puis en 1985 dans un haut-lieu de la production tabacole, sur plus de 10 hectares dont la moitié cou- verte, c’est la dernière usine française de première transformation du tabac. Fermée depuis 2019, elle a compté jusqu’à 250 salariés.
UN PROJET À 43 MILLIONS D’EUROS
Pas question d’installer une plateforme de distribution bien connue dans cette capitale touristique. Il s’agit plutôt de créer un studio cinéma, sans artificialiser les sols. En effet les deux bâtiments et hangars de 6 000 et 15 000 m2 sont disponibles et très adaptés aux besoins, avec les fluides et des hauteurs sous plafond à retravailler (15 m), accessibles aux camions pour la logistique, clos et sécurisés. La collectivité a par ailleurs un autre projet culturel sur le site. « On n’avait pas imaginé que nos bâtiments pouvaient à ce point intéresser des productions », explique Benoît Secrestat, vice-président de la Comcom et aussi du Département, chargé de l’attractivité économique.
« C’est le tournage du Dernier Duel qui a déverrouillé les esprits et éclairé le potentiel. Et les planètes s’alignent avec l’appel à projet national pour accueillir des tournages internationaux, alors qu’on s’orientait plutôt vers des activités de stockage. Nous souhaitons construire des boîtes dans la boîte : quatre studios de 1 000 à 1 500 m2, avec puits de lumière, habillage, maquillage, loges, construction de décors… et d’autres dérivés, aux- quels nous ne pensons pas encore. L’intégralité du projet est estimée à 43 millions d’euros. » L’ensemble des collectivités concernées le soutiennent : Ville de Sarlat, Comcom, Département et Région.
Les pièces d’une madafa ont été recréées pour raconter l’histoire d’une jeune française partie en Syrie pour le jihad et enfermée dans une maison de femmes de Daech.© Loïc Mazalrey
« Ce décor à Sarlat est incroyable et C’est rare d’être accueilli comme ça, depuis le début. On peut travailler sur place avec le bureau de prod, la décoration, cet espace permet beaucoup de choses. » Lionel Massol, Producteur de Rabia
BASE ARRIÈRE RÉGIONALE
Ridley Scott est le premier à avoir utilisé ce site « déjà très demandé par les équipes, avec des espaces modulables pour les répétitions ou le stockage », souligne Fanny Petit Van-Tornhout, de Ciné Passion, « c’est un atout complémentaire aux décors naturels de Dordogne ». Korentin Guivarch, régisseur général sur le tournage de Rabia, renchérit : « Ce sont les conditions idéales, on loge l’équipe dans les environs, ce qui est peu courant, c’est rare aussi d’avoir autant d’espace, un studio aménagé sur plusieurs niveaux dans une sorte de bulle, tout est sur place, loges, cantine ». Et des pistes existent pour trouver à proximité 7 000 m2 de backlot, des studios extérieurs permanents (rues, façades…). La faisabilité technique pour cette base arrière, de nature à optimiser le temps de présence des tournages dans un rayon de 150 km, est validée par les professionnels du cinéma consultés. On en recense déjà 150, tous métiers confondus, en Dordogne. Et le projet a de quoi en attirer bien d’autres.
Les décors sont conservés jusqu’au printemps pour permettre aux scolaires de Dordogne de visiter les coulisses d’un tournage et la fabrication d’un décor, avec Ciné Passion. © Loïc Mazalrey
« Nous avons bénéficié des fonds de la Région, 150 000 euros, et du Département, 50 000. Et notre société a dépensé plus de 500 000 euros sur place pour les besoins du film. » Lionel Massol, Producteur de Rabia
SILENCE ON TOURNE !
Le tournage de la série Fortune de France, d’après Robert Merle, débute mi-février et jusqu’au début de l’été (Christopher Thompson à la réalisation). Le casting est ouvert pour 800 figurants ! « Avec une saison 2 si ça marche », espère Thierry Bordes. Les pilotes d’une série pour M6 avec Éric Cantona sont tournés fin janvier à Barnabé (Boulazac) : Les Anonymes. Et une comédie historique, avec Dany Boon et Jérôme Commandeur, est planifiée à Monpazier et à Jumilhac-le-Grand.
