Au cœur du quartier du Toulon, à Périgueux, à peine à quelques encablures du centre-ville a été construit un atelier SNCF qui a fêté ses 160 ans en 2024. Avec son entrée discrète sur la route d’Angoulême, les Périgourdins sont loin d’imaginer que là, se cache un site grand de 11 hectares, véritable référence dans l’Hexagone pour son savoir-faire. Ce lieu est divisé en trois unités : pièces réparables du matériel (PRM), matériel roulant, et la supply chain (la logistique qui alimente les deux premières unités). Pour faire tourner tout cela, 600 salariés travaillent sur ce site, dont 83 personnes recrutées en 2024.
20 300 clims et sanitaires
Côté PRM, Périgueux est reconnu « centre d’excellence » depuis 2015 dans deux domaines précis : les climatisations et les sanitaires. Grâce à cette spécialisation, les pièces de tous les trains de France, passent par les ateliers : TGV, TER, Transilien, fret… « Regrouper toutes ces activités sur le site permet une industrialisation plus simple et de regrouper toutes les compétences au même endroit », note David Trichot, directeur de cette unité opérationnelle… Au 13 décembre 2024, sur l’année, son unité avait produit 20 300 pièces parmi lesquelles 6 900 sanitaires, 3 400 climatisations et plus de 9 000 pièces annexes de clim (réchauffeur, compresseur…). Ces centres d’excellence sont particulièrement importants, car « ils impactent directement le confort ». Pour les clients, qui sont donc les Régions et les différentes entités (TER par exemple) ces questions sont centrales car « le confort importe, il y a une conséquence sur les usagers ».

© Loïc Mazalrey – La Vie Économique
Une opération « mi-vie »
Et le service PRM ne va pas manquer d’activité avec le programme OPTER, lancé par SNCF Voyageurs et les Régions. Ce dispositif est une opération « mi-vie » qui vise la rénovation et la modernisation de 40 % des TER français. Un contrat à l’échelle nationale qui représente 2,3 milliards d’euros. À Périgueux, l’unité va donc rénover la totalité des clims et sanitaires des rames des trains AGC – autorail grande capacité – et des 2NNG – deux niveaux nouvelle génération. Rien que pour les clims cela représente les pièces de 5 870 rames selon David Trichot.
De son côté, l’unité matériel roulant n’est pas en reste non plus. Dans ce service, pas de pièces détachées, mais des rames AGC entières qui arrivent en train avec trois caisses – deux motrices et une remorque – qui seront entièrement rénovées par les cheminots périgourdins. Avec le programme OPTER, le technicentre a signé un contrat pour la rénovation des TER AGC de quatre régions : la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Auvergne-Rhône-Alpes.
Ce projet nous offre un carnet de commandes plein pour cinq ans
200 trains de passage
200 trains vont aussi passer par Périgueux entre 2024 et 2031. En 2024, 14 rames seront sorties des ateliers, et l’objectif de l’unité est d’augmenter la cadence. Rapidement. « Les AGC tournent depuis 20 ans, il y a du travail à faire, dans les structures comme pour les peintures », note Alexandre Luis, directeur de production au matériel roulant. Pour l’heure, une rame met entre 90 et 100 jours pour être rénovée. L’objectif est de passer à 70-80 jours d’ici 2025. Concrètement, les trains vont être démontés, expertisés, refait, remontés et parfois modifiés à la demande du client, et repartir neufs. « Les pièces repartent avec un potentiel de 20 ans ».

© Loïc Mazalrey – La Vie Économique
Objectif : sortir une rame tous les 15 jours en 2025
« Aujourd’hui, le produit est nouveau, au fur et à mesure, on va le fiabiliser et donc le temps de traitement va diminuer », détaille Patrice Pincemail, directeur industriel du technicentre. Son objectif ? Voir une rame sortir tous les quinze jours en 2025 et atteindre un pic maximum de charge à l’horizon 2026/2027 avec une rame rénovée toutes les semaines. Ce degré de spécialisation, le technicentre de Périgueux l’a recherché et a désormais atteint un niveau 4/5 de maintenance pour la SNCF, « c’est-à-dire l’habilité à faire de la maintenance lourde », souligne Nicolas Vigeon, directeur du site. La participation à l’opération OPTER, pour le directeur permet de « construire l’avenir ». « Ce projet nous offre un carnet de commandes plein pour cinq ans, et nous donnera des horizons essentiels pour des investissements humains, et matériels. Ces performances signifient que nous serons là sur les marchés à venir. »
Le programme OPTER vise la rénovation et la modernisation de 40 % des TER français.