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Pyrénées-Atlantiques – L’artisanat fragilisé

Ce 21 février, la Chambre des Métiers et de l’artisanat (CMA) des Pyrénées-Atlantiques a présenté les chiffres clés de l’artisanat dans le département en 2023. Si la situation « n’est pas dramatique », elle reste préoccupante.

© E.L-T - La Vie Economique

Thibaut Dupouy, le directeur de la CMA des Pyrénées-Atlantiques, pose d’emblée le ton à l’heure d’annoncer les chiffres de conjoncture : « Par rapport à 2022, nous avons moins d’entreprises recensées sur le territoire en 2023. Soit 19 874 contre 22 000. Mais cela s’explique ». Selon lui, la mise en place du guichet unique via le site de l’INPI, passage désormais obligé pour toute nouvelle entreprise désirant s’immatriculer, induit des données plus ou moins fidèles à la réalité. « Jusqu’alors, nous avions une vue d’ensemble fiable sur les situations des entreprises artisanales… Aujourd’hui, ce n’est plus vrai », assène-t-il ainsi. « L’INPI n’a pas fait le lien de manière précise avec les organismes de recensement notamment parce que le titre d’artisan ou de maître artisan ne pouvait, jusqu’alors, être précisé lors d’une immatriculation. » Un dernier constat que Thibaut Dupouy qualifie de « grave ».

La transmission en péril

Autre élément préoccupant, la proportion d’entreprises individuelles sur le département a atteint les 63 % en 2023 contre 50 % en 2022. À la création en 2023, 77 % des entrepreneurs ont choisi ce statut. « Ces derniers n’emploient pas de salariés ou d’apprenants. Aujourd’hui, un quart des entreprises du territoire n’ont pas d’employés et donc, ne transmettent pas leur savoir-faire. C’est la pérennité de l’artisanat qui est en danger », se désole Jean-Bernard Viven, président de la CMA 64. Concernant la création d’entreprise (1 545 selon l’INPI, réparties à parts égales entre le Béarn et le Pays basque), là aussi le constat est morose à écouter Thibaut Dupouy : « C’est la première fois en 10 ans que la courbe de la dynamique entrepreneuriale est en décroissance ».

Moderniser son modèle

Du côté de la formation, le bilan est davantage positif : les effectifs du CFA, répartis sur deux sites à Pau et Bayonne, sont en très légère hausse (+1 %) avec 1 200 apprenants. À ce sujet, en 2024 la CMA 64 s’est donné pour mission de réduire encore davantage le nombre de ruptures, autrement dit d’apprenants quittant leur alternance. En 2023, ce chiffre est tombé à 13 % contre 30 % en 2022. Enjeu sous-jacent : continuer à remplir les filières pour maintenir la bonne santé de la structure qui doit par ailleurs faire face à la réduction de 5 % des crédits de financement public de l’apprentissage. Pour Thibaut Dupouy, cette décision de l’État « oblige » la CMA 64 à « moderniser son modèle économique », en s’engageant notamment plus frontalement dans la formation continue pour les entreprises.