Couverture du journal du 07/05/2024 Le nouveau magazine

Bergeracois – Un Mulliez en son château

Le créateur des sociétés de location de matériel de travaux publics Kiloutou, Francky Mulliez (membre éminent de la famille fondatrice d'Auchan), est tombé sous le charme du château de Bannes, dans le sud de la Dordogne où il possède également une propriété viticole, Château Cluzeau, depuis 2018. Rencontre avec un dirigeant rare.

© Loïc Mazalrey

La Vie économique : Quels liens entretenez-vous avec le Périgord ?

Francky Mulliez : « Je passe une semaine par mois en Dordogne. J’y ai acheté le château de Bannes, à Bayac, près de Bergerac, il y a vingt ans. Je voulais offrir une chartreuse à mon épouse, mais j’ai craqué pour Bannes. Il était en très mauvais état lorsque nous l’avons acquis. Nous l’avons entièrement restauré en commençant par refaire le toit, puis en réhabilitant l’intérieur qui avait lui aussi pâti du temps qui passe. »

LVE : Qu’avez-vous fait ensuite ?

F. M.  : « J’ai voulu meubler le château dans un second temps et je me suis passionné pour les pièces du XVIIIe siècle. Je suis devenu peu à peu collectionneur et Bannes est devenu un authentique cabinet de curiosités. Je n’ai pas souhaité l’ouvrir au public, mais tous ces objets XVIIIe seront bientôt visibles dans l’enceinte du château de Dampierre-en-Yvelines, que je suis en train de faire restaurer. Contrairement à Bannes, Dampierre pourra se visiter. »

LVE : Le chantier de restauration dans lequel vous vous êtes lancé dans les Yvelines vous laisse-t-il encore le temps de vous rendre en Dordogne ?

F. M.  : « Je veille à y aller le plus souvent possible car je suis profondément amoureux du Périgord. »

« Je passe une semaine par mois en Dordogne »

LVE : Est-il vrai que vous vous y rendez en hélicoptère ?

F. M.  : « Cela a été vrai pendant très longtemps. Je pilotais moi-même l’hélicoptère et le posais au pied du château, mais j’ai dû vendre ma machine en raison d’une moindre acuité visuelle. J’ai acheté un avion-taxi avec un associé pour compenser. Je n’en suis pas le seul client, mais disons-le le client prioritaire. Le pilote me dépose à l’aéroport de Bergerac et revient m’y chercher une semaine après. »

© Marie-Christine Hubrault

© Marie-Christine Hubrault

LVE : En profitez-vous pour goûter les vins du vignoble de bergerac ?

F. M.  : « Je n’ai pas besoin d’être à Bannes pour boire les vins de vignoble bergeracois. J’en bois tous les jours où que je me trouve. Je suis un grand amateur des vins de Bergerac que j’ai découverts en m’installant en Dordogne. »

« J’ai acheté le château de Bannes, à Bayac, près de Bergerac, il y a 20 ans »

LVE : Vous avez d’ailleurs fini par acquérir le château Cluzeau, à Sigoulès. Là aussi, c’était un coup de cœur ?

F. M.  : « L’opportunité de pouvoir acheter le domaine du petit Cluzeau s’est présentée à moi et ma curiosité naturelle m’a convaincu d’aller explorer un univers que je ne connaissais pas bien. Il s’agit d’une petite propriétaire viticole de 14 hectares dont une majorité exploitée sous l’appellation Bergerac et une poignée seulement sous celle de Monbazillac. Malgré sa taille, cela représente beaucoup de travail. »

LVE : Comment gérez-vous toutes ces propriétés ?

F. M.  : « Je me rends compte avec le temps qu’il va m’être difficile de faire coexister l’activité viticole et la restauration du château de Dampierre. Je ne vous cache pas que si je te trouve un acheteur pour le château Cluzeau, je le revendrai probablement pour pouvoir me consacrer entièrement au chantier de Dampierre. »

LVE : Quand espérez-vous l’avoir fini ?

F. M.  : « Nous travaillons dessus depuis deux ans et nous nous donnons encore un an pour achever de réhabiliter l’intérieur. Le public peut déjà venir voir à quel point les choses ont évolué lors de journées portes ouvertes. Les Français aiment leur patrimoine et ils sont très nombreux à venir sur place découvrir le chantier à cette occasion. »

L’histoire secrète du rachat du Cluzeau

En 2018, Francky Mulliez, cousin de Gérard Mulliez (Auchan, Décathlon) et fondateur de Kiloutou, a racheté le domaine du Petit Cluzeau et ses 14 hectares de vigne cultivés en bio sur les coteaux de Sigoulès, au sud de Bergerac. « Monsieur Mulliez s’est laissé séduire par la qualité du terroir : la plupart des sols sont de texture argileuse et les bancs de calcaire en sous-sol permettent un drainage naturel de la circulation de l’eau. De plus, la présence de calcium et de magnésium assure une bonne stabilité des sols », décrit Pascal Thévard, qui s’est forgé une solide expérience dans la viticulture en pilotant la création d’une vigne de 14 hectares sur le domaine du château de Chambord dont il a été longtemps directeur des bâtiments et des jardins. Rebaptisé Château Cluzeau par Francky Mulliez, le domaine bergeracois est passé en biodynamie. Il a également bénéficié de restructurations au niveau de l’outil de production et des différents bâtiments qui composent le château. Une prochaine plantation sur une parcelle récemment achetée devrait permettre l’extension de la surface d’exploitation viticole. De quoi conforter le château dans sa volonté de valoriser sa gamme de vins sous les appellations d’origine contrôlée (AOC) Bergerac, Côtes-de-Bergerac et Monbazillac.