Couverture du journal du 20/04/2024 Le nouveau magazine

Groupe Essor – L’immobilier d’entreprise en mutation

Le groupe Essor, spécialiste de l’immobilier tertiaire basé à Lons, se trouve confronté à la crise profonde que traverse le secteur. Pour David Pouyanne, son dirigeant, changer de stratégie en passant « d'un mode offensif à un mode défensif » est dès lors une nécessité.

© Groupe Essor

En mai dernier, Essor levait 35 millions d’euros avec l’ambition affichée de devenir leader de l’immobilier transformé. Moins d’un an plus tard, les propos de cet opérateur global de l’immobilier professionnel sont davantage mesurés, alors que sa croissance externe se retrouve freinée par la conjoncture. Depuis le siège de l’entreprise, près de Pau, David Pouyanne ne peut que le constater : « Les perspectives sont peu encourageantes ». Le fondateur et président exécutif de cette société à forte croissance créée en 2006, qui affichait 120 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, est réaliste mais pas forcément pessimiste. « L’investissement immobilier, qui a été notre mamelle pendant 10 ou 15 ans, va sans doute être plombé pour plusieurs années », resitue-t-il, précisant que l’immobilier de bureaux en milieu semi-urbain est le plus touché. « Les trajectoires sont en train de changer : nous allons devoir nous adapter à un nouveau paradigme ».

Acteur de la sobriété foncière

Jusqu’ici offensif, Essor doit désormais prendre « des dispositions défensives » selon le dirigeant, avec l’obligation de freiner ses investissements afin de « diminuer les risques d’expositions ». Pour cet entrepreneur, qui a débuté sa carrière en finance d’entreprises au sein de l’entreprise familiale, la Banque Pouyanne, « travailler la mutation » du métier est de fait une nécessité. Avec, en ligne de mire, la transition énergétique : « en tant qu’entreprise à mission, nous allons renforcer certaines de nos positions, qui feront partie de l’équation de sortie de crise », remarque le Béarnais, qui souligne que les métiers d’essor sont particulièrement concernés par les enjeux environnementaux. Dans ce cadre, l’entreprise qui souhaite par ailleurs « se concentrer sur son cœur de métier, la construction » veut également développer davantage les investissements dans l’énergie (en particulier dans le photovoltaïque). Et, toujours, continuer à revaloriser les friches industrielles.

© Groupe Essor

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Précurseur sur les friches

En quelques années, le groupe essor est en effet devenu le second acteur français sur ce segment spécifique qui suscite un intérêt croissant des acteurs de l’immobilier depuis la promulgation de la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN). « Nous sommes précurseurs sur la reconversion des friches, pour une bonne raison : c’est un sujet porteur de beaucoup de risques financiers, notamment en termes de dépollution, et de difficultés administratives », résume David Pouyanne. Plusieurs projets de réhabilitation portés par essor sont ainsi en cours, notamment à Bagneaux-sur-Loing (77), là où se trouvait le site Thomson, ex-fleuron de l’industrie verrière, ou encore à Linxe dans les Landes. Autant de projets avec des problématiques uniques, adaptés à des territoires situés dans toute la France et en particulier sur la façade ouest. Mais pas seulement : le groupe, déjà implanté à Madrid depuis trois ans, vise également l’Espagne.

L’Espagne en ligne de mire

« Les Espagnols ont la désinflation la plus rapide et la plus forte croissance. Ils sont assez surprenants : ils ne souffrent pas de l’immobilier alors qu’ils ont été les plus touchés lors de la crise des subprimes, en 2008. Leur marché de l’investissement immobilier n’est pas aussi structuré que le nôtre, qui, lorsqu’il y a un seul grain de sable se désorganise complètement », remarque David Pouyanne, qui voit en ce développement « quelque chose de naturel » en raison de la proximité géographique avec l’Espagne. Si le président exécutif d’Essor s’est vu contraint de revoir les ambitions de sa société à la baisse, malgré tout le champ des possibles demeure encore vaste pour le groupe béarnais.

Essor est le second acteur français de la reconversion des friches

Groupe Essor : chiffres clés (2022)

7 métiers : développement de programmes immobiliers ; construction ; ingénierie agroalimentaire ; investissement immobilier et ingénierie de financement ; assistance à maîtrise d’ouvrage et conseil ; ingénierie de l’environnement

Plus de 290 collaborateurs

118,6 millions d’euros de volume d’activité

31,23 % d’actionnaires salariés au 31 décembre 2022

16 agences en France et 1 en Espagne

Plus de 500 000 m2 construits chaque année