À la sortie de l ’aéroport de Bergerac, des publicités dans la langue de Shakespeare attirent l’œil. Ici l’anglais est roi. Et pour cause : l’infrastructure se dédie avant tout à l’accueil de touristes étrangers, et non à un trafic d’exportation. Une réussite pour l’année 2023 puisque du 1er janvier au 31 août, 163 000 voyageurs ont foulé le tarmac, soit une hausse de 7 % par rapport à 2022.
11 DESTINATIONS BRITANNIQUES
De bons résultats qui s’inscrivent dans la politique menée par l’aéroport, dirigé jusqu’au 24 septembre par Gwenvael Ronsin-Hardy : développer les lignes, actuellement 13 destinations régulières proposées (11 en Grande-Bretagne), ainsi que Porto et Rotterdam -, et augmenter le nombre de passagers. Pour cela, l’aéroport Bergerac Dordogne Périgord, de son nom commercial, regarde avant tout vers le Royaume-Uni, l’Irlande et l’Europe du Nord. Accompagné de son successeur, Gauthier de Malet, le directeur n’en dit pas plus sur les destinations dans le viseur de l’établissement. Habilité à accueillir des Boeing 737 et des Airbus A320, l’aéroport n’est en revanche pas destiné aux long-courriers, et ne le vise pas.
AUGMENTER L’AVIATION D’AFFAIRES
Ce qui tend à se développer, c’est l ’aviation d’affaires. Ces vols représentent entre 200 et 300 mouvements par an, contre 800 à 1 000 pour les vols commerciaux, mais sont « assez rémunérateurs », note Gwenvael Ronsin-Hardy. Une offre qui permettrait de développer l’activité sur l’année, pour l’infrastructure qui compte 40 salariés, aidés de saisonniers l’été. « Mais l’aéroport a une vocation touristique, et aujourd’hui, la demande est là l’été, nous sommes tributaires du climat », relève l’ancien directeur. En effet, entre la saison haute et basse, le ratio de vols est de 1 à 8 voire 1 à 9.
MISER SUR L’ACTIVITÉ COMMERCIALE
Pour compléter cette activité, Gwenvael Ronsin-Hardy et Gauthier de Malet misent sur le développement des activités non aériennes. Ainsi, des terrains et bâtiments sont proposés à la location, notamment pour l’hébergement d’avions. L’activité commerciale est également une source de revenus importante pour l’infrastructure où un restaurant et des boutiques se sont ouverts, et sont sous concédées à Relay-Lagardère. Un succès qui en appelle d’autres puisqu’un duty free devrait voir le jour en 2024.
Outre la restauration, l’aéroport vend en propre des espaces publicitaires, concède des locaux aux entreprises de location de voiture, et exploite lui-même les parkings de l’aéroport. Une part d’activité non négligeable puisqu’elle représente autant que les revenus aéronautiques, pour la structure dont le chiffre d’affaires sur un an est d’environ 5,5 millions d’euros.
UNE DÉLÉGATION DE SERVICE PUBLIC
L’impact et le développement économique : telle est la mission que doivent remplir les directeurs de l ’aéroport qui se succèdent. Une charge qui leur est confiée par les propriétaires des lieux : les collectivités territoriales (le Département de la Dordogne, la Région Nouvelle-Aquitaine et les communautés de communes de Bergerac et Périgueux). Ensemble, elles ont réalisé une délégation de service public par régime concessif à EGC Aero, gestionnaire de
la plateforme. Il s’agit d’un consortium composé de la CCI de la Dordogne à 55 % et d’Egis à 45 %. « C’est à nous de faire tourner la boutique, et de remplir les objectifs qui nous sont fixés », résume Gwenvael Ronsin-Hardy, directeur et salarié Egis, tout comme son successeur. En tant que gestionnaire, la société EGC Aero est responsable de la sécurité au sein de l’infrastructure et de la qualité des services. C’est également le consortium qui a la charge des certifications de l’aéroport.
UNE ÉCOLE À L’AÉROPORT
La rentrée 2023 a aussi été marquée par l’ouverture d’une école de pilotes de ligne : Icare Flight Academy. Gérée par Patrick Marquant, la formation est vue comme un avantage par la direction de l’aéroport. « Un établissement de cette taille se doit d’être diversifié, et cela permet de faire tourner les avions, mais aussi d’avoir une activité et une économie en attirant un nouveau public », résume Gwenvael Ronsin-Hardy. L’école, qui accueille les élèves à partir de 17 ans, avec une sélection à l’entrée, propose des formations de 18 mois à deux ans. Après une partie théorique de huit à dix mois, la pratique se fait sur des DR400, des monomoteurs puis des DA40 capables de voler dans des conditions givrantes.
