Quand on frôle le 1,80 mètre, il est rare qu’on doive lever les yeux pour saluer une Dame. Mais face à Clémence Isaure et ses 5,28 mètres, on est obligé de s’avouer vaincu. Non, nous n’avons pas croisé le fantôme de la fondatrice des Jeux Floraux de Toulouse, née au XVe siècle. Clémence Isaure est tout simplement le nom donné au tunnelier de l’entreprise Bessac qui va creuser le prolongement de la ligne B du métro vers Labège. « C’est la même machine qu’on a utilisée en 2003 pour forer au niveau de la station Jean-Jaurès », précise le président de Bessac, Bernard Théron. À l’époque, il portait le nom de Xavier Darasse, l’organiste toulousain mort en 1992.
La signature Bessac
Clémence Isaure est ce qu’on appelle un tunnelier à attaque ponctuelle à air comprimé. Cela signifie que la partie avant de la machine creuse le sous-sol avec un bras articulé qui tourne à 360 degrés. Mais la particularité de ce chantier, c’est que le tunnel du métro doit passer sous le canal du Midi. Afin d’éviter les infiltrations d’eau, il faut donc travailler sous air comprimé pour réaliser une contrepression. « Ce type de tunnelier est la signature Bessac, indique Bernard Théron. À l’origine, les tunnels étaient creusés à la pelle et à la pioche. Dans les années 80, le fondateur de l’entreprise, Michel Bessac, a voulu mécaniser le procédé et a eu l’idée de ce type de tunnelier. » À l’intérieur de la machine, un opérateur pilote le bras d’abattage et observe le travail par un hublot. Tandis que l’avant du tunnelier creuse, l’arrière pose le revêtement du tunnel constitué de voussoirs en béton (voir ci-contre). À plein régime, Clémence Isaure avancera de 5 à 10 mètres par jour sur les 500 mètres à creuser.

Tunnel percé par Bessac à Meudon, à côté du RER © Yves Chanoit
2/3 du chiffre d’affaires à l’international
Près de 50 ans après sa création en 1975 à Réalmont (Tarn), Bessac a creusé plus de 400 kilomètres de tunnels partout dans le monde. L’entreprise de plus de 500 salariés compte plusieurs filiales implantées en Colombie (200 personnes), Côte d’Ivoire, États-Unis, Canada… et affiche 150 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 dont les deux tiers à l’étranger. Un succès hors des frontières qui a mis du temps à se construire. « La première expérience à l’étranger, à Berlin, en 1995 a été un peu douloureuse », raconte Bernard Th…