C’est à l’auditorium de l’Agropole à Agen, et devant un parterre d’une cinquantaine de chefs d’entreprise du département, que l’économiste officiant sur LCI a partagé son analyse d’une situation économique et géopolitique. Venu en voisin, il est lotois et corrézien, Pascal Perri a d’abord cité le courant de pensée d’économistes américains présentant le monde actuel sous d’appellation de VUCA (volatil, incertain, complexe et ambiguë) pour rappeler que les crises et conflits internationaux (détroit de Taïwan, d’Ormuz et du Bosphore) ont un impact direct sur les entreprises françaises. Dénonçant les politiques protectionnistes chinoises ou américaines ainsi que la rapidité du changement de modèle économique international, illustré par l’essor des jeunes entreprises du numérique aujourd’hui leaders de la bourse américaine, Pascal Perri a salué le timide réveil européen après des années de naïveté : « Il faut revoir notre droit à la concurrence alors que les pouvoirs économiques européens sont dispersés. Après avoir manqué la révolution numérique, l’Europe doit concentrer ses capitaux et ne pas avoir peur de recréer des monopoles pour s’unir sur le développement de l’IA ».
Une réforme profonde du système français
Dans ce tableau un peu sombre, Pascal Perri voit une lueur d’espoir grâce au savoir-faire français malgré trois « plaies » à soigner pour pouvoir faire face aux futurs et intenses rapports économiques. Peu productive, surendettée et dépendante de ses voisins européens qui scrutent sa trajectoire budgétaire, la France doit notamment être capable de mieux exporter pour retrouver un solde commercial extérieur positif, ce qui n’est plus le cas depuis 1999. Pour y parvenir, Pascal Perri pose la question centrale du taux d’emploi, principal financeur du modèle social français : « Depuis 40 ans, le travail est dévalorisé. Nous sommes passés, dans les années 80, de producteurs à consommateurs. Qu’est-ce qui doit financer ce modèle social unique que nous devons protéger ? ». Défendant une réforme globale du fonctionnement français, où 70 milliards d’euros sont noyés dans la complexité administrative, et plus de décentralisation, l’invité de la CCI 47 a conclu son intervention en rappelant l’importance de travailler sur l’école française, « la base de tout », et le rôle majeur des TPE/PME, créatrices de valeurs, en lançant cet appel : « On a besoin de vous ! ».