Dix heures cinquante-huit. Les allées de l’usine de Skinlys, à Lamonzie-Saint-Martin aux portes de Bergerac sont silencieuses. Les ouvriers, œuvrant en 2×8 dans l’unité de production sont encore en pause. 11 heures. Tout le monde a retrouvé son poste de travail. Les machines sont remises en route, créant une symphonie industrielle reconnaissable, et l’odeur des produits de soins et cosmétiques emplit les narines. Dans les 5 000 m² de l’entreprise, une centaine de salariés sont à pied d’œuvre pour la création, la formulation, l’industrialisation, la fabrication et le conditionnement de produits cosmétiques. La moitié des effectifs est aux fonctions supports, l’autre moitié à la production. Ici, certaines lignes produisent jusqu’à 22 000 produits par poste de travail.
Des briefs marketing
Depuis 2013, Skinlys – créé par trois associés, dont Zsolt Rendetzki, aujourd’hui directeur général, est le seul toujours présent dans les effectifs de l’entreprise – est un sous-traitant de produits de soin, et de maquillage, spécialisé dans l’émulsion. Zsolt Rendetzki occupe cette fonction depuis juin 2024, année d’un changement notable : Cosnova, premier client de Skinlys, est devenu son actionnaire majoritaire.
Outre Cosnova, Skinlys dispose d’une trentaine de clients. « Les marques ne fabriquent pas leurs produits, et ne les développent pas, les marques sont spécialisées dans le marketing et la distribution », souligne Zsolt Rendetzki. Celles-ci, donnent à l’entreprise bergeracoise un brief marketing, avec leurs désidératas : produits écologiques, vegan… Avec des certifications comme GMP ISO 22716 (spécifique aux produits cosmétiques), Ecocert ou encore Halal, Skinlys peut réaliser tous types de produits et dispose de 3 000 matières premières qualifiées référencées. La formulation d’un produit en contient entre 10 et 50. « Un chef de projet fait l’interface entre le client, et les différents services de l’entreprise. » Il faut un an pour livrer un client en prenant en compte toutes les étapes nécessaires à l’élaboration des produits. Rien que les tests de stabilité et les tests de compatibilité prennent six mois.

© Loïc Mazalrey – La Vie Économique
80 % d’export
« On fait du full service dans la majorité des cas, et on fait aussi un peu de vrac quand on travaille pour des exports lointains, et que les marques veulent du Made in France. » Ainsi, 80 % des produits vendus sont exportés, et 80 % des marques clientes sont étrangères : Allemagne, Angleterre, Portugal, Espagne, Italie, Benelux… À eux seuls, ces clients représentent 95 % du chiffre d’affaires.
En seulement deux ans, ce chiffre d’affaires a par ailleurs été multiplié par quatre, atteignant les 23 millions d’euros en 2024. « Nous sommes arrivés à maturité, et nous avons la confiance de nos clients. De plus, le marché est porteur. » Avec deux laboratoires de R&D, Skinlys conçoit dix nouveaux concepts de formule par semaine. « Nous essayons de nous fournir le plus possible en Europe pour le packaging et les matières premières, mais ça n’est pas toujours évident. Mais la question de la consommation éthique et responsable devient de plus en plus importante pour les consommateurs, donc les clients nous demandent d’en tenir compte », note Zsolt Rendetzki.

© Loïc Mazalrey – La Vie Économique
Davantage d’automatisation
Forte de ce développement important, l’entreprise souhaite, pour 2025, « stabiliser les choses », souligne le dirigeant. Concrètement, le directeur général et ancien président pendant 11 ans, vise à restructurer et renforcer Skinlys avec une « optimisation de l’outil ». « J’aimerais que l’on gagne en efficacité avec une meilleure organisation, et planification des achats, mais aussi davantage d’automatisation des lignes. » Aujourd’hui, le site de production dispose de lignes totalement automatisées qui conditionnent les mêmes produits toute l’année, et d’autres, semi-automatiques où la production change tous les trois à quatre jours. « Ces lignes sont beaucoup plus polyvalentes. » Avant d’être mis dans leur packaging, les composants des produits sont mélangés dans des cuves allant de 20 à 1 800 litres. Les ingrédients, après avoir été pesés, sont ajoutés dans des réacteurs associés à un mode opératoire à respecter (ordre de mélange des ingrédients, temps de chauffe…). Le passage du laboratoire à l’industrialisation est une étape clef du travail des laborantins, au cœur des missions de Skinlys.
Avec deux laboratoires de R&D, Skinlys conçoit 10 nouveaux concepts de formule par semaine.