RENOUVELER L’ÉQUIPEMENT
Ce mode de gestion permet à EGC Aero de ne pas porter seul les frais de fonctionnement de l’aéroport. « Certains financements structurants sont portés par les collectivités territoriales », relève le directeur. Cela représente environ la moitié des coûts de fonctionnement de la structure.
« Mais cela implique également des droits, et des devoirs », souligne Gwenvael Ronsin-Hardy. Qui précise : « Nous avons des engagements contractuels vis-à-vis des puissances qui nous concèdent, des missions inhérentes à la puissance publique comme la sécurité des biens et des personnes et la sûreté des risques attentats, et des engagements contractuels comme le développement économique, le renouvellement des certifications, et l’entretien et la maintenance ».
Ce sont en effet les chantiers qui attendent le nouveau directeur, Gauthier de Malet. 2,4 millions d’euros doivent être investis d’ici 2026 pour des travaux et le renouvellement d’équipements, notamment de nouveaux camions de pompier ou encore du changement dans l’équipement d’exploitation de l’infrastructure. Aucuns travaux d’agrandissement ne sont en revanche prévus, ni sur la piste de 2 000 mètres, ni dans les bâtiments. « La volumétrie est suffisante pour atteindre les 350 000 passagers annuels. » En effet, 2019, année record, déjà 301 000 passagers avaient été accueillis.
Habilité à accueillir des Boeing 737 et des Airbus A32o, l’aéroport n’est en revanche pas destiné aux long-courriers et ne le vise pas
VERDIR L’ACTIVITÉ
Les prochains changements concerneront également l ’environnement, et le développement durable, une thématique au cœur du secteur aéronautique. L’aéroport s’est fixé, en accord avec des objectifs européens, de baisser ses émissions de gaz à effet de serre de 50 % d’ici 2030 en misant sur une autoconsommation électrique, et le changement de ses véhicules à énergie fossile.
« L’aéroport est très bien optimisé, et émet peu de gaz à effet de serre, il y a peu de trafic l’hiver, donc on chauffe peu, et il n’y a pas de vol la nuit. L’empreinte carbone est raisonnable », soulève le directeur. D’ici 2026, la moitié de la surface du parking devrait également être équipée de panneaux photovoltaïques. « Avec les réglementations, on va être forcés, c’est mieux que l’on anticipe et qu’on aille dans cette dynamique », détaille-t-il.
« L’image du transport aérien fait qu’on se doit de verdir l’activité. »
Un duty free devrait voir le jour en 2o24
UN BON CRU POUR FIN 2023
Avec un début d’année déjà très positif, l’aéroport de Bergerac mise sur une fin d’année qui le sera tout autant. En octobre, deux vols vacances sont au programme : un vers la Jordanie d’ores et déjà complet, et pour Rhodes. Par ailleurs, la compagnie British Airways opérera des vols pendant la période des fêtes de fin d’année, au départ de London City et Southampton, offrant la possibilité de se rendre dans la capitale britannique.
2,4 millions d’euros doivent être investis d’ici 2o26 pour des travaux et le renouvellement d’équipements
CHANGEMENT DE MAINS
La grande nouveauté de la rentrée pour l’aéroport de Bergerac est l’arrivée d’un nouveau directeur. Gwenvael Ronsin-Hardy est parti en direction de Papeete, et a été remplacé par Gauthier de Malet. Tous deux salariés d’Egis, ils sont habitués aux mutations qui surviennent généralement tous les trois ans, comme le souligne le directeur sortant. Arrivé en février 2020, la direction de Gwenvael Ronsin-Hardy a été marquée par la pandémie. « Il fallait maintenir l’entreprise à flot pour sa survie. » Il en a profité pour « réorganiser l’aéroport et qu’il soit plus efficace, rationnaliser l’entreprise pour faire recette, ça a été très violent mais il en sort plus solide ». Le nouveau directeur, Gauthier de Malet, qui a dirigé l’aéroport de Mayotte, souhaite continuer le développement de l’aéroport. « Il faut tenir la barre et maintenir l ’équilibre économique sans oublier les obligations que nous avons vis-à-vis des collectivités. »
L’AÉROPORT DE BERGERAC EN 5 DATES :
Années 1930 : Création de l’aéroport
1962 : Construction de la piste en dur
1970 : Première ligne commerciale
2002 : Première ligne internationale
2009 : Nouvel aérogare et arrivée de RyanAir