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Val d’Azun – Comment s’invente ici une nouvelle façon de travailler et d’entreprendre ?

L’association Agora Pyrénées a organisé le 20 mars dernier une rencontre à Arrens-Marsous sur l’attractivité du Val d’Azun, ses freins et l’accueil des nouveaux arrivants.

Val d’Azun, Agora Pyrénées

© CL - La Vie Economique

Avec ses 2 000 habitants, le val d’Azun est un espace laboratoire de la vie en montagne et fait l’objet d’études et d’observations sociologiques. L’association Agora Pyrénées a choisi le val d’Azun pour sa dernière rencontre avec pour thématique : « Comment s’invente ici une nouvelle de vivre, de travailler et d’entreprendre ? » Elle s’est tenue le 20 mars dernier à la salle des fêtes d’Arrens-Marsous.

Démographie stagnante

Une première intervention a associé Emmanuelle Coratti, la fondatrice et déléguée générale de l’association Back to Earth qui s’intéresse aux néo-ruraux et à l’avenir des territoires, au sociologue urbaniste Francis Pougnet. Emmanuelle Coratti prépare une thèse sur les dynamiques de renouveau dans les territoires ruraux et parmi les cinq territoires qu’elle étudie figure le val d’Azun. « J’ai eu un coup de cœur pour le val d’Azun car il y a une dynamique de renouveau entre des activités agricoles, touristiques, des entrepreneurs, des personnes qui n’ont pas de connexion avec ce territoire et d’autres qui en ont une », explique la fondatrice de Back to Earth.

Francis Pougnet pondère, lui, ce retour : « La démographie dans les Pyrénées n’est pas si bonne que cela. Si l’on pense que la population augmente en vallée des Gaves et val d’Azun, en fait elle stagne. Le solde migratoire est positif mais le vieillissement de la population plombe le territoire ».

Nouveaux arrivants

Pour Emmanuelle Coratti, les nouveaux arrivants sont attirés par le cadre naturel préservé, la dynamique existante avec des tiers lieux, des services, la proximité d’agglomération et de l’aéroport. « On a interrogé le choc des cultures, deux mondes parallèles se créent, il peut y avoir des cas de frottements liés aux tensions foncières sur les projets agricoles, des convictions sur les transitions et des visions politiques. Mais globalement, cela se passe plutôt mieux dans le val d’Azun. »

Cela se passe plutôt mieux qu’ailleurs dans le val d’Azun

Hélène Laroche fait partie de ces nouveaux arrivants, elle a créé en 2020 sa ferme de maraîchage à Estaing. « Avec mon mari, nous nous sommes tournés vers les Pyrénées car nous avions la sensation que les habitants y étaient plus ouverts d’esprit. » Baptiste Cazaux, qui a repris la ferme familiale à Arrens-Marsous et produit 12 tonnes de fromages par an vendus dans un rayon de 30 km participe à cette ouverture. « Nous accueillons des visiteurs sur notre ferme sur deux fins d’après-midi, nous leur expliquons notre métier, les activités valléennes, la traite. C’est un succès car finalement nous sommes peu à ouvrir nos portes », explique le fromager.

Cadre de travail

Si parmi les nouveaux arrivants en val d’Azun, Francis Pougnet identifie des entrepreneurs qui veulent changer de vie, il note l’arrivée de télétravailleurs à la recherche de services et d’équipements et de bi actifs qui vont vivre dans la vallée mais travailler ailleurs. Pour répondre à ces besoins, l’association La Turbine a ouvert en 2020 à Arrens-Marsous un espace de coworking de 120 m² avec quatre bureaux fermés et une salle de réunion. « Nous accueillons en moyenne quatre personnes par jour. Sur une année, nous comptabilisons 2 000 demi-journées d’occupation avec 15 % de personnes extérieures », souligne Stéphane Gaute de l’association La Turbine.