Couverture du journal du 17/09/2024 Le nouveau magazine

Vins et spiritueux – Mister Cocktail

Après le vin et la bière, Gilles de Conti, 39 ans, s'est lancé depuis peu dans la production de spiritueux artisanaux avec deux associés amis. Un mélange des genres qui lui réussit à merveille

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Gilles de CONTI, propriétaire de la distillerie et de la Tour des Gendres ©Loïc Mazalrey - La Vie Economique

Ces deux amateurs de vins avaient poussé la promenade jusqu’à Ribagnac, au sud de Bergerac, pour goûter les blancs millésimés du château Tour des Gendres. Une heure plus tard, ils sont repartis de la propriété avec deux caisses de bergerac rouge, une bouteille de pastis et une autre de gin. Ces deux-là s’attendaient à tout, sauf à trouver une distillerie aménagée dans l’une des dépendances du domaine, non loin du chai où les dernières cuvées de bergerac, côtes de bergerac et IGP Périgord forgent leur caractère si singulier. « C’est la surprise du chef », sourit Gilles de Conti, 39 ans, héritier avec sa sœur Margaux, de l’entreprise viticole créée au mi-temps des années 80 par leur père, le visionnaire Luc de Conti, aujourd’hui à la retraite. « Quand les gens pensent avoir fini leur visite de l’exploitation, ils sont ravis d’apprendre que trois alambics en cuivre de fabrication artisanale les attendent dans un joli bâtiment en pierre du Périgord sous-exploité jusqu’alors ».

Bousculer les codes

Nul doute que les tenants de la tradition agricole trouveront dans ce mélange des genres matière à s’émouvoir. Qu’à cela ne tienne, Gilles de Conti ne cédera rien de sa détermination à bousculer les codes en étant là où on ne l’attend pas. Il y a dix ans, alors qu’il travaillait sous la direction de son père sur l’exploitation viticole, il a créé, avec son cousin Étienne, « Lapépie », l’une des premières brasseries artisanales de la Dordogne. « J’avais envie de produire une bière de qualité qui ait du goût et une identité propre », confie Gilles de Conti, qui déménagera bientôt sa production de Plaisance, où a débuté l’aventure Lapépie, pour l’installer directement sur le domaine de la Tour des Gendres.

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La distillerie Les Rhodes basses commercialise un pastis et un gin de sa fabrication. © Loïc Mazalrey – La Vie Economique

Trois activités complémentaires

Plus pratique pour gérer à la fois l’exploitation viticole, la brasserie et les Rhodes basses, du nom de la nouvelle distillerie. « J’ai la chance d’être entouré dans le cadre de ces trois activités, relativise Gilles de Conti. Je travaille avec ma sœur sur la propriété de la Tour des Gendres, avec Guillaume, mon cousin, à la brasserie et j’ai deux associés, Marc Bonnefin et Anthony Mazier, pour la distillerie », rappelle le jeune entrepreneur de 39 ans. Nom de l’entreprise, structure juridique de la société, autorisations d’exploiter… Gilles de Conti, Anthony Mazier et Marc Bonnefon n’étaient pas trop de trois pour répondre aux exigences de l’administration. « On est vraiment entré dans le vif du sujet à la réception des alambics, se rappelle Antony Mazier. Le matériel était tout juste installé que nous avons mis en route la distillation de notre premier whisky à base des restes de rouge de la propriété prélevés sur les presses. »

« L’idée, c’est de faire travailler au maximum les fermes du maraîchage du secteur »

Les maraîchers locaux partenaires de la distillerie

En attendant que le précieux nectar arrive à maturité dans la barrique en chêne qui lui sert de cocon, le trio a élaboré un pastis et un gin maison, riches en goût et en parfum. À rebours des alcooliers industriels qui se contentent le plus souvent de travailler à partir d’extraits, les trois associés ont fait le choix d’inclure dans la composition de leurs spiritueux des vraies plantes de cardamome, de coriandre ou encore de fenouil angélique. Pour le moment, l’approvisionnement passe encore par un groupement d’herboristes installé en Rhône-Alpes, mais les premières récoltes locales ne devraient plus tarder. « Des maraîchers ont accepté de produire sur leurs parcelles des variétés de plantes dont nous avons besoin pour aromatiser nos boissons », indique Anthony Mazier qui souhaite renouveler l’expérience à plus grande échelle l’année prochaine. « L’idée, c’est de faire travailler au maximum les fermes du maraîchage du secteur tout en limitant l’impact de notre activité en termes d’empreinte carbone. »

Si l’entreprise a l’intention de diversifier sa gamme de spiritueux en proposant, entre autres, une liqueur proche de la chartreuse, la boisson aux mille plantes, elle ne veut pas pour autant courir après une croissance effrénée qui mettrait en péril la qualité de ses produits. « Nous allons faire des salons et continuer à communiquer pour faire connaître nos spiritueux, mais l’objectif est de garder une production raisonnable qui garantira la singularité de nos produits. »