Couverture du journal du 30/05/2025 Le nouveau magazine

Traille, la renaissance d’une filière laine française

Pyrénées - En commercialisant sa ouate isolante conçue avec de la laine de brebis des Pyrénées, l’entreprise Traille revalorise une matière délaissée issue de la tradition pastorale basco-béarnaise. Avec cette innovation, sa fondatrice, Muriel Morot, entend participer à la renaissance de la filière lainière française.

Muriel Morot, fondatrice de Traille

Muriel Morot, fondatrice de Traille © Louis Piquemil - La Vie Economique

A écouter Muriel Morot, depuis ses bureaux angloys basés au centre technopolitain Arkinova, Traille est née « un peu par hasard ». Pourtant, à bien y regarder, l’histoire de cette jeune entreprise qui valorise la laine de brebis des Pyrénées en ouate naturelle s’entremêle avec celle de sa fondatrice. Arrière-petite-fille de bergers, cette Basco-Béarnaise a opéré un retour aux sources après un déclic survenu le 15 août 2019 en vallée du Barétous, sur les terres béarnaises de sa famille maternelle. « Ce jour-là, ma vie a changé », sourit la jeune entrepreneuse qui, à cette époque-là, tenait un restaurant avec son conjoint à Paris. « Nous avons rencontré un berger, Marc Haritchabalet, qui nous a notamment expliqué que la laine issue de la tonte était tout simplement jetée, considérée comme un déchet. » À partir de ce moment, cet état de fait devient une obsession pour Muriel Morot. Elle ne l’envisage pas encore, et pourtant, Traille est déjà sur les rails. 

1 200 tonnes de laine inutilisées

La jeune femme se renseigne, apprend et constate combien la filière laine est en souffrance en France. Que la crise que celle-ci traverse depuis 50 ans est profonde, à la fois liée à des critères économique, logistique et bien entendu identitaire. Que, sur le département, les 1 200 tonnes de laine issues des tontes des brebis sont jetées chaque année. Sans réfléchir davantage à son usage, Muriel Morot achète 600 kilos de laine au berger rencontré pendant l’été, inspirateur de Traille malgré lui. Traille, du patronyme de la grand- mère de Muriel Morot, mais également du nom donné au chemin laissé par les brebis lorsqu’elles vont paître sur les hauteurs…

Traille

© Cyril Garrabos

Une ouate innovante

Elle fabrique d’abord du fil, mais le coût de revient est bien trop élevé et par conséquent le coût de vente également. Rapidement, elle décide de se tourner vers les non-tissés, économiquement viables mais pas seulement. « Cela permet également un usage textile alors que la laine des brebis des Pyrénées est rus- tique, épaisse, et donc de prim…