Au-dessus de Barèges, sur les pentes raides de la forêt domaniale du Capet, les strates d’équipements paravalanches témoignent des expérimentations dans la lutte contre ce phénomène naturel. « Nous sommes sur le site le mieux équipé de France et l’un des plus vieux au monde où on a multiplié les tests, témoigne Laurent Lespine, chef du service Restauration des Terrains de Montagne (RTM) dans les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques pour l’ONF. Nous avons 985 ouvrages métalliques sans compter 6 km de banquettes en pierre. » Depuis le XIXe siècle, les pouvoirs publics cherchent à protéger Barèges et son hôpital militaire situé dans les couloirs d’avalanches du Midaou et du Theil.
Un site historique
« Construit au milieu du XIXe siècle, l’hôpital est détruit par une avalanche. Il va être reconstruit plusieurs fois avec des murs renforcés. Après la commission de défense de Barèges contre les avalanches voulue par Napoléon III, il est décidé que les militaires prennent la main sur ce problème », explique en détail Laurent Lespine. Ils tentent différentes méthodes avec des murs en pierre sèche, une forêt artificielle de 3 000 pieux en fonte. En 1892, la gestion de cette zone repasse aux mains des Eaux et Forêts, qui tente de reboiser, mais il faut attendre les années cinquante pour arriver à quelque chose. Les inspecteurs se rendent en Suisse et reprennent des ouvrages similaires : des poteaux de béton avec des rails de chemin de fer sur 4 à 5 mètres de haut pour retenir le manteau neigeux. Depuis, les équipements paravalanches se sont modernisés avec des râteliers, des barrières à neige, des vires vents, ou encore, des toits buses, qui permettent de retenir quatre mètres de manteau de neige soit la hauteur centennale attendue au-dessus de Barèges.
Investissements continus
Gestionnaire pour l’État de ces aménagements, le service RTM des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées entretient 2 500 ouvrages à travers les deux départements. « L’État injecte chaque année entre 500 000 et 600 000 euros pour les travaux d’entretien dans les Hautes-Pyrénées, le Capet, au-dessus de Barèges, représente 200 000 euros d’investissement par an », continue Laurent Lespine. Si l’entretien est assuré par les équipes du RTM, qui comprend neuf services dans l’Hexagone répartis dans trois agences : Alpes Nord, Alpes Sud et Pyrénées, un programme d’investissement est aussi mené avec l’intervention d’entreprises externes et la passation de marchés publics. 7 à 7,5 millions d’euros de travaux sont réalisés chaque année. Sur le site au-dessus de Barèges, après étude du bassin de risque, ce sont 20 millions d’euros sur les 30 prochaines années qui seront investis.

© Lilian Cazabet – La Vie Economique
De nouveaux travaux au Capet
Les aménagements paravalanche de la forêt domaniale du Capet assurent la sécurité du très touristique village de Barèges, mais, la sûreté du dispositif doit encore être améliorée. « Pour 2025, nous avons prévu un chantier à 350 000 euros pour renforcer certains endroits. Nous voulons compléter le dispositif avec une quarantaine de paravalanches clés et de râteliers, nous voulons retaper une banquette et nous avons un chantier à finir sur les vires vents », ajoute le chef de service. Ce n’est pas la seule mission du RTM qui protège aussi les villages de Viella ou de Cauterets avec son quartier du Lisey et est maître d’œuvre pour Bagnères-de-Bigorre à La Mongie avec 350 ouvrages dont le service gère l’entretien. Au total en France, le RTM traite 1 000 torrents et une centaine d’avalanches. Ce service appuie le ministère de l’Environnement et accompagne le préfet pour donner des précisions lors de catastrophes naturelles, il suit les communes qui n’ont pas de plan de gestion des risques et réalise des études pour les communes et les conseils départementaux.
Au-dessus de Barèges, 20 millions d’euros seront investis sur les 30 prochaines années
Une nouvelle base de vie
À l’été 2024, le site du Capet a été renforcé avec la construction d’une base de vie d’environ 100 m². Auparavant, les ouvriers devaient monter sur le site à la journée ou des structures modulaires devaient être héliportés. Alors, après étude du bassin de risque, la solution de construire une base de vie a été privilégiée. Le chantier, d’un montant de 1,7 million d’euros, a débuté fin 2022 et la livraison du bâtiment s’est faite en juillet 2024. Il compte 7 chambres dont 3 doubles.