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[ Entreprise ] Manuco : plus de poudre moins d’acides

Parmi les entreprises de Dordogne qui bénéficient du plan France Relance au titre du soutien à l’investissement industriel dans les territoires, Manuco a été retenue pour le développement prévu sur le site que tous les Bergeracois continuent d’appeler « la poudrerie ».

Manuco

© Photo de Tiger Lily provenant de Pexels

Nous partons de la cellulose et nous la transformons dans ce qu’on pourrait comparer à une grande cuisine, en la mélangeant dans plusieurs bains d’acides… », résume Bruno Fourest, directeur de cette entreprise qui porte l’héritage de la longue histoire de la poudrerie, mais se présente sous une forme autonome depuis 2013. 78 salariés fabriquent à Bergerac de la nitrocellulose, matériau qui entre dans la composition de munitions pour usage militaire ou civil : poudre noire, cartouches destinées au tir sportif et de loisir, propulseur de fusée, dynamite, feux d’artifice, etc. La production est réalisée par nitration de la cellulose issue de la pâte de bois (en provenance de la forêt des Landes, essentiellement) ou la cellulose de coton. « Nous fabriquons environ 4 000 tonnes par an de ce produit, que nous exportons à plus de 80 %, dont 65 % en Europe. » Leader mondial dans le secteur de la nitrocellulose et unique producteur français, Manuco est à ce titre une entreprise stratégique pour la souveraineté du pays. Elle continue d’investir pour renforcer sa position face à une concurrence venue de l’Est, mais aussi de Chine et d’Afrique du Sud. « Si les prix de revient sont corrects sur certains marchés, c’est plus compliqué pour d’autres, celui de la chasse notamment, et nous devons améliorer nos coûts. Le projet que nous portons avec France Relance vise à assurer la pérennité de Manuco. » La transformation porte sur l’ajout d’un ensemble de nouveaux équipements pour doubler la concentration d’acide sulfurique de cette unité, l’objectif étant d’acquérir une plus grande autonomie de fonctionnement en limitant la dépendance aux intrants extérieurs. Outre les choix techniques, cela va permettre d’améliorer la consommation énergétique et le recyclage des acides, les préoccupations écologiques rejoignent ici un souci de productivité. « Afin d’employer une part d’acides de plus en plus faible,
nous allons reconcentrer ce que l’on pourra récupérer au fil des différents traitements. Ce processus de recyclage aboutira à moins en acheter : 13 000 tonnes par an ne circuleront bientôt plus. » Avec à la clé une forte diminution du recours aux transports routiers et donc de l’empreinte carbone de l’installation. Ce qui devrait engendrer 500 000 euros par an d’économie.

L’investissement matériel et immobilier s’élève à 1,5 million d’euros

Déclic aussi pour l’image

Bruno Fourest Directeur Manuco

Bruno FOUREST
: directeur de Manuco © D. R

Cet investissement matériel et immobilier dans une unité de concentration d’acide sulfurique s’établit à hauteur d’1,5 million et va recevoir une aide publique de 248 000 euros. L’entreprise, fruit d’une joint-venture entre Eurenco (SNPE) et le groupe espagnol Maxam, ne parvenait pas jusqu’ici au seuil crucial des deux ans de rentabilité pour lancer cet investissement : l’aide de France Relance lui permet de franchir ce cap. Il a juste fallu prendre un peu de temps pour constituer le dossier du fait de la bi-nationalité de la structure. En améliorant le prix de revient, Manuco va gagner en compétitivité et aller chercher d’autres marchés pour consolider ses ressources. Cette réorganisation permettra aussi de renforcer l’emploi puisque quatre créations de poste sont prévues dans les deux ans. « De plus, nous remarquons que ce projet s’inscrivant dans le cadre stratégique d’un plan dont on a beaucoup entendu parler, les salariés font le lien entre la vie de l’entreprise et l’envergure nationale de France Relance, avec des effets bénéfiques en termes de communication interne. »

 

SEVESO SEUIL HAUT
La poudrerie a été créée en 1917 à Bergerac. En 1972, la société nationale de poudres et explosifs (SNPE) regroupe les activités et en 1992, Bergerac NC prend en charge la fabrication. Manuco émerge en 2005 du rapprochement de BNC et Maxam, formalisé en 2013 avec la joint-venture (50/50) Eurenco-Maxam. 2015 marque l’intégration du parc acide et le passage du site en classement Seveso seuil haut. La capacité de production s’établit à 4 500 tonnes de nitrocellulose par an, pour un chiffre d’affaires allant de 18 et 26 millions d’euros ces dernières années. Ouvert 24h/24 et 7j/7, le site occupe 25 000 m2 de bâtiments sur 178 000 m2. Manuco poursuit un objectif d’autosuffisance économique en conjuguant les outils de lean management aux impératifs de sécurité du site et d’environnement.

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