Il a pointé le bout de son nez au terme espéré. Comme Airbus s’y était engagé en juillet lors de l’inauguration à Blagnac de la chaîne d’assemblage final (FAL) des avions de la famille A320, le premier A321neo est sorti de l’usine Lagardère fin novembre. Il sera désormais livré à la compagnie aérienne turque Pegasus pour un premier vol en 2024.
La chaîne toulousaine n’est pas encore à son apogée, même si elle embauche aujourd’hui 450 personnes
Montée en cadence espérée
La chaîne toulousaine n’est pas encore à son apogée, même si elle embauche aujourd’hui 450 personnes. A pleine cadence, d’ici 5 ans, elle sera capable de produire 10 avions par mois selon nos informations. En attendant, Airbus peut toutefois se féliciter de cette nouvelle FAL qui devrait lui permettre d’atteindre son objectif de 720 livraisons cette année. Fin octobre, il restait encore 160 avions à livrer pour tenir ses délais. Un défi de taille surtout que les chaînes de sous-traitance ne sont pas encore totalement sorties de la crise du Covid-19. « Il y a toujours des tensions sur l’approvisionnement en titane et en aluminium » souligne Rémy Bonnery, du cabinet Archery Strategy Consulting. Par ailleurs, la filière souffre toujours d’un problème de main d’œuvre qualifiée, difficile à trouver.
Un salon de Dubaï en demi-teinte
Pour l’année prochaine, Airbus devrait tabler sur plus de 800 avions livrés dans le monde, près de son record d’avant crise qui était de 860. « L’objectif de 1 000 avions par an est crédible au vu du carnet de commandes » note Rémy Bonnery. Le géant toulousain a en effet plus de 10 ans de visibilité devant lui avec plus de 8 000 avions à produire. Des bons chiffres qui ont été consolidés lors de cette année 2023 record où Airbus a engrangé près de 1 500 commandes, notamment grâce à un excellent Salon du Bourget.
Yehia Zakaria, Président-directeur général d’Egyptair et Christian Scherer, directeur international d’Airbus au salon de Dubaï © Jean-Vincent Reymondon – Airbus SAS 2023
S’il fallait trouver une petite ombre au tableau, ce serait le salon aéronautique de Dubaï où Airbus s’est fait plus petit que son concurrent Boeing. « C’est le jeu des compagnies aériennes qui cherchent à rééquilibrer le marché, afin d’entretenir une concurrence saine » glisse une source au sein d’Airbus. Cela n’a pas empêché l’Européen de repartir avec plusieurs contrats dans sa mallette, notamment sur l’A350-900 (15 pour la compagnie Emirates, 11 pour Ethiopian Airlines et 10 pour Egyptair) et l’A220-300 (30 pour la compagnie airBaltic qui devient le plus gros client de l’appareil en Europe).
2023 aura été une année record pour Airbus qui a engrangé près de 1 500 commandes notamment grâce à un excellent Salon du Bourget
Résultats financiers au beau fixe
Toutes ces commandes permettent donc à Airbus de réaliser des résultats financiers excellents. Début octobre, le chiffre d’affaires du groupe progressait de 12% sur un an à 42,6 milliards d’euros (+18% pour l’activité avions commerciaux). Les bénéfices de l’entreprise avant intérêts et impôts (EBIT) devraient atteindre 6 milliards d’euros en 2023. Et ce n’est qu’un début au vu des prévisions d’avenir du secteur ! D’ici 2042, la valeur du marché des services aux avions commerciaux devraient doubler pour atteindre 255 milliards de dollars selon les prévisions mondiales pour les services (GSF). L’institut prévoit le remplacement de 17 000 avions d’ici 20 ans, ce qui représenterait un besoin de main d’œuvre de 2,2 millions de personnes hautement qualifiées supplémentaires pour Airbus.
Safran cartonne au salon de Dubaï
Si Airbus s’est fait discret à Dubaï, son compère toulousain Safran a fait le plein de commandes lors de ce salon aéronautique. Tout d’abord, Air Arabia, l’un des plus importants opérateurs low-cost du Moyen-Orient a annoncé la commande de 240 moteurs Leap-1A pour équiper sa future flotte de 120 A320neo (livraison en 2025). Ce moteur de nouvelle génération permet de réduire de 15 à 20% la consommation de carburant et d’émissions de CO2. Surtout, Safran a signé avec la compagnie Emirates une série de contrats pour un montant estimé à 1,12 milliard d’euros. L’accord porte sur des sièges haut de gamme pour les futurs A350, 777-X9 et B777-300 de la compagnie émiratie, mais également des équipements de cabine, des systèmes de routes et de freins carbone ainsi que toute une série de service (maintenance, réparation …). « Cette annonce renforce le partenariat entre Emirates et Safran, mais vient aussi soutenir la production aéronautique et, au-delà, l’ensemble de la chaîne de valeur en France et en Europe » s’est félicité Tim Clark, le président d’Emirates.
