En franchissant la porte de l’immense entrepôt de Label Plateforme 47, François Hollande fait remarquer l’ampleur du site. Il demande ce qu’il y avait avant, suscitant les rires de l’assistance. « Je vois que ce bâtiment a une histoire », s’amuse-t-il. Michel Masset, maire de Damazan et président de Valorizon, lui explique que le bâtiment abritait auparavant Xilofrance, une usine de contreplaqué inaugurée en 2011 par un certain Nicolas Sarkozy. « Je vois qu’on fait dans l’économie circulaire ici », rebondit l’ancien président qui n’a rien perdu de son sens de l’humour.
UNE 2E EN FRANCE
En 2016, la société coopérative Label Emmaüs est créée à Noisy-le-Sec, en région parisienne. À l’origine, la plateforme collecte des livres d’occasion avant leur destruction. Un site de vente en ligne est ensuite créé : label-emmaus.co et il est également proposé aux professionnels de l’événementiel un service de location de mobilier chiné chez Emmaüs. Une équipe de 8 personnes en insertion y travaille lors des débuts de la structure.
L’économie circulaire et l’insertion sont possibles en zone rurale
DE LA SEINE-SAINT-DENIS AU LOT-ET-GARONNE
En 2021, forte de son expérience dans le 93, la coopérative solidaire Label Emmaüs décide de s’engager dans un territoire rural, entre Bordeaux et Toulouse : le Lot-et-Garonne. Un choix expliqué par Thomas Marcotte, cofondateur et responsable de Label Plateforme 47 : « derrière chaque homme, il y a une femme et ma compagne a trouvé un emploi dans le Sud-Ouest. On voulait quitter l’Ile-de-France avec notre enfant en bas âge et nous avons pensé à faire essaimer Label Plateforme 93. C’est un environnement très différent de celui de Paris, l’insertion en zone rurale n’a rien à voir avec l’insertion dans les métropoles. Mais s’installer dans ce Village du Réemploi (porté par Valorizon, NDLR) a beaucoup de sens, il y a une vraie coopération entre tous les acteurs locaux ».
L’INSERTION PAR LE RÉEMPLOI
L’objectif du site lot-et-garonnais n’est pas d’empiéter sur les structures déjà présentes sur le territoire mais de développer des activités complémentaires aux structures du réemploi locales et offrir un support d’insertion innovant pour un public éloigné du monde du travail. Ainsi, Label Plateforme 47 collecte du matériel et mobilier de bureau, le répare et le retape avant de le mettre en vente sur la market place de la coopérative à un prix défiant toute concurrence.
CERCLE VERTUEUX
Contrairement aux Emmaüs locaux, Label Plateforme 47 ne s’adresse qu’aux professionnels et ne va pas collecter chez les particuliers. Mais le procédé fonctionne tout autant. Après un peu plus d’un an d’activité, Label Plateforme 47 a déjà formé 8 personnes sur des compétences en logistique et e-commerce. Elle a aussi réutilisé 70 tonnes de mobilier de bureau et ouvert son activité au réemploi du livre d’occasion. Entre la Seine-Saint-Denis et le Lot-et-Garonne, ce sont plus de 60 salariés qui travaillent actuellement dont 20 en insertion. Un cercle vertueux qui implique un impact aussi bien sur les territoires, sur les consommateurs et sur les personnes qui y participent.
© Julien Mivielle
DE NOMBREUX PARTENARIATS
La clé de l’installation réussie de Label Plateforme 47 est aussi due à la présence d’un écosystème local favorable à l’économie sociale et solidaire et à la logique de l’occasion. Avec son Village du Réemploi à Damazan, Valorizon attire les initiatives innovantes en matière économiques et sociales. De plus, Label Emmaüs a trouvé de nombreuses entreprises partenaires : Valdelia, l’éco-organisme agréé du mobilier professionnel, qui propose, clé en main, des solutions de collecte aux entreprises pour les mobiliers professionnels dont elles se séparent, et Haworth, leader de l’aménagement d’espaces de travail en Europe. On pourrait également citer Archi’Mede, Écoreso Autonomie 47, Élise Atlantique et plus récemment Orak (réemploi de moquettes).
FRANÇOIS HOLLANDE LE MOT DU PRÉSIDENT
Après la visite du site, François Hollande, président de La France s’engage, a rappelé que Label Emmaüs avait été récompensé en 2017 par sa fondation. Le soutien, financier au départ, moral aujourd’hui, est toujours présent pour l’ancien président de la République : « l’économie circulaire et l’insertion sont possibles en zone rurale. C’est beau de donner une seconde chance aux femmes et aux hommes qui donnent une seconde chance aux biens. Et ce lieu, qui aurait pu devenir une friche, a lui aussi une seconde chance ». Et François Hollande de conclure dans un sourire : « Je ne sais pas si ça vaut pour tout le monde ».
