Alors que la décentralisation n’a cessé de s’amplifier depuis les années quatre-vingt, les territoires sont, toujours plus, des acteurs majeurs de l’action publique locale. Avec par exemple le renforcement des compétences des régions et des intercommunalités, les écosystèmes institutionnels se densifient et jouent aujourd’hui un rôle déterminant dans le développement des entreprises, de leur environnement direct et de leur fiscalité. Pourtant, nombre de PME, ETI et grands groupes implantés en Occitanie ou en Nouvelle-Aquitaine tardent encore à intégrer les affaires publiques territoriales comme un levier stratégique de croissance, d’anticipation réglementaire et d’ancrage local.
Les territoires : de véritables copilotes économiques
Longtemps perçus comme de simples guichets d’aides ou d’autorisations, les pouvoirs publics territoriaux ont profondément changé de posture. En Occitanie comme en Nouvelle-Aquitaine, les Régions, les Métropoles ou les Mairies disposent, au fil de leur mandat, des rôles d’investisseurs, de partenaires stratégiques et d’ensemblier de projets complexes. Elles co-construisent des filières (hydrogène, santé, agroalimentaire, numérique…), pilotent des dispositifs d’accompagnement à la transition écologique, financent des infrastructures de mobilité ou de logistique, participent à la structuration des écosystèmes d’innovation. Dans ce contexte, la capacité d’une entreprise à dialoguer efficacement avec ces acteurs ne relève plus de la simple communication institutionnelle. Il s’agit d’un savoir-faire stratégique, à la croisée du lobbying, de l’intelligence territoriale et de la gestion de projets publics-privés.
Les décideurs privés sont légitimes
Les structures privées hésitent souvent à investir ce champ des affaires publiques territoriales. Par manque de ressources internes, par méconnaissance du paysage institutionnel local, ou par crainte d’être mal perçues. Pourtant, elles ont beaucoup à gagner : parce qu’elles sont ancrées localement, parce qu’elles innovent, recrutent, forment, et participent directement à la résilience des territoires, elles sont légitimes !
Des outils existent pour structurer cette démarche : cartographie des parties prenantes, veille réglementaire territoriale, prise de parole dans les consultations publiques, participation aux schémas de planification régionaux (SRADET, SRESRI, SRDEII…), formalisation d’un récit territorial aligné sur les priorités locales. Il ne s’agit pas de « faire du lobbying » au sens caricatural du terme. Il s’agit de développer une culture de la relation constructive avec les institutions, fondée sur la transparence, l’écoute mutuelle, l’alignement stratégique. Cela suppose une montée en compétences interne ou l’appui d’experts en affaires publiques régionales, capables de décrypter les dynamiques institutionnelles, de construire des narratifs convaincants et de piloter des relations institutionnelles sur le temps long.
Faire des territoires des partenaires de croissance
L’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine sont deux régions dynamiques, ouvertes à la coopération avec le monde économique. Les exemples sont nombreux. Encore faut-il que les entreprises s’en saisissent. Investir le champ des affaires publiques territoriales, c’est ne plus subir les décisions, mais participer à leur élaboration. C’est faire entendre sa voix dans un langage compréhensible par les décideurs publics. C’est, enfin, considérer les institutions non comme des contraintes, mais comme des partenaires de la croissance, de l’innovation et des transitions durables